Month: juillet 2016

Les Lettres à mademoiselle Brochu

C’est bien connu (par mon entourage, on s’entend), Maxime-Olivier Moutier, c’est « le mien ». Il est mon auteur favori au Québec. Ce n’est quand même pas peu dire, j’ai exploré en masse avant d’avancer cela, lisant en grande majorité du québécois. Son style littéraire accessible et recherché, ses sujets abordés de l’amour et la quête de soi et de l’autre, sa façon de faire réfléchir ses personnages, j’avoue que tout ça a permis un réel love at first read. D’ailleurs, sur mon petit blogue bien personnel, la seule « critique littéraire » qu’on y trouve est celle du roman de Moutier La gestion des produits — Tome 1 : La crise (un autre roman que vous devez lire, soit dit en passant!). Bref, j’ai décidé de me replonger dans l’univers de mon auteur favori avec son quatrième roman paru en 1999, Les Lettres à mademoiselle Brochu : éléments pour une nouvelle esthétique de la crise amoureuse. Il prenait la poussière, juché en haut de ma bibliothèque depuis quelque temps, alors que j’ai lu ce …

Là où la mer commence : l’histoire de Maybel et la Bête

J’étais adolescente, avide de récits marquants, d’héroïnes fortes et d’histoires romantiques. J’avais déjà lu la plus grande partie de l’oeuvre de Dominique Demers, savouré Ta voix dans la nuit, Marie-Tempête, Maïna. Puis, j’ai enfin lu Là où la mer commence, un récit entremêlant le conte et le roman pour adolescents, et c’est, depuis ce temps, resté mon roman préféré de cette auteure prolifique. « Et si la Belle et la Bête avaient vécu en terre québécoise au XIXe siècle?… » Cette phrase, que l’on retrouve sur la quatrième de couverture, nous met la puce à l’oreille. Le célèbre conte, désormais dans les mains magiques de l’auteure Dominique Demers, se transforme en une belle histoire aux saveurs de liberté, d’air marin et de folles tempêtes. Le roman met en scène la jeune Maybel, fougueuse, lumineuse et indomptable, qui va à la rencontre du mystérieux William, défiguré, solitaire. Les deux apprendront à se connaître et s’aimeront, malgré les obstacles et les désaccords qui fusent autour d’eux. Il lui fera découvrir les merveilles de la nature, puis celles de la lecture. …

La vie est brève et le désir sans fin

« Il a besoin d’avoir une histoire. Tous les hommes, à un moment donné, ont sans doute besoin d’avoir une histoire à eux, pour se convaincre qu’il leur arrivé quelque chose de beau et d’inoubliable une fois dans leur vie. » Chaque page du roman de Patrick Lapeyre La vie est brève et le désir sans fin m’a laissée songeuse. J’aimerais écrire un livre si simple, mais vrai. Louis Blériot, un traducteur à son compte, perdu, un peu insignifiant et écrasé par sa femme à la carrière fortunée, a eu une aventure avec une jeune anglaise, Nora. Puis, elle a disparu du jour au lendemain, à Londres vivre avec un autre homme, plus riche et plus rationnel, Murphy. Deux ans plus tard, alors que Louis se réhabilitait à sa vie conjugale monotone, elle réapparait. Le roman raconte alors la nouvelle descente de Louis et Nora dans le gouffre vertigineux, dangereux et captivant du désir adultère, tout en nous montrant la situation désespérée de Murphy qui n’accepte pas l’abandon de Nora. Les deux hommes se retrouvent alors dans …

Belva Plain et ses incontournables

Depuis mon enfance, j’ai la chance d’être entourée de livres, constamment. Chaque pièce de la maison, outre les toilettes, a des nombres incalculables de livres. J’enviais les romans de ma mère puisqu’ils étaient ceux de « grandes personnes ». Il n’y avait pas d’illustrations et ils contenaient plusieurs centaines de pages. À l’âge de huit ou neuf ans, j’ai décidé de faire la lecture d’un des romans de ma mère. Le roman que j’avais choisi m’attirait énormément, car il était uniquement vert foncé. Il n’y avait pas d’images sur la couverture ni aucune inscription sur la quatrième de couverture. Tout ce qu’on pouvait lire sur le rebord du livre était « Belva Plain », c’est-à-dire le nom de l’auteure. J’ai commencé à feuilleter quelques pages quand ma mère m’a surprise avec le bouquin. Elle m’avait dit qu’il n’était pas de mon âge. Elle m’a réprimandée de ne pas toucher à ses bouquins et m’a promis qu’un jour les portes de ses bibliothèques maison me seraient ouvertes. J’étais assez déçue, car en faisant le survol de Plain, j’ai pu découvrir que le …

Du livre au film: The silver lining playbook

C’est l’été, et c’est le moment où enfin on peut concentrer beaucoup plus de temps à s’occuper de nos passions favorites. Les miennes sont la littérature et le cinéma. J’adore lire un livre et dès que je le termine regarder le film que l’œuvre écrite a inspiré, parfois pour un plaisir, parfois pour une déception, mais toujours pour satisfaire une curiosité vivifiante et réaliser une nouvelle découverte. Laissez-moi donc vous parler de l’œuvre, The silver lining playbook ou Happiness Therapy, autant littéraire que cinématographique, et ma grande satisfaction quant à l’adaptation au grand écran de celle-ci.  Écrite au ‘’je’’ par Matthew Quick, l’œuvre The silver lining playbook raconte l’histoire de Pat qui sort de l’hôpital psychiatrique après quelques mois pour soigner une dépression et un trouble bipolaire suite à l’infidélité de sa femme. Ayant tout perdu (femme, emploi, maison, etc.) il s’installe chez ses parents (un père inconditionnel fan des Eagles de Philadelphie et une mère trop gentille qui excelle en cuisine) afin de reprendre sa vie en main. Il rencontre Tiffany par le biais …

Commando culotte : à la rescousse de la diversité

Pour mes 25 ans, ma cousine Karina, qui me connait définitivement trop bien, m’a offert une bande dessinée qui a fait battre mon coeur. Commando culotte, les dessous du genre et de la pop-culture écrit et illustré par Mirion Malle m’a plu, et ce, pour différentes raisons. Tout d’abord, j’adore le fait qu’elle utilise la pop culture pour parler de féminisme, non seulement parce que je crois que l’égalité passe beaucoup par la diversité qu’on montre à l’écran, mais aussi parce que son approche est originale et incroyablement aisée à saisir. Mirion Malle s’intéresse aux places des femmes dans les blockbusters et les télés séries populaires et sur l’impact de ces images dans notre société comme dans le mouvement féministe. En citant des exemples dès plus contemporains tels que Game of Thrones, Malle offre des exemples concrets de la place des femmes dans la pop culture. Toujours écrite avec humour, la BD est loin d’être condescendante ou moralisatrice, Malle démontre le sexisme ordinaire qui est véhiculé dans de nombreux grands films à succès et réussit à nous …

Les méduses ont-elles sommeil?

Hélène est sous l’emprise d’une ennuyante solitude et, égarée au cœur de sa propre personne, elle ne sait mettre des mots sur son identité à l’exception de transparente ou bien de celles que l’on oublie dans un supermarché. À 18 ans, elle quitte Trapellun — anagramme de nulle part — pour la capitale française, en quête de devenir quelqu’un, d’exister. À Paris, elle fait des rencontres qui lui donnent enfin le sentiment d’être vivante : Marie et Coco. MDMA et cocaïne. Elle qui caressait le rêve d’être actrice ne se rend pas jusqu’à l’école de théâtre avant de goûter au plaisir instantané, mais éphémère de la drogue. Marie lui donne l’impression d’être fantastique, belle et intelligente. Alors, à quoi bon travailler? Les méduses ont-elles sommeil? est le récit d’une jeune femme qui se cherche et qui bifurque dans un paradis artificiel, dans les bas-fonds de la vie nocturne parisienne. C’est aussi le récit semi-autobiographique de sa jeune auteure, Louisiane C. Dor, qui a écrit un roman inspiré d’une partie difficile de sa vie afin de sensibiliser les gens …

Le meilleur reste à venir; l’éveil d’une militante

Enitan et Sheri sont deux jeunes filles en rupture contre l’ordre et le désordre d’un Nigeria à peine sorti de la guerre du Biafra, un pays où se succèdent coups d’Etat militaires et régimes dictatoriaux. Deux jeunes filles puis deux femmes qui, du début des années 1970 au milieu des années 1990, veulent échapper à l’enfermement d’une société oppressive et machiste. Sheri, belle et effrontée mais blessée à jamais, choisira l’exubérance et la provocation. Enitan tentera de trouver son chemin entre la dérive mystique de sa mère, l’emprisonnement de son père, sa carrière de juriste et le mariage lui imposant, en tant que femme, contraintes et contradictions. J’ai entamé Le meilleur reste à venir de Sefi Atta parce que j’avais envie de découvrir de nouveaux auteurs et que la littérature de l’Afrique de l’Ouest me semblait riche et vaste. Je n’avais jamais vraiment lu de littérature nigériane, si ce n’est de Nous sommes tous des féministes de Chimamanda Ngozi Adichie. Martine a lu Autour de ton cou, alors que Marion a lu Americanah et toutes deux ont …

Apprendre à se retrouver grâce aux bouquins

Sur Le fil rouge, le mot d’ordre et la raison d’être du blogue c’est que nous voulons vous partager des livres qui nous font du bien. Ça tombe bien car c’est de 2 livres qui m’ont fait du bien à leur manière que je vais vous parler aujourd’hui. Avant de commencer, je vais être bien honnête avec vous, dernièrement et encore aujourd’hui ma tête part un peu dans tous les sens et ce depuis quelques semaines. Je suis comme dirait l’autre… en grosse remise en question ! Ça fait peur ça, non ? J’imagine que c’est normal et que l’ensemble des jeunes adultes de ma génération de 25-30 ans comprendront bien cet état d’esprit. Je ne sais plus trop où j’en suis par rapport à mes objectifs personnels, mes aspirations, mes rêves, et j’ajouterais même mes émotions, bref tout y passe et je suis toujours en constante ébullition. C’est pas mêlant, je me sens comme un petit volcan. J’imagine que c’est ce que les psychologues nomme le bilan du quart du siècle, le blues du …

Éloge de la lecture légère

Le fait que je sois étudiante en études littéraires ne signifie pas seulement que j’adore les livres, que j’aime les étudier, les analyser, les décortiquer, etc. Ça signifie surtout que je lis tout le temps, parfois un peu trop tout le temps, même. Je me souviens de ma première fin de session universitaire, j’avais eu très peur que les trente livres que j’avais dû lire dans un temps record tuent ma passion et mon désir de lire pour le plaisir. Heureusement, cela n’est jamais arrivé. Et la première chose que je fais quand la session est terminée, c’est de me faire plaisir avec quelques livres plus légers. Les livres d’été, ou les livres « de métro » comme je les appelle, ne sont pas, pour moi, moins bons ou dans une catégorie à part de la « vraie » littérature. Pour être honnête, je suis profondément allergique à tout phénomène qui s’amuse à classer les livres en les étiquetant en catégories. Littérature? Pas-vraiment-de-la-littérature? L’élitisme, dans mon domaine d’étude, me tombe sur les nerfs. Pour moi, …