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Lire des romans écrits par des femmes: constats

Le fil rouge; Le fil rouge lit; Bibliothérapie; Littérature; Lecture; Livres; Les livres qui font du bien; Une année de lecture; Livres écrits par des femmes

À la fin de ma maîtrise, je me suis dit que j’allais prendre un an pour lire tous les romans que je voulais sans jamais me sentir coupable. Je voulais m’éloigner un peu du monde académique, ouvrir mes horizons et rattraper le retard que j’avais pris sur ma liste de «livres à lire». Évidemment, cela semble être une loi de l’univers, cette fameuse liste s’allonge toujours plus vite que notre rythme de lecture, c’est un combat perdu d’avance! Alors, pour m’aider dans ma sélection (parce que j’aurais voulu tout lire en même temps!), je me suis donné comme objectif de lire plus de romans écrits par des femmes.

On peut sortir la fille du monde académique, mais pas le monde académique de la fille! Au cours de cette dernière année, je n’ai pas uniquement lu des romans et je n’ai pas entièrement éliminé la culpabilité de ne pas être capable de tout lire. Et bien sûr, ma liste de «livres à lire» a continué de s’allonger. Cependant, j’ai réellement fait l’effort de lire plus de livres (romans et autres) écrits par des femmes. Mon objectif principal en faisant cette sélection d’autrices en était un de visibilité. Je voulais être capable de parler moi-même de ces autrices, je voulais élargir mon bassin de chefs-d’oeuvre pour y inclure des femmes. Si je voulais qu’on me propose de lire plus d’ouvrages écrits par des femmes, je devais aussi être capable d’en proposer. C’était un objectif simple, voire utilitaire, mais qui a eu un effet inattendu. Je me suis sentie interpellée et investie plus que jamais par les thèmes et les personnages présentés et développés par ces autrices.

Je n’avais jamais pleinement réalisé la différence que cela pouvait avoir. J’avais toujours pensé qu’un bon roman allait être capable de toucher son lecteur, peu importe le genre. Je crois encore que c’est vrai, mais je vois maintenant la limite de cette réflexion. En lisant des romans écrits par des femmes je me suis sentie beaucoup plus directement impliquée, j’étais un élément actif, pas seulement une lectrice passive avec plus ou moins d’empathie. Peut-être (très probablement) parce que notre éducation est genrée, parce que notre identité se construit énormément autour de notre genre, je me suis davantage reconnue à travers les thèmes, les enjeux, les réactions et même les relations sociales. Je pouvais sentir où l’héroïne avait mal, quelles étaient ses attentes, ses espoirs et ses peurs.

De cette expérience je tire deux constats. D’abord, il est important d’avoir accès à une littérature écrite par des auteurs qui nous ressemblent, afin d’apprendre à mieux se connaître et de se sentir moins seul. Ensuite, il est primordial de lire des livres écrits pas des auteurs qui ne nous ressemblent pas, afin d’avoir accès à d’autres réalités et d’ainsi mieux comprendre l’autre.

En bonus, voici mes coups de coeur de mon année de lecture presque sans culpabilité!

  1. L’espione de Tanger, par Maria DueÑas
  2. La dernière fugitive, par Tracy Chevalier
  3. La petite communiste qui ne souriait jamais, par Lola Lafon (ICI)
  4. Lady B, par Maya Angelou (ICI)
  5. Un goût de cannelle et d’espoir, par Sarah Mccox
  6. Pourquoi l’amour fait mal, par Eva Illouz (ICI)
  7. Amie de ma jeunesse, par Alice Munro (ICI)
  8. Chère Ijeawele ou un manifeste pour une éducation féministe, par Chimamanda Ngozi Achidie (ICI)
  9. Moi, Guiseppina Verdi, par Karine Micard

Quel roman écrit par une femme me conseillez-vous?

Un commentaire

  1. « La Sagouine » d’Antonine Maillet, un incontournable (quoique je ne pense pas que ça se classe comme un roman; chaque chapitre est un monologue).
    « The Member of the Wedding, » (« Frankie Addams » en français) de Carson McCullers.
    « Jane Eyre » de Charlotte Brontë.

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  2. Selina says

    Crépuscule du tourment, de Leonora Miano, pour ouvrir tous ses horizons (de genre et de culture) mais avant tout parce que c’est une langue magnifique, un roman finement ciselé autour de la parole et l’histoire de quatre femmes (tome 1)

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  3. Des idées d’auteures plutôt que des titres (parce que difficile de trancher ^^) : Susan Fletcher, Edna O’Brien, Claire Keegan, Nuala O’Faolain, Joyce Maynard, Virginia Woolf.

    Et en titre :
    – Kristin Lavransdatter de Sigrid Undset. Vraiment ! L’histoire magistrale d’une femme dans la Norvège du XIVe siècle.
    – Un sari couleur de boue de Kashmira Sheth, qui se passe dans l’Inde des années 20 et raconte l’histoire d’une très jeune veuve de la caste des Brahmanes.

    🙂

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  4. Merci pour cet article. Je ressens aussi une différence, tout est vraiment une question de perception. Voici quelques autrices que j’aime bien:
    – Roxane Dhambre
    – Irène Némirovsky
    – Ursula Leguin

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  5. madeleine leblanc says

    Le Coeur Cousu, de Carole Martinez. Un histoire qui donne dans le fantastique mais s’attarde aussi énormément à décrire avec douceur et réalisme une certaine condition féminine. Je le recommande à toutes mes amies.

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  6. Ping : Martin John, circuits d’un homme dérangé | Le fil rouge

  7. Sylvie says

    Le journal d’Edith, de Patricia Highsmith, l’histoire d’une femme « au foyer » dans les années 50 en banlieue de New-York. Plate en apparence? Et bien non c’est captivant et ça donne une claque!
    La vie pavillonnaire, de Sophie Devry, une version plus actuelle du livre précédent, mais qui décrit une réalité et des sentiments pas si différents.
    Et plein d’autrices japonaises : Yôko Ogawa, Banana Yoshimoto, Mieko Kawakami, Sayaka Murata, … je les adore.

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