Year: 2018

Toucania ou le charme de l’imaginaire

Tout y était pour qu’un coup de foudre avec ce livre se produise. Tout d’abord, il était édité par Monsieur Ed (je suis une grande admiratrice du travail des fondatrices) et ensuite, il était illustré par la talentueuse Marianne Ferrer (que j’adore). Toucania, c’est une île légendaire que l’aventureuse Amandine ira découvrir. Son grand-père ayant découvert l’île bien avant elle, elle marchera sur les traces de celui-ci. Elle doit faire vite si elle veut avoir la chance de découvrir les habitants de cette mystérieuse île. L’idée de l’album et les illustrations sont de Marianne Ferrer et Valérie Picard a collaboré au texte et au scénario. Ce qui m’a le plus plu lors de ma lecture, c’est le sentiment complet d’être aspiré dans le récit. Je crois que le format du livre y est pour beaucoup, on se sent véritablement dans l’histoire. Évidemment, la beauté des illustrations et les magnifiques agencements de couleurs jouent un rôle essentiel dans cette impression. Ma lecture m’a donné sincèrement envie de partir loin avec Amandine, à Toucania. Bélinours, chimpathères, chauve-sourioles et …

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S’exiler sur Tatouine avec Jean-Christophe Réhel

Exposer la subtile beauté du banal, voilà l’exploit que réalise Jean-Christophe Réhel  avec la publication de Ce qu’on respire sur Tatouine. Dans ce roman sans chapitres, on suit le quotidien du narrateur, qui entrelace des épisodes réels de sa vie à des éléments fictifs, dans la plus pure tradition de l’autofiction. Entre un emploi de commis au Super C, une chambre louée dans le sous-sol d’un bungalow à Repentigny et une virée à New York arrosée de crème de menthe, Jean-Christophe Réhel nous dévoile l’unicité de l’anodin, le tout avec la chanson Fell in love with a girl qui résonne en permanence dans nos oreilles. Ode à la solitude sur fond de fantasme starwarsien Il se dégage de ce récit du quotidien une constante impression d’être dans la tête de l’auteur; on accompagne ses pensées, souvent incongrues, parfois incroyablement poétiques. Cette sensation de s’introduire dans l’intimité de l’auteur – qui avoisine le voyeurisme – dévoile aussi l’ampleur de sa profonde solitude. Partout où il va, le narrateur ne semble jamais complètement à sa place, il ne cadre pas …

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Même pas vrai: un premier livre jeunesse épatant de Larry Tremblay

Larry Tremblay est un auteur québécois, reconnu pour ses nombreux romans pour adulte, qui, récemment, s’est adonné à la création de contenu littéraire jeunesse. En effet, c’est avec Même pas vrai, publié en 2016, qu’il marque son entrée dans ce nouvel univers, en collaboration avec Guillaume Perreault pour les illustrations.  Cet album, publié aux Éditions de la Bagnole, raconte de façon candide l’enfance quelque peu troublée de Marco, jeune élève au primaire. Récit touchant dans sa simplicité et dans la naïveté du personnage, Même pas vrai charmera les petits et fera rire les plus grands qui n’ont, comme moi, pas lu d’albums jeunesse depuis un bout de temps. Un Marco taquin et rigolo Marco est un petit garçon d’une grande curiosité, qui réfléchit beaucoup et qui se questionne et questionne les autres tout autant. Quelque peu naïf et insouciant, il croit tout ce que ses amis lui racontent; il se retrouve donc à vivre dans un monde où extraterrestres, loups-garous et momies sont fréquemment rencontrés. Ce monde imaginaire, Marco en rend compte dans ses reportages …

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Un Noël cathodique : la nostalgie cinécadienne

Le titre vous intrigue? C’est normal, j’étais dans la même situation lorsque j’ai découvert ce petit livre aux couleurs de sapin de Noël. Un Noël cathodique, ça veut tout dire, surtout quand on a vécu son enfance dans les années 90. Cette belle époque où les télévisions cathodiques (les grosses TV plus lourdes qu’un frigo) avaient une place dans tous les foyers et diffusaient chaque fin d’année la programmation de Ciné-Cadeau à Télé-Québec. La nostalgie qui vous envahit peut-être en ce moment, vous la retrouverez en lisant Un Noël cathodique, la magie de Ciné-Cadeau déballée. Du bonbon pour tous Il est certain que cet essai parle beaucoup à la génération des trentenaires, mais il peut aussi toucher les plus vieux et les plus jeunes. Les parents qui ont vu leurs enfants scotchés devant la télé durant le temps des fêtes auront assurément du plaisir à découvrir le point de vue des 9 autrices et auteurs abordant les différentes facettes de cette traditionnelle programmation alors que les jeunes adultes se reverront peut-être en pyjama, à déguster …

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Des papillons pis des fins du monde, pis bien du plaisir de lecture, encore!

Je vous le dis, et ce n’est pas un secret: « J’ATTENDAIS CE LIVRE AVEC TELLEMENT D’IMPATIENCE! » J’avais écrit la date de sortie à mon agenda et je comptais les jours, pour vous dire. (Et j’ai mis pas mal de lectures scolaires de côté pendant les deux jours où je l’ai lu d’une traite, mais chuuut!) Des papillons pis des fins du monde est le troisième (et dernier) tome d’une série écrite par Alexandra Larochelle. Des critiques ont préalablement été faites par Marjorie pour les deux premiers tomes (ici et ici), alors je ne m’attarderai qu’au troisième dans le cadre de cet article. Dans ce tome, on retrouve avec plaisir le personnage attachant et haut en couleur de Frédégonde Hautecoeur (Fred, pour les intimes) à l’endroit même où le dernier livre l’avait laissée, c’est-à-dire sur le point d’aller assister à un show de musique avec Christo, son ex auquel elle pense toujours. Ce spectacle, de fait, renoue leur relation amoureuse. L’été passe ensuite comme un rêve pour le couple qui jure de ne plus …

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Le livre-CD de Lydia Képinski: de la musique qui se lit

« Plus personne n’achète de livre et plus personne n’achète de CD. » C’est ce qui est écrit sur la reliure de cet objet, fusion entre livre et album de musique, que j’ai acheté dès sa sortie. Je suis une très grande fan de Lydia Képinski, une autrice-compositrice-interprète québécoise. Je la suis depuis ma première écoute de sa chanson Andromaque, un titre de son premier EP, qui est un savant mélange entre poésie, tragédie grecque et musique héroïque. Je tiens à dire que le texte de cette chanson m’a fait lire la pièce de théâtre de Racine du même nom, et découvrir toutes ses œuvres, un exploit qu’aucun professeur de français au cégep n’a réussi avec moi. La musique Lydia Képinski fait de grosses chansons. Elle ne va jamais en demi-mesure dans l’intensité, et c’est ça que j’adore chez elle. Il n’y a pas de fla-fla, que l’authenticité d’une personne qui a de grandes choses à dire, parfois même assez gigantesques. On n’a qu’à penser à Pie-IX et les vers : « La lumière est au bout du …

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À la rencontre du territoire, à la rencontre de l’autre

Dans mon imaginaire, je ne sais trop pourquoi, la toundra s’associe à l’hiver, à la neige qui tombe et s’accumule parfois avec langueur, parfois avec violence. C’est un espace vaste, dénudé, riche pour celui qui sait regarder. Elle m’inspire le respect et la majesté. L’idée d’y prendre un thé avec Joséphine Bacon, poétesse et réalisatrice innue, m’interpellait beaucoup. Un thé dans la toundra, Nipishapui nete mushuat a donc été ma porte d’entrée dans une œuvre puissante et bouleversante. Le recueil Un thé dans la toundra a été écrit à la fois en français et en innu-aimun (le montagnais), comme tous ces autres recueils. Il s’ouvre avec un court prologue racontant la première visite de l’autrice dans cette fameuse toundra québécoise. Ces quelques pages nous préparent à plonger dans l’immensité du territoire, dans la grandeur du recueil qui se veut l’éloge de la toundra, de l’horizon infini, du territoire des ancêtres, du retour aux origines. On y parle de la terre, du ciel, de la chasse, de l’exil et du cycle de la vie. Les poèmes …

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Autour des livres : Les éditeurs en feu

C’est en septembre dernier que Florence Falgueyret et Simon Harvey ont lancé leur toute nouvelle maison d’édition, Les éditeurs en feu. L’ambiance était chaleureuse et festive au Zaz Bar, où la soirée avait lieu. Plusieurs sont repartis avec les deux premiers livres de la maison d’édition lancés ce soir-là, soit Les Réserves, de Florence Falgueyret et Journal d’un étudiant en lettres, de David Fiore Laroche. Je suis moi-même tombée sous le charme de ces œuvres qui se distinguaient par le fond et la forme de tout ce que j’avais lu jusqu’à présent. Petite entrevue enflammée avec les deux éditeurs passionnés. 1. Quel est votre premier souvenir en lien avec la lecture ? SH : Mon parrain m’avait offert Tintin en Amérique. C’est une lecture fondatrice pour moi qui m’accompagne encore dans ma démarche d’écriture. Je suis obsédé par l’alliance entre image, récit et dialogue. FF : Dans la maison, nous avions un gros livre illustré des Fables de La Fontaine. Je les lisais tellement que j’en avais mémorisé quelques-unes et dès que c’était possible, pour « faire mon show », …

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Les racines d’une famille fragmentée

Je fouinais dans les rayons de la bibliothèque de ma ville à la recherche de ma prochaine lecture. Juste pour le plaisir, mais aussi dans l’intention de découvrir des livres dont je n’aurais jamais entendu parler. J’aime me laisser surprendre par les découvertes que je peux faire, pour élargir mes horizons, pour me pousser à lire des livres que je n’aurais jamais été portée à choisir. Et récemment, j’ai fait une belle découverte. La femme fragment, de Danielle Dumais. Un roman paru en 2009 qui figure parmi la collection Première Impression de Québec Amérique, une collection dédiée à la relève littéraire qui publie les premières œuvres d’auteurs émergents. Alors, j’ai décidé de lui donner une chance. Orpheline de mère, Caroline Dupré a grandi avec un père jardinier poète, un ancien soldat misanthrope qui se plaisait à lui raconter beaucoup d’histoires et qui lui a donné beaucoup d’affection. Quand Caroline devient une jeune femme, elle sent qu’il lui manque une partie d’elle, qu’un comportement dans ses relations amoureuses cloche, qu’elle manque de repères, de réponses à ses …

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Chrysalides : la poésie viscérale du changement

Présenté le 25 octobre dernier, dans le cadre du festival Québec en toutes lettres, le spectacle Chrysalides de Queen KA et son band poétique m’a fait vivre une expérience unique tout à fait surprenante et bouleversante. Plus qu’une mise en lecture des textes de celle qu’on qualifie de reine du slam, Chrysalides est une performance poétique, musicale et théâtrale puissante qui dépasse les mots. Le spectacle C’est sur une scène dépouillée que Queen KA, de son vrai nom Elkahna Talbi, et ses deux musiciens, Blaise Borboën-Léonard et Stéphane Leclerc, prennent place pour livrer certains textes de l’autrice accompagnés tantôt d’une musique électronique, pesante et anxiogène, tantôt plus classique, légère avec ses cordes et son piano. On y parle d’identité, de quête, de nostalgie, d’amour, de quotidien, du poids de l’image et de la performance, de nationalisme, de fuite, d’origine, de couple; tant de thèmes liés de façon souvent évidente, parfois ténue, mais dont le fil conducteur tisse la trame de Chrysalides. L’amalgame des mots et de la musique, la voix riche de l’autrice, sa prestance …