Month: mai 2016

Big Bang, de Neil Smith : une entrée fracassante dans mon univers

Traduit de l’anglais par Lori Saint-Martin et Paul Gagné, Big Bang est le tout dernier roman de l’auteur montréalais anglophone Neil Smith. Quand ce livre m’est tombé entre les mains, j’ai tout de suite su que cette lecture allait me plaire. Mon instinct ne m’a pas trahi, puisqu’en une seule journée, je tournais la dernière page de ce délicieux roman. Neil Smith décortique l’esprit humain à travers son œuvre, et s’intéresse aux absurdités qui orchestrent nos esprits. Big Bang est composé de plusieurs récits qui se penchent sur diverses existences, qui parfois se frôlent entre elles ou se fondent simplement dans la masse. L’indifférence, l’empathie, le deuil, le rire et la tendresse sont des émotions qui gravitent autour des récits de Smith, ce qui nous évoque constamment notre propre condition d’éphémère. Ma lecture était rafraîchissante, et je ne peux passer outre l’originalité de la plume de l’auteur : la lucidité livresque et l’humour se rejoignent pour former un style d’une formidable acuité intellectuelle. Big Bang est à la fois une œuvre divertissante et profonde. An est une …

Chercher la foi dans les Hautes Montagnes du Portugal avec Yann

C’est avec une immense joie que je me suis plongée tête première dans le dernier roman de Yann Martel, Les hautes montages du Portugal. Il faut que vous sachiez que présentement, dans mon top 10 de livres préférés, Yann Martel et l’Histoire de Pi sont en première position, alors évidemment que j’allais faire l’achat de son nouveau roman. Tout d’abord, ce qu’il faut savoir, c’est que l’histoire des hautes montagnes est lente et parsemée de petits détails ici et là, alors ne vous découragez pas trop vite si aux premières pages vous n’êtes pas tout de suite accrochés et que vous vous sentez un peu perdus. Il m’est même arrivé de devoir relire des passages pour bien me souvenir de l’ordre des évènements et mieux comprendre l’histoire, alors soyez sans craintes. Ce roman porte sur le deuil et sur la présence de la religion dans nos vies, mais il porte surtout sur la foi en général, la foi en la vie, la perte de celle-ci et la foi en quelque chose de plus grand. J’ai …

L’insoutenable légèreté de l’être

« Son drame n’était pas le drame de la pesanteur, mais de la légèreté. Ce qui s’était abattu sur elle, ce n’était pas un fardeau, mais l’insoutenable légèreté de l’être. » L’insoutenable légèreté de l’être de Milan Kundera n’est pas un roman léger. Je ne conseillerais pas de le lire à la plage par exemple. C’est un livre qui se savoure et qui demande de prendre son temps. Il faut se concentrer car chaque phrase est lourde de vérité et plonge dans une réflexion mélancolique. Je l’ai découvert à l’adolescence dans la bibliothèque de mes parents et j’en avais été bouleversée. C’était mon premier roman mature; un vrai roman d’adulte dans lequel je ne comprenais pas encore tous les passages. Mais je percevais qu’il existe une diversité des points de vue chez les gens à un âge où on pense toujours qu’on a plus raison que les autres. J’ai vu qu’un mot simple comme Amour peut avoir tellement de définitions différentes dans l’imaginaire d’une personne et il faut essayer de se mettre à la place de l’autre pour parvenir …

Je voulais du doux

L’angoisse s’invite souvent chez moi. J’ai le doute amical. Envahie par le stress à longueur de journée, je cherche constamment la sérénité, le calme, le paisible. J’ai décidé très tôt que le voyage me servirait d’exutoire. Que loin de mes responsabilités, je trouverais enfin le calme que je guette tant. J’ai passé des jours à imaginer l’ailleurs comme un lieu des rêves achevés. Comme si je n’arriverais à me poser que dans l’action. J’espérais voir le monde, sauter d’un endroit à l’autre et respirer enfin. J’ai enchainé voyage sur voyage, année après année, en niant le fait que je faisais tomber toutes mes barrières en décidant de quitter la maison. En oubliant qu’ainsi je créais le plus grand déséquilibre chez moi. Que me mettre en danger faisait exploser mon niveau de stress, que celui-ci devenait grand, si grand, que j’en perdais mon besoin de voir le monde. Je passe constamment du désir de partir à l’envie de rester. C’est quand je suis sur le point de prendre mon envol, quand je me retrouve sur le …

Le destin tragique des amoureux

Racine, c’est lourd. – Un gars qui a pas le préjugé à la bonne place. J’ai connu Racine à 14 ans, au coin St-Jean et Turnball à Québec (feu le Colisée du livre). J’avais acheté deux, trois bricks à la reliure en décomposition parce que, déjà, je savais que je deviendrais comédienne. Il fallait que je me prépare, que je connaisse mes classiques. Parce que le théâtre, c’est sérieux. Point. Je n’ai jamais ouvert un livre de Racine avant mes 18 ans. Je clamais haut et fort que c’était cool lire Racine, que moi aussi je rêvais de jouer Phèdre alors qu’au fond, je ne comprenais rien de son œuvre. Absolument rien. Je n’arrivais pas à trouver de sens dans ses jolies suites d’idées et dans ses phrases habilement maîtrisées mais particulièrement bourrées d’adjectifs. Plus tard, j’ai compris que ces regroupements d’idées portaient un nom : alexandrins. J’ai aussi compris que les tragédies de Racine sont celles que nous vivons quotidiennement. Ce sont celles qui habitent notre cinéma, qui font en sorte qu’Unité 9 persiste encore …

À la fin ils ont dit à tout le monde d’aller se rhabiller : l’errance humaine mise à nu

Encore les mouches. Il est seize heures sept. Je me couche, je ferme les yeux, je tourne dans le lit, je pense à des légumes frais, j’emmêle mes pieds dans les draps puis je pense à quelque chose que j’oublie, je tourne de l’autre côté, je déprends mes pieds, je tourne encore, je remonte les couvertures, je m’assois. Il est encore seize heures sept. J’appelle mon superhéros, qui ne répond pas. Au fil de mes lectures, je me suis rapidement aperçu que deux éléments m’interpellaient beaucoup dans la stylistique d’une œuvre littéraire : les récits d’errance et ceux qui sont découpés en plusieurs fragments. J’aime qu’une histoire m’emporte, même si elle ne possède pas d’intrigue particulière. Je cherche surtout une expérience, et c’est ce que j’ai retrouvé dans le tout premier roman de Laurence Leduc-Primeau. Paru chez les éditions de Ta Mère, cette œuvre au très long titre est divisée en des dizaines et des dizaines de fragments : des longs, des courts, des brefs, des poignants, des tristes, des beaux. À la fin ils ont dit …

Le dernier soir de coutellerie

Le vendredi 22 avril avait lieu au Lion d’Or Le dernier soir de coutellerie de Sarah-Maude Beauchesne, l’auteure du blogue soft sexu Les Fourchettes et des livres Cœur de slush et Lèche-vitrines, qu’on aime découvrir et connaître. Le dernier soir de coutellerie, c’est une lecture publique de textes intimes de l’auteure, pour une dernière fois. Pendant plus d’une heure, Laurence Lebœuf, Rachel Graton, Catherine Brunet, Joëlle Paré-Beaulieu, Sarah-Jeanne Labrosse, Catherine Chabot et Juliette Gosselin ont récité les textes de l’écrivaine avec brio. Pis finalement quand on est tanné de s’arracher le duvet du cœur avec les diachylons qu’on colle dessus on se met à envier les couples qui ont pas besoin de toute ça eux autres. (Pour la tragédie) L’écriture de Sarah-Maude Beauchesne m’a toujours plu, encore plus vendredi soir. Les actrices ont interprété les textes emplis d’émotions avec chacune une touche personnelle qui a interpellé le public, soit dans la même détresse d’une rupture, ou avec sourires et rires dans des situations plus farfelues. Les textes de Sarah-Maude Beauchesne sont actuels, ce sont les …

4 livres pour célébrer le printemps

Si vous avez lu quelques-uns de mes articles sur le blogue, vous savez maintenant que je suis une fan de listes. C’est qu’il m’en faut pour arriver à passer au travers des piles de livres que je veux lire… Voici donc venu le temps de ma liste du printemps! Un petit amalgame pour vous faire oublier l’hiver et pour célébrer l’arrivée des journées ensoleillées! Un recueil humoristique : Trouve-toi une vie Fabien Cloutier Comme le printemps rend heureux, les fous rires que vont déclencher les chroniques de Fabien Cloutier arrivent à point.  Je suis une grande admiratrice de cet artiste, que j’ai découvert grâce à l’émission radio Plus on est de fous, plus on lit à Radio-Canada. Ses chroniques sur les régionalismes me faisaient mourir de rire chaque fois! Ce gars fait de l’humour intelligent et très bien écrit, avec la dose d’ironie qui le caractérise si bien. C’est donc avec joie que je retrouve ses chroniques, réunies dans Trouve-toi une vie! Son regard sur la société est à la fois ultra divertissant et original : vous …

Le géant : un roman singulier aux personnages colorés

 Le géant, c’est Victor Scarpa, un trucker, avide de littérature. L’élément central du roman, c’est lui, un géant de 6 pieds 7 pouces, qui partage sa passion pour les livres dans les truck stops. Autour de lui gravitent les membres de sa famille, des personnes aussi spéciales les unes que les autres. Il y a sa conjointe, Franie, une herboriste et lectrice à la voix enivrante, née d’une mère atikamekw. Femme mystérieuse au passé trouble, elle parcourt le long chemin vers la résilience. Ensemble, ils ont une petite fille, Babal, albinos, qui inquiète ses parents et son éducatrice à la garderie par des comportements étranges. Atteinte d’un trouble de langage, Babal parle mieux dans un autre monde. Et puis, il y a Rosita (Rosie), la fille que Victor a eue avec sa copine Madeline qui est aujourd’hui en couple avec Natsuo (Compagne). En plus d’être une calculatrice humaine, Rosie virevolte dans la tempête de l’adolescence et vit mal l’obligation de faire sa valise chaque dimanche. Ce deuxième roman de Francine Brunet nous présente une famille …

Portrait d’un être fictif : Le cas d’Oscar

Vous en avez sans doute entendu parler. Peut-être l’avez-vous même croisé. Je vous le décris. Il est tout petit et il porte une tuque rose pour cacher l’absence de poils sur son crâne. Lui, il dirait qu’il ressemble à un martien. Moi, je dirais qu’il ressemble à l’un des garçons les plus mignons que vous ayez rencontrés dans votre existence. Vous l’avez reconnu? C’est pourtant simple, c’est le petit Oscar d’Oscar et la dame rose d’Éric-Emmanuel Schmitt. Il y a déjà plusieurs fois que je relis cette petite plaquette. C’est qu’à chaque lecture, elle me met un baume sur le cœur. Je classerais ce livre dans les romans qui nous font du bien, et ce, malgré son propos tristounet, c’est-à-dire la maladie du jeune Oscar, la leucémie. Récemment, j’ai vu renaître ce petit personnage dans ma classe de deuxième secondaire. Nous avons donné à lire ce joli roman à nos élèves. Chaque lettre d’Oscar lu en leur présence faisait apparaître de grands sourires sur leur visage ou faisait naître des éclats de rire francs. C’est là …