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La trilogie gothique de Joyce Carol Oates

« Découvrir » un auteur célèbre en lisant un de ses livres pour la première fois est toujours une expérience intéressante. Plus la réputation de l’auteur en question est grande, plus nos attentes sont élevées… et plus on risque d’être déçu. Mais lorsque les attentes sont satisfaites, c’est souvent le début d’une longue série de lectures passionnantes! J’avais souvent vu le nom de Joyce Carol Oates, mais je ne savais pas grand-chose à son sujet. J’ai appris depuis que c’est une écrivaine incroyablement prolifique qui donne dans tous les genres littéraires, reconnue pour sa prose luxuriante qui aboutit généralement à de grosses briques bien lourdes. Sa trilogie gothique, parue dans les années 1980, se veut un pastiche des romans gothiques anglais – et on y trouve tous les ingrédients nécessaires: des manoirs inquiétants, des personnages tourmentés par un passé trouble, de sombres mystères et, bien sûr, un soupçon de surnaturel –, mais elle y ajoute sa touche personnelle, ce qui donne à ces romans un souffle résolument moderne. Bellefleur Ce premier tome est une grande …

Tous mes amis sont des super héros

Tous mes amis sont des superhéros, ou le super pouvoir d’Andrew Kaufman

Au dernier salon du livre, j’ai passé beaucoup de temps à jaser avec Antoine Tanguay, le directeur des Éditions Alto. J’étais avec mon copain et ma belle-mère, et cette dernière, qui n’aime habituellement pas vraiment lire, lui a demandé une suggestion de lecture. À la suite de son conseil, Tous mes amis sont des superhéros d’Andrew Kaufman a réussi l’impossible : en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, ma belle-mère m’a prêté le livre en me disant qu’elle l’avait déjà terminé. Il s’agit d’une toute petite plaquette, mais elle l’a dévorée… et moi aussi! Comme chaque fois, ce (micro) roman des Éditions Alto (ma maison d’édition préférée parce qu’elle a toujours LE roman parfait selon mon humeur) m’a complètement subjuguée. L’origine des super pouvoirs Comme le résume si bien Virginie Pérucaud dans une précédente critique de Kaufman : « C’est l’histoire d’amour entre Tom et Super-Perfectionniste. Le jour de leur mariage, Super-Hypno, jaloux, hypnotise Super-Perf pour qu’elle ne voit plus Tom. Celui-ci devient donc sélectivement invisible, ce qui est bien ennuyeux. » …

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Trente arpents de terre

J’ai une affection particulière pour tout ce qui entre dans la catégorie de littérature québécoise. J’aime encourager les auteurs d’ici qui n’ont rien à envier aux autres auteurs francophones. Je choisis la plupart du temps des œuvres récentes, mais il m’arrive de me laisser tenter par des livres plus anciens. Publié en 1938, Trente arpents de Philippe Panneton, plus communément appelé Ringuet, est un de ces classiques québécois indémodables qui traverse les époques. Un homme et sa terre On suit Euchariste Moisan à travers les années, passant d’un jeune homme plein d’ambition et de volonté à un vieil homme borné et étouffé par sa vieillesse. Au fil des saisons, des enfants et de la rude vie d’un homme de campagne, ce personnage se perd et ne finit que par vivre à travers sa terre, son véritable amour. Cette terre, qui lui a été léguée par son oncle, devient sa seule raison d’exister et c’est pour elle qu’il fait des choix qui briseront tout ce qu’il a bâti, y compris lui-même. « Il était content de …

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Un regard lucide et inspirant sur l’entrée dans l’âge adulte avec Leslie et Coco, de Marie Demers

Je pense que j’ai eu de la chance. J’ai d’abord lu Leslie et Coco pour le plaisir avant de le relire pour en faire une critique. Cette première lecture dépourvue de tout objectif d’ordre analytique m’a permis de découvrir le roman à mon rythme, de le lire parfois lentement et d’autres fois très vite, bref, de le lire comme le ferait une vraie lectrice – ce que je suis avant d’être critique et chercheuse universitaire. J’ai toujours aimé les romans pour adolescents ou jeunes adultes, et mon bonheur est encore plus grand lorsque j’ai la chance de plonger dans des œuvres accrocheuses, sensibles et réussies comme celle-ci. Si ma première lecture était intuitive, la seconde m’a amenée, quant à elle, à ressentir de manière plus vive toute la profondeur du roman ainsi que la richesse des thèmes, déployés avec doigté et nuances. Au final, mes deux lectures ont satisfait à la fois la lectrice et la critique en moi, tout cela grâce à la qualité du roman que j’avais entre les mains. Dans la peau de …

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Une sorte de lumière qui éblouit

Directe, étonnante et passionnée, la prose de Maude Veilleux sort de l’ordinaire par sa singularité. Sa poésie happe, déchire, surprend, tout en étant hyper accessible. Pour ma part, c’est par son premier recueil – au titre peu conventionnel –, Les choses de l’amour à marde (2013), que j’ai découvert cette brillante écrivaine il y a quelques années. Récemment, plusieurs ami.e.s m’ont vanté en long et en large les mérites de son plus récent recueil paru en juin dernier aux éditions de l’Écrou et intitulé Une sorte de lumière spéciale. J’ai à nouveau été comblée par la plume non conformiste de l’autrice grâce à ce dernier recueil d’une puissance qui éblouit tellement qu’on en devient presque aveugle d’émerveillement. Revendiquer le droit d’être trash  Originaire de la Beauce, Maude Veilleux se réclame, dans son dernier ouvrage, d’une esthétique trash et critique le fait que beaucoup d’intervenants du milieu littéraire ont levé le nez sur son style d’écriture parce qu’ils l’ont trouvé trop glauque, trop sale. Or, l’écrivaine provient d’un milieu ouvrier plutôt pauvre, un milieu «de cowboys du Québec …

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Un merveilleux conte sur l’amitié et la bienveillance: Les trois petits loups (et une belle truie), de Marie Demers

Après avoir déjà démantelé deux contes célèbres pour en offrir des versions «culottées» parues en 2019 sous les titres Le Petit Capuchon Bleu (et le loup qui voulait s’appeler Jennifer) et Peau de vache (ou La Princesse qui voulait épouser son papa) (pour mon article, c’est ici!), la prolifique autrice jeunesse Marie Demers nous revient avec un troisième conte, tiré cette fois-ci des Trois petits cochons, intitulé Trois petits loups (et une belle truie).  Je l’attendais tellement, ce troisième Conte culotté! Et je n’ai absolument pas été déçue. Repenser Les trois petits cochons Dans Trois petits loups (et une belle truie), il n’y a pas de grand méchant loup, vous l’aurez bien deviné, mais plutôt une belle grosse truie à la personnalité chaleureuse, généreuse et pétillante appelée Isabelle. Il n’y a pas non plus de petits cochons qui vivent dans des maisons de paille, de bois et de brique, mais bien des petits loups – Jean-Loup le sportif, Wolfgang l’intello et Mahigan le père débordé. Et finalement, aucun de ces personnages n’est bêtement méchant ou gentil et aucun …

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L’éternelle pertinence de Nelly Arcan

2019: Dix ans se sont écoulés depuis le suicide de l’autrice Nelly Arcan, le 24 septembre 2009. Comme bien d’autres, j’ai découvert Nelly Arcan sur le tard, cinq ans après son décès. Pour ma part, c’est son roman posthume Burqa de chair qui m’a initiée à sa prose si puissante. Je suis tout de suite tombée en admiration devant cette autrice dont l’écriture décrivait avec une justesse déconcertante plusieurs réalités vécues par les femmes. Après Putain, Folle et Paradis clef en main, je me suis lancée dans la lecture d’ouvrages portant sur son œuvre et publiés après son décès. En effet, Nelly Arcan a fait couler beaucoup d’encre depuis 2009; les ouvrages analysant ses écrits, son apport à la littérature et sa contribution au féminisme québécois sont multiples. Plusieurs m’ont captivée presque autant que les romans de l’autrice. C’est donc avec grand intérêt que je me suis lancée dans la lecture du roman Mon ennemie Nelly de Karine Rosso, autofiction qui retrace l’impact de Nelly Arcan dans la vie de l’autrice. Une écrivaine omniprésente Karine Rosso y …

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Les clubs de lecture… Partager avant tout!

Comme la plupart des lectrices et des lecteurs, j’aime beaucoup discuter de mes coups de cœur et de mes déceptions littéraires. Au fil des ans, j’ai réussi à m’entourer d’ami.e.s qui partagent ma passion pour les livres et, à la longue, j’en suis venue à cultiver un goût pour les clubs de lecture. Voici un tour d’horizon de ce qui est possible dans ce domaine. Les débuts: le club de lecture amical Avec mon groupe d’ami.e.s, nous avons un club de lecture amical «non officiel», c’est-à-dire qu’il se forme au besoin quand une publication paraît et intéresse plusieurs d’entre nous. On le réactive au fil des ans, ce qui nous donne des rencontres vraiment irrégulières (ça peut aller de deux fois dans une année à une fois aux deux ans!), avec un groupe à configuration variable, selon les intéressé.e.s par la lecture choisie. La première fois que j’y ai été conviée (en 2012!), nous avions lu Charlotte before Christ, d’Alexandre Soublière et, la dernière fois (à l’hiver 2019), c’était La route du lilas, d’Éric Dupont. …

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La supplication à travers les yeux des victimes de Tchernobyl

En mai dernier, j’ai été happée, comme plusieurs autres, par la mini-série Tchernobyl de HBO qui revisite l’accident nucléaire de 1986. Cette série n’y va pas de main morte et ne camoufle pas ce qui est réellement arrivé, comme ça a été fait par le passé. J’en suis sortie bouleversée, et dans mes recherches pour en apprendre encore plus, je suis tombée sur le fabuleux livre de Svetlana Alexievitch, La Supplication. L’horreur de la vérité Ce livre, qui prend la forme d’un documentaire littéraire, utilise les voix des victimes de Tchernobyl pour raconter leur histoire. Pendant les dix années suivant l’accident, l’autrice a interrogé des témoins, des victimes et des survivants de ce qui s’est passé lors de cette journée fatidique. Elle a récolté des témoignages bouleversants qu’elle nous transmet à travers son œuvre. Ma collègue du blogue, Nathalie Slupik, a d’ailleurs écrit un article en 2017 sur le travail formidable de Svetlana Alexievitch que je vous invite à aller lire de ce pas. Cette vision nouvelle et poignante de la catastrophe, qui est également …

Une fille pas trop poussiéreuse

Apocalypse 2.0: une fille pas trop poussiéreuse

« Tout le monde meurt tout le temps, mais encore plus depuis la fin du monde. » (p. 11) Depuis que je suis toute petite, j’ai toujours aimé les univers post apocalyptiques. J’ai même eu un ex (un peu trop crack-pot, par contre) qui me racontait ses plans de bunkers en prévision d’une fin du monde potentielle. Je n’ai jamais été vraiment d’accord avec ça, par contre: moi, si le monde implosait et que la vie telle que nous la connaissions se terminait, je ne m’enfermerais pas dans un bunker. J’irais dehors et je m’adapterais (ou pas). Tant qu’à mourir et à voir tous mes proches disparaître, aussi bien que ça dure le moins longtemps possible… Le livre Une fille pas trop poussiéreuse de Matthieu Simard raconte justement une fin du monde 2.0 qui s’étire sur quatre longues années pour le protagoniste. On n’y trouve rien des grands classiques du mythe de l’apocalypse: il n’y a pas d’anges qui descendent du ciel, pas de trompettes, pas de grêle de sauterelles. Juste une grosse couche de …