Réflexions littéraires
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La lecture de bandes dessinées est-elle moins valorisante que la lecture de romans?

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Depuis quelque temps, j’entends un commentaire récurrent qui me titille les oreilles. Il prend la forme suivante : « Je ne lis que des bandes dessinées ces temps-ci, mais ça ne compte pas pour de la lecture. » Ce à quoi je rétorque : « Ah oui? Pourtant, la lecture c’est de la lecture, non? » Je ne comprends pas cette tendance à considérer la lecture de bandes dessinées comme moins valorisante, moins pertinente. Ce genre de propos me donne l’impression que les seules lectures qui valent la peine d’être mentionnées comme telles sont celles issues des grands classiques. Bref, j’entends : « Tu ne lis pas si tu ne lis pas du Proust, du Flaubert ou du Zola. » Évidemment, vous l’avez peut-être déjà compris, je suis totalement en désaccord avec cette façon de penser et je tiens à vous prouver en quoi la lecture de bandes dessinées compte à mes yeux comme de la lecture à part entière.

Valoriser la diversité

Je ne le dirai jamais assez, s’ouvrir à la diversité est le moyen le plus sûr pour devenir une meilleure personne, apte à découvrir le monde et à laisser son esprit vagabonder sans frontières pour l’arrêter. Dans ce cas, pourquoi se restreindre à la lecture de romans? La bande dessinée est une discipline qui nous permet de sortir de notre zone de confort lorsque nous sommes des lecteurs aguerris de romans. Un roman, sauf exception, est bien souvent un roman, c’est-à-dire des pages blanches, souvent divisées en chapitres, sur lesquelles nous trouvons des phrases écrites à l’encre noire. Une bande dessinée peut vraiment emprunter des chemins différents. L’exemple le plus évident est bien entendu le manga. Nous passons de lire le livre à l’endroit à lire le livre à l’envers. Nous passons de la couleur au noir et blanc. En somme, nous voyageons d’une technique à une autre. Et ça, ce n’est que l’exemple le plus flagrant. Il existe des bandes dessinées sans mots, des romans graphiques, des « comics » et j’en passe. En résumé, le monde de ce genre littéraire regorge de possibilités infinies.

Lire à travers les images

En plus de nous offrir une panoplie de choix, la bande dessinée nous montre une autre voie, une autre manière d’apprivoiser le texte. Elle nous donne à lire avec les images, et c’est là sa grande originalité. Nous ne la lisons pas comme nous lisons un roman. Nous prenons notre temps pour admirer le travail ardu effectué par le dessinateur. Nous parcourons lentement les pages glacées de nos doigts. Nous interprétons à notre façon, une façon qui nous est propre et individuelle, ce que cherchent à nous dire les dessins. Grâce à la lecture de bandes dessinées, nous accédons à un deuxième degré de lecture, celui qui relie les mots aux images. Bien que certains affirment que les images peuvent freiner l’imagination du lecteur, je suis de ceux et celles qui considèrent qu’elles participent à accroître notre pouvoir créatif. Et une fois de plus, nous trouvons dans les styles de dessins une diversité incroyable autant en ce qui a trait à la manière dont les personnages sont rendus qu’à la disposition du texte par rapport aux images ou à la forme des bulles par exemple.

Transmettre le goût de la lecture

De surcroît, je crois que la bande dessinée est une excellente méthode pour transmettre le goût de la lecture aux plus jeunes et même, aux moins jeunes. L’album ou le roman graphique peut incarner l’introduction parfaite à l’activité de lecture. De plus, il peut s’agir d’une parfaite transition pour passer à la lecture un peu plus consistante. Attention, j’entends par là la lecture de grosses briques qui demandent un peu plus d’investissement et de persévérance, sans aucun jugement quelconque. C’est d’ailleurs en ce sens que je défends la lecture de bandes dessinées comme aussi importante que la lecture de romans. Dans l’avenir, je serai aussi heureuse de voir mon petit ou ma petite avec un album à la main qu’avec un roman. L’important, c’est qu’il ou qu’elle s’abandonne au merveilleux monde de la lecture, et ce, peu importe la forme que celui-ci prend, à ce moment précis.

Ce qui doit être pris en considération, ce n’est pas le nombre de pages que nous avons lues ou la complexité du sujet développé dans le livre, mais bien ce que nous retirons de nos lectures. Est-ce que j’ai vécu des émotions pendant ce voyage littéraire? Est-ce que j’ai appris? Est-ce que j’ai décroché de mon quotidien durant ces quelques minutes de lecture? Est-ce que j’ai l’impression d’avoir fait travailler mon imagination? Est-ce que j’ai encore envie de lire après cette expérience? Si vous répondez oui à au moins une de ces questions, c’est que vous avez fait de la lecture.

Et vous, quelle est votre opinion sur le sujet? Considérez-vous que la lecture de bandes dessinées est moins valorisante que la lecture de romans?

 

Crédit photo : Michaël Corbeil

 

 

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Mais qu’importe l’éternité de la damnation à qui a trouvé dans une seconde l’infini de la jouissance?» (Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris) Les vers de Baudelaire auront été la source de son épanouissement en tant que bizarroïde de ce monde. La poésie, Marika la vit au quotidien à travers tous les petits plaisirs qui s’offrent à elle. Une grimace partagée avec une fillette dans le métro, la fabrication d’un cerf-volant dans un atelier strictement réservé aux enfants, un musicien de rue interprétant une chanson qui l’avait particulièrement émue par le passé, lui suffisent pour barbouiller le papier des ses pensées les plus intimes. Chaque jour est une nouvelle épopée pour la jeune padawan qu’elle est. Entre deux lectures au parc du coin, un concert au Métropolis et une soirée au Cinéma du Parc pour voir le dernier Wes Anderson, elle est une petite chose pleines d’idées et de tatouages, qui se déplace rapidement en longboard à travers les ruelles de Montréal. Malgré ses airs de gamine, elle se passionne pour la laideur humaine. Elle est à la recherche de la beauté dans tout ce qu’il y a de plus hideux. Elle se joint au Fil Rouge afin de vous plonger dans son univers qui passe des leçons de Star Wars aux crayons de Miron en faisant un détour par la voix rauque de Tom Waits et le petit dernier des Coen. Derrière son écran, elle vous prépare son prochain jet, accompagnée de son grand félin roux, d’une dizaine de romans sur les genoux et d’un trop plein de culture à répandre

Un commentaire

  1. MaBiche says

    Super article! 👍 Pour ma part je lis beaucoup des deux mais il est vrai que naturellement j’aurais tendance a moins retenir les BD dans mes lectures, ce qui est un tord et ton article m’ouvre les yeux sur cette perception qui n’a effectivement pas lieu d’être!

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  2. Aucune lecture n’est à mon avis moins valorisante qu’une autre. C’est d’ailleurs ce que je tente d’inculquer aussi chez mes élèves. Qu’ils lisent une revue, une bande dessinée, un article sur un blogue, un roman de 100 pages ou un roman de 600 pages, ils lisent, point. Chaque lecteur et lectrice a ses envies particulières, ses gouts du moment sans que l’un soit meilleur qu’un autre. L’essentiel est dans l’acte de lire à mon avis, peu importe ce qui se cache derrière. Tant que le plaisir soit là! 🙂

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  3. Joelle Rivard says

    Très bel article Marika! Je vais le garder de côté pour la prochaine fois que quelqu’un va dire que les BD ce ne sont pas des livres! Pour ma part, je ne fais aucune distinction entre les romans, les BD, ni même les romans jeunesse avec des illustrations. Mes yeux se plaisent autant à lire les mots qu’à contempler les images.

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