Une fille louche, de Sylvianne Blanchette, est un recueil de textes tiré du blogue portant le même nom. Plusieurs billets y sont regroupés, sans ordre chronologique, dans le but de créer le magnifique et touchant roman qui s’est retrouvé entre mes mains, un après-midi, fin août.
L’auteure a débuté ce journal virtuel à la suite d’une rupture amoureuse particulièrement éprouvante. Dans ce carnet, on la suit tout au long de la vingtaine, alors qu’elle tente de survivre au passage à l’âge adulte, à la dépression chronique, aux peines d’amour, aux relations qui vont et viennent, aux idées noires et aux paradoxes de la vie et de sa propre tête. Elle partage également des moments d’extase, de questionnements existentiels et de tendres banalités. À travers une écriture authentique parfois poétique, elle se livre avec une pointe d’humour et beaucoup d’émotions.
Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas autant retrouvée dans les mots de quelqu’un d’autre. Peut-être est-ce là tout le pouvoir des écrits si personnels, de l’autocritique et de la mise en mots de ses propres pensées et réflexions.
À travers 200 pages de courts textes, on s’immisce dans la tête de l’auteure, dans ses états d’âme, à travers ses dépressions, ses bons coups et ses questionnements. Je ne sais pas exactement ce qui, dans ces textes, est venu me chercher autant. Peut-être est-ce l’honnêteté de ceux-ci, la constante autocritique à laquelle il est si facile, mais parfois destructeur, de s’adonner. Ses réflexions ont résonné en moi. Je trouve toujours fascinant la manière dont des écrits peuvent être à la fois si universels et personnels, c’est ce que j’aime de plus en plus retrouver dans mes lectures. C’est rassurant de reconnaître ses maux chez d’autres. À travers l’observation et la dissection de ses propres maux, Sylvianne Blanchette met aussi le doigt sur ceux d’une multitude de gens, d’une génération qui navigue à travers la vingtaine.
Prenant la forme de billets, de listes, de poèmes, l’univers de Blanchette est touchant, vrai et même drôle par moment. Cet amalgame de petits moments, transposé en écrits, constitue le quotidien, dans sa banalité comme dans sa grandeur. À travers chacun des textes, on y perçoit de la vulnérabilité, de la détresse, mais aussi beaucoup de force, de persévérance. Malgré les dépressions, les peines d’amour, les moments de profonde noirceur, l’auteure finit toujours par y trouver de l’espoir, de la lumière. C’est beau, c’est actuel, c’est un peu tout le monde et en plus de tout ça, c’est magnifiquement écrit. De manière simple, concise et forte à la fois.
Une fille louche est donc un assemblage de textes qui font mal, qui tournent le couteau dans la plaie, qui donnent espoir, qui font rire et qui, bien entendu, font du bien, tout en même temps.
C’était un blogue, paraît-il, d’où sans doute les billets devenus courts textes d’un livre.
On se reconnait sans doute, on s’identifie. Je lirai sûrement pour reconnaître un temps derrière moi, et comprendre les plus jeunes.
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