Month: février 2017

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Prix littéraire des collégiens 2017 : Ce que des étudiants ont pensé du Continent de plastique de David Turgeon

Enseignante de littérature dans un cégep, j’ai motivé un groupe de douze étudiants à participer au Prix littéraire des collégiens 2017 au cours de la session d’hiver. Toutes les deux semaines, nous nous rencontrons pour discuter des œuvres sélectionnées, pour les décortiquer et les critiquer et ainsi en déclarer une gagnante du Prix littéraire des collégiens 2017. Le continent de plastique de David Turgeon était la lecture de la seconde rencontre du Prix. Les étudiants ont remarqué le style d’écriture recherché, le vocabulaire soutenu et la finesse de la langue. Un très grand travail sur la forme a été effectué par David Turgeon. La quatrième de couverture vendait une oeuvre très alléchante (vocabulaire employé par les étudiants) et intrigante : un homme de lettres qui aspire à une carrière d’auteur et qui se retrouve l’assistant d’un écrivain. Les personnages Le personnage du maître, grand écrivain de son époque, prolifique et intéressant, et celui de Denise Bruck ont trouvé grâce aux yeux des lecteurs. Le maître puise l’étincelle de départ pour ses romans dans la vie quotidienne, dans les petits …

Relire la série « Le Roman de Sara » d’Anique Poitras à 28 ans #jelisunlivrequébécoisparmois

Je ne sais pas pour vous, mais lorsqu’un auteur me marque particulièrement, c’est comme s’il faisait partie intégrante de ma famille. Le tout est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit d’un auteur qui m’a marquée pendant ma jeunesse, car on dirait que les récits que nous lisons lors de notre âge formateur nous marquent au fer rouge. C’était le cas d’Anique Poitras et de sa sublime série « Le Roman de Sara ». C’est probablement pourquoi j’étais si troublée d’apprendre sa mort en décembre dernier. J’étais secouée, et, pour faire mon deuil, j’ai décidé de relire sa trilogie qui avait marqué ma préadolescence : La Lumière blanche, La Deuxième Vie et La Chambre D’éden. 

Sacrifices, tensions raciales et le vrai du faux

J’ai pris beaucoup de temps avant de me mettre à écrire ces lignes. Pour tout vous dire, depuis près d’un mois que Rédaction de mon article sur Sacrifices est dans mon agenda et chaque semaine, je le recopie en me disant, cette fois c’est la bonne. Écrire des critiques littéraires depuis 2 ans et demi m’a appris à rédiger rapidement, parfois pour couvrir des sorties littéraires, d’autres fois tout simplement pour ne pas — justement — surcharger son agenda. Bref, avec Sacrifices, j’ai pris bien mon temps. Pourquoi? J’avais besoin de laisser mon esprit analyser et aérer après la lecture de ce récit qui m’a bien sincèrement fascinée et que je n’oublierai pas de sitôt. Joyce Carol Oates m’avait profondément déçue avec Confession d’un gang de filles, un roman dans lequel je n’ai pas du tout embarqué et que j’ai eu de la misère à terminer. J’ai toutefois voulu lui donner une deuxième chance lorsque j’ai appris la sortie de Sacrifices et je suis très contente de l’avoir fait parce que j’ai découvert tout un univers… J’ai …

Patrick Sénécal en trois actes

Récemment, je me suis plongée dans l’univers tordu, étrange et intense de Patrick Sénécal. Je n’ai jamais été attirée par l’horreur, que ce soit dans les films ou dans les séries télévisées, mais pourquoi ne pas laisser la chance aux livres? Patrick Sénécal est reconnu pour ses œuvres tordues, dont quelques-unes ont eu la chance d’être adaptées au grand écran. Je me suis donc tournée vers cet auteur de Drummondville, surnommé le Stephan King québécois, pour ma première incursion dans le monde des romans d’horreur. J’aimerais vous présenter non pas un, mais plutôt trois romans qui représentent selon moi trois niveaux différents d’intensité pour mieux entreprendre cet univers. Premier acte : Malphas  J’ai commencé par Malphas 1. Le cas des casiers carnassiers, premier roman d’une série de quatre. Publié en 2011, ce bouquin de 311 pages nous présente Julien Sakozy, nouvel enseignant de littérature au Cégep Malphas, un établissement perdu et oublié au fond du Québec. Plusieurs rencontres et événements particuliers feront de sa première session quelque chose d’inoubliable. J’ai principalement aimé les personnages de cette intrigue, car …

Autour des livres : rencontre avec Evelyne de Biz et Thot

1. Quel est ton premier souvenir en lien avec la lecture? Il faut savoir que ma mémoire fait défaut le plus souvent. C’est pour cela que je ne me souviens aucunement des soirées où ma mère me lisait des contes au lit. Je l’ai su d’elle. Cela dit, je me souviens avoir dévoré les magazines J’aime lire, ces petits livres rouges dans lesquels j’étais ravie de rencontrer, aux dernières pages, les méfaits de Tom-Tom et Nana. C’est ce magazine qui m’a appris à aimer la lecture. Les romans plus volumineux me semblaient ennuyants. 2. Avais-tu un rituel de lecture enfant ou un livre marquant? Et maintenant, as-tu un rituel de lecture? Je suis devenue accro à la fiction à la fin du primaire. Les séries Amos Daragon et Harry Potter furent, comme pour d’autres enfants des années 1990, plus que des coups de cœur. Je lisais partout, tout le temps, à en manquer un spa party familial. Quand on me l’avait fait remarquer, ça m’avait bouleversée. Maintenant, j’essaie de lire partout, le plus souvent possible. C’est un peu plus difficile. 3. As-tu …

Le cœur gros

J’ai rencontré Mélodie Vachon Boucher au Salon du livre de Montréal en novembre dernier après que mon cœur ait été complètement chaviré par Les trois carrés de chocolat1. Son livre m’avait énormément touchée, et je souhaitais lui dire qu’elle avait toute mon admiration pour avoir partagé son histoire. J’étais quelque peu nerveuse à l’idée de rencontrer une auteure que j’appréciais, et je redoutais de ne pas savoir quoi dire une fois devant elle. Je n’ai heureusement pas créé de malaise — mes mots ont tendance à sortir tout croche quand je suis anxieuse — et je suis finalement repartie avec mon exemplaire dédicacé d’un mot rempli de douceur. J’étais très heureuse à l’annonce de La chamade, le plus récent livre de l’auteure. C’est un petit recueil autoédité en vente depuis janvier dans sa boutique Etsy et dans quelques librairies à Montréal et à Québec2. Il réunit cinq bandes dessinées de quelques pages déjà publiées en tant que fanzines et dans divers projets auxquels l’auteure a participé en 2016. Ceux qui ont aimé Les trois carrés de chocolat vont adorer La chamade. L’auteure y …

Petit pays : l’histoire tragique du Burundi vu à hauteur d’enfant

J’ai toujours privilégié les romans qui s’éloignent de ma réalité et qui me permettent d’apprendre tout en demeurant captivants et touchants. Petit pays, le premier roman du rappeur franco-rwandais Gaël Faye, y est arrivé haut la main. Je comprends pourquoi le Goncourt des lycéens a été attribué à Gaël Faye et pourquoi ce roman a reçu un accueil critique enthousiaste. Il s’agit d’un grand coup cœur. Gabriel, le narrateur du roman, se remémore son enfance à Bujumbura, capitale du Burundi, au début des années 90. Ce fils d’un Français et d’une réfugiée rwandaise est désormais en exil en France et rendu à l’âge adulte. Il revient sur les jours heureux qu’il a vécu dans ce Burundi qu’il croyait « disparu ». Pendant les premières pages, Gabriel a dix ans et il est peu à l’affût de la situation politique qui prévaut autour de lui ainsi que des tensions existantes entre les Hutus et les Tutsis. Le lecteur découvre alors « les saveurs, les couleurs et la musique » du Burundi de ces années-là à travers les yeux de cet enfant, comme l’a indiqué l’auteur en entrevue à RFI. Gabriel …

Flow, un magazine qui prend son temps

Les magazines sont un phénomène tellement plus éphémère que les livres. Du contenu au contenant, ils ont longtemps été conçus pour ne durer qu’un mois — si ce n’est pas qu’une semaine dans le cas des magazines à potins — et finir tout fripés dans un bac de recyclage (au moins). Par contre, on peut observer depuis quelques années l’apparition de magazines qui, sans se prendre pour des livres, proposent du contenu et des formes de plus en plus innovatrices et adaptées au passage du temps. Il y a, chez nous, un nouvel essor pour ce type de magazine. Que ce soit Dinette, Trois fois par jour ou Nouveau Projet, mais aujourd’hui c’est plutôt en Europe que se publie le magazine dont je veux vous parler : Flow. Offert en anglais, en français et en allemand, avec du contenu différent dans chacune des éditions, on peut dire que Flow est une marque bien établie. En français, le slogan du magazine est : Un magazine qui fait du bien, alors qu’en anglais, on a le droit à Celebrating creativity, …

50 ans d’amitié pour Les Suprêmes

En bouquinant au dernier Salon du livre de Montréal, je suis tombée sur ce roman, Les Suprêmes d’Edward Kelsey Moore, et sans n’en avoir jamais entendu parler, j’ai eu envie de le lire. La couverture comme la description m’ont plu, mais je ne l’ai pas acheté. Je l’ai donc reçu lors d’un échange de cadeaux de Noël et vraiment, j’étais contente d’avoir noté le titre parce que j’ai passé un agréable moment de lecture avec ces trois Suprêmes. Les Suprêmes, c’est le surnom qu’on a donné à trois grandes amies : Odette, Clarice et Barbara-Jean et c’est inspiré d’un célèbre groupe de musique du même nom. Amies depuis 50 ans, on suit ces trois femmes divertissantes, pour le moins qu’on puisse dire, dans les épreuves de leur vie et dans le quotidien de chacune. Je m’attendais à un roman plus sérieux. J’avais en tête l’idée d’être plongée dans un roman engagé qui me ferait réfléchir, voire apprendre. Tout cela est arrivé, mais ce qui m’a surprise fut l’absurdité et l’humour qui transcendent les événements souvent …