Réflexions littéraires
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Ode à ces livres qui prennent la poussière

C’est en cherchant un sujet pour mon prochain article – je n’avais pas fini le livre sur lequel je voulais écrire- que je me suis penchée sur tous ces livres non-lus dans ma bibliothèque. Peut-être que, si je leur avais accordé plus de temps, que j’en avais lu quelques uns de plus, je ne serais pas éperdument à la recherche d’un sujet d’article, dernière minute, pour prendre la place de ce livre qui ne m’allume pas.

Je me suis mise à réfléchir à tous ces livres qui prennent la poussière dans mes étagères, qui prendront de l’âge avant même que j’aie le temps de les ouvrir, à quoi bon les conserver? Vais-je vraiment les lire un jour? Pourraient-ils trouver une meilleure maison chez d’autres lecteurs.trices?  Est-ce simplement une question d’esthétique? Pour donner l’impression d’en avoir plus?

Laissez-moi vous dire que j’avais du temps devant moi pour me mettre à sur-analyser tout ça.  C’est aussi  parce que j’aime bien réfléchir au livre en tant qu’objet et à son importance et sa présence matérielle que je me suis arrêtée à ces questions. Ce ne sont peut-être pas des réflexions qui sauveront l’humanité, mais ça n’en reste pas moins une réflexion que, j’en suis convaincue, plusieurs autres amoureux.ses des livres ont eu, n’est-ce pas ?

Un moment, un livre

Certains de ces livres que je n’ai pas encore lus me rappellent un moment particulier, un cours à l’université, une librairie usagée ou bien un petit moment de folie ou je ne pouvais faire autrement que de me procurer ledit livre. J’aime qu’il y ait, derrière l’objet, une histoire. Ainsi, chaque livre, bien qu’il n’a pas encore été lu, a sa propre histoire. Son « background story » qui fait que je m’y attache un peu. Je sais que, quand je me déciderai à le lire, l’histoire me reviendra et que je me rappellerai pourquoi il a sa place dans ma bibliothèque.

Une faim plus grande que la panse

Il y a aussi quelque chose de beau dans cette insatiable faim pour les mots, pour les livres et la lecture. Pour moi, c’est un peu ce que représente ces livres qui n’attendent qu’à être lus. Tout comme ceux qui ont été lus, ceux qui prennent la poussière représentent cette faim plus grande que la panse, cette envie de lire plus grande encore que ma capacité à ingérer les mots, les uns après les autres.

J’ai d’ailleurs pris l’habitude de les classer ensemble, dans ma bibliothèque, comme s’ils appartenaient à leur propre catégorie. Ainsi, je les vois facilement, je sais quels sont ceux qui m’attendent si j’en ai envie. Je peux y choisir ma prochaine lecture sans avoir à sortir de chez moi,  « magasiner«  dans ma propre bibliothèque.

C’est un peu comme une collection. Une collection de livres aux doubles récits, ceux qui se trouvent entre les pages et ceux qui se rattachent à l’objet même. En ce sens, je ne me sens pas coupable d’en posséder beaucoup, d’y investir de l’argent ou de, parfois, juger un livre par sa couverture.

Les reliques d’un engouement passé 

Je vois aussi, dans ces livres, mes engouements passés. Mes « trips » de lecture, mes coups de coeur et mon parcours de lectrice. Je me rappelle avoir eu, à l’université, un énorme coup de coeur pour Paul Auster. Après avoir lu la trilogie américaine, je m’étais dirigée dans une librairie usagée – elles ne manquent jamais de Paul Auster – pour me procurer quelques uns de ses livres. Ils sont encore dans ma bibliothèque, non lus mais bien en vue. À chaque fois que j’y jette un oeil, je me rappelle l’effet qu’avais eu les mots de l’auteur sur moi et le plaisir que j’aurai sans doute à découvrir le reste de son oeuvre.

Il y a aussi ces achats passés qui me font hausser le sourcil. Peut-être qu’il est vrai que je ne lirai pas tous les livres non-lus qui se trouvent dans ma bibliothèque. Je sais que je finirai par en donner et  qu’ils  intéresseront certainement quelqu’un d’autre. N’empêche que ces livres font partie de mon parcours de lectrice et de les voir trôner dans ma biblio me rappelle certains goûts passés, certaines phases, certaines envies de lecture vite assouvies.

C’est un peu pour toutes ces raisons que j’ai fini par aimer avoir une panoplie de livres non-lus dans ma bibliothèque. Je ne les vois plus comme une insurmontable P.A.L et je me donne souvent le droit d’y déposer un nouveau livre acheté. Je le laisse vieillir, comme un vin, sachant qu’il sera peut-être même meilleur après quelques temps. Sachant aussi qu’il sera à portée de main lorsque l’envie me prendra.

De cette façon, j’ai l’impression qu’il n’est pas un livre qui est laissé pour compte, oublié dans ma bibliothèque.

Et vous ? Avez-vous beaucoup de livres qui prennent doucement la poussière dans votre bibliothèque ? 

 

 

4 Comments

  1. J’aime beaucoup les points que tu soulèves. Jai également une tonne de livre non lus dans ma bibliothèque. C’est vrai qu’il est plaisant de pouvoir « magasiner » dans sa bibliothèque quand vient le temps de choisir une nouvelle lecture. Au moins on ne se retrouve jamais avec rien à lire!

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  2. Jennyfer says

    « Lecteurs.trices », « amoureux.ses » ?
    Comment peut-on dire aimer les mots et les détruire à ce point-là ? Vraiment ridicule cette mode, qui fort heureusement ne sera jamais utilisée par le grand public. « Naviguant tant bien que mal à travers la vingtaine »… Une ado paumée en recherche d’une petite case quoi.

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