Littérature étrangère
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Mon amour pour Zola

Je ne peux pas réellement dater quand mon amour pour Zola a commencé. J’ai l’impression qu’il a toujours été là, comme un ami fidèle. J’étonne souvent les gens lorsque je le nomme comme mon auteur favori, car beaucoup gardent un souvenir poussiéreux d’une lecture obligatoire au secondaire. J’aimerais que Zola soit adulé par tous à sa juste valeur, mais je suis bien consciente qu’il peut faire peur et qu’il n’attire pas de prime abord, souffrant de sa mauvaise réputation liée au Réalisme/Naturalisme et de ses longues descriptions ainsi que de son manque de fraicheur.

Mais pour moi, Zola c’est tout. C’est la concentration de tout ce que je recherche dans la lecture : rêver à travers des histoires d’amour fortes et réalistes, m’attacher à des personnages clefs, comprendre mieux la nature humaine, apprendre sur l’Histoire, voyager et m’abreuver de mots puissants et poétiques.

Zola a développé une fresque humaine à travers une série appelée Les Rougon-Macquart, composée de 20 romans. L’œuvre suit une famille sur cinq générations, tout en dépeignant la société française de la deuxième partie du 19e siècle. Cette époque a connu beaucoup de bouleversements (urbanisme parisien, grands magasins, développement du chemin de fer, apparition du syndicalisme moderne…) et donne merveilleusement du relief aux péripéties de la famille que peint Zola.

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Pour moi, l’épopée de la Famille Rougon-Macquart s’apparente aux séries télé qu’on dévore sur Netflix. Lorsqu’on tombe sur une émission qui nous plait, on n’est plus capable d’arrêter de la regarder et les personnages deviennent nos amis. Comme une série s’étale souvent sur une centaine d’épisodes, on a le temps de bien comprendre leur psychologie et de les apprivoiser comme de vrais êtres à part entière. Comme les mêmes personnages de Zola reviennent dans plusieurs des livres de la saga et qu’ils sont tous liés par le sang ou le mariage, on finit par si bien les connaître.

Mais dans les séries, il y a souvent des saisons qui sont mieux réussies que d’autres ou des personnages qu’on aime moins et qu’on a hâte qu’ils disparaissent. Pareillement, sur les 20 livres, il y en a que je ne conseillerais qu’à certaines personnes et d’autres que je n’ai jamais relus, car la première lecture avait été trop ardue. Mais la plupart m’ont accompagnée tout au long de ma vie et valent tellement la peine de passer outre l’appréhension des longues descriptions, qui sont d’ailleurs, selon moi, comme une peinture nécessaire pour prendre le temps de s’arrêter et de contempler le paysage tel qu’il est.

Voici les trois romans que je conseille pour découvrir et apprécier Zola :

La Curée

La Curée est de loin mon roman préféré de Zola et raconte l’histoire de Renée, une jeune femme mariée à un homme beaucoup trop vieux pour elle, Saccard. Ce dernier a eu un fils d’un premier mariage, Maxime, dont l’âge se rapproche plus de Renée. Les deux commencent donc à s’amuser ensemble. Riches et sans but dans la vie, ils ne font que sortir dans les bals, boire du champagne, danser à s’étourdir et profiter de la nuit parisienne débauchée, qui commence à prendre son envol. Ils finissent par se séduire et passer à l’acte, ce qui mènera Renée à la folie. L’histoire scandaleuse et légèrement incestueuse se déroule sur fond historique : le mari trompé, Saccard, gagne son argent en spéculant sur les futurs terrains où se bâtissent les immeubles haussmanniens et les grands boulevards, qui font de nos jours la beauté de Paris. Pour construire cette nouvelle architecture, des quartiers entiers de la ville ont été rasés et certaines personnes y ont bâti de véritables fortunes.

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L’Assommoir

Cette fois-ci, on sort de la classe bourgeoise pour toucher la condition ouvrière. On y suit Gervaise, blanchisseuse de formation, venue de région pour s’installer à Paris. Déçue par les hommes qui abusent de sa gentillesse, elle sombre dangereusement dans l’alcoolisme et perdra toute dignité. À l’époque, le roman avait fait scandale, car il décrivait trop crument la misère du peuple ouvrier. Même si de nos jours, on ne se choque plus pour si peu, le roman est encore criant de réalisme sur les effets de l’abus d’alcool et la misère des femmes non éduquées, abusées par les hommes.

Nana

Nana est la fille de Gervaise, dans L’Assommoir. Pauvre et ayant eu un enfant à seize ans d’un père inconnu, elle se prostitue dans la rue. Puis, elle tombe sur un homme plus riche qu’un autre qui va la loger, ce qui l’aidera à démarrer une petite carrière d’actrice et à l’élever à un rang un peu plus élevé de maîtresse d’hommes aisés, qu’elle fait tourner en délire avec ses déhanchements et ses robes affriolantes.

Et vous, gardez-vous un bon souvenir de Zola ou avez-vous été traumatisés? Quels sont ses livres que vous avez le plus appréciés ou au contraire, détestés?

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Accro au thé vert, aux fleurs et à Spotify, Alexandra écrit pour les autres. Pour elle aussi. Elle collabore à de nombreux blogues et rédige le contenu de sites Web et d’infolettres depuis plusieurs années. Pour ses clients, elle crée et transforme l'existant pour lui donner du piquant. Elle raconte des histoires finalement! Dans la même année, elle s’est lancée à son compte et a quitté Montréal, sa ville de toujours, pour vivre à la campagne. Adepte d'une vie simple et paisible, elle se nourrit de lecture, de fruits, de jogging dans la forêt et de vin rouge. Ses écrivains fétiches sont Zola, Dany Laferrière, Delphine de Vigan et Jean-Simon DesRochers.

Un commentaire

  1. Très bon article, j’aurais presque envie de lire du Zola ! Je dis presque car je fais partie des gens qui n’en ont pas gardé un si bon souvenir. On m’a fait lire « La Bête Humaine » à l’école quand j’étais adolescent, j’avais à l’époque trouvé le livre trop lent et les fameuses descriptions interminables, mais l’histoire, ancrée dans le monde du chemin de fer, était plutôt intéressante.

    J’ai également lu « Thérèse Raquin » et je garde le souvenir d’avoir aimé ce livre. Comme quoi, il ne faut pas forger ses idées sur une seule lecture 🙂

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  2. Merci 🙂 le presque suffit à me faire plaisir ahah! Mais disons que la Bête Humaine et Thérèse Raquin ne sont vraiment pas les premiers livres de Zola que je conseillerais! Même moi, je les ai trouvés ardus! 🙂

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  3. Catherine Letendre says

    Le seul Zola que j’ai lu est « La bête humaine » il y a 5 ans; livre qui m’a profondément dégoûté d’ennui, de bêtise humaine et du mouvement littéraire naturisme dans son ensemble. Ton article me donne à penser que je n’ai peut-être pas lu le bon livre pour débuter avec Zola…

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  4. Magali Seng says

    Le seul livre que j’ai lu de Zola est Thérèse Raquin. Je l’avais bien aimé.
    Je vais surement me laisser tenter par un de ceux que tu conseilles 🙂

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