Auteur : Camille Durand-Plourde

La poésie désinvolte de Daphné B. et d’Alexandre Dostie

Les recueils de poésie ont longtemps été en voie d’extinction dans ma bibliothèque ; c’était le seul genre de littérature que je boudais. J’aurais pourtant voulu lire les grands noms avec frénésie, être émue par la verve de Baudelaire ou de Nelligan. J’ai essayé fort, sans jamais y prendre de réel plaisir. Triste hein. Jusqu’au jour où je suis tombée sur le recueil Shenley (2014, L’écrou) d’Alexandre Dostie, un jeune poète québécois qui avait décidé de poétiser le monde ouvrier en faisant parler un gars d’chop typique. Je me suis surprise à sourire devant des phrases comme : « toé bé, des blondes comme toé c’est rare » ou encore « les gars versent à grandes gorgées/du cresta blanca/sur les hoods de leurs minounes/en jupes courtes/comme leur chicklet-chicks/assises dans le char ». Son écriture, loin du style léché qui m’agaçait chez plusieurs poètes, était audacieuse, rythmée, poignante. En peu de mots, le poète arrivait à me faire redécouvrir tout un univers, à le faire ressentir. La poésie ne se résumait plus qu’à des petits bouts de phrases qui sonnent bien. Avec …