Month: septembre 2015

Lekhaim! aperçu d’un quotidien hassidique

Quand j’ai vu ce tout petit livre en librairie, je n’ai pu faire autrement que de l’acheter. Il y a déjà quelques années que je suis fascinée par les communautés religieuses qui, de par leurs croyances, vivent en marge de la société. Que ce soit les juifs hassidiques ou bien les anabaptistes – plus communément appelés les amish- je saisis toutes occasions d’en apprendre un peu plus sur leurs modes de vies, croyances et coutumes. Depuis quelques années, il faut dire que ces types de communautés sont de plus en plus médiatisés, souvent sous un oeil voyeur- et extérieur- qui dépeint très mal la réalité. Dans Lekhaim! Chroniques de la vie hassidique à Montréal, l’auteure Malka Zipora fait partie intégrante de sa communauté. À la base, ses chroniques furent publiées dans un petit journal distribué dans sa communauté hassidique, mais finirent par capter l’attention d’un oeil extérieur, résultant en ce petit recueil de 140 pages. 140 pages, divisées en 22 récits, sur la modeste vie de mère et de femme de Malka Zipora. À travers son écriture …

«Flexitarisme» ou le besoin de tout étiqueter

Un peu à la manière de Fanie, la fille végétale, et de Marie-Ève, la végane autrement, j’avais envie de partager les détails de mon mode de vie alimentaire. Pourquoi? Je ne sais pas trop… Parce que les gens ne comprennent souvent pas trop où je me situe dans la chaine omnivore de la vie, je pense. Je me demandais comment introduire mon article, lorsque je suis tombée sur un article du Nutritionniste urbain, qui a plus ou moins rapport à mon sujet, mais dont le passage suivant m’a fait réagir : Derrière cette phrase [Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es.] reprise ad nauseam, se cache un fait qui m’a toujours fasciné. L’alimentation est liée à l’identité. Ce qu’on décide de mettre en bouche nous définit, et ce, d’une façon aussi importante que la musique qu’on écoute, les vêtements que l’on porte, la langue que l’on parle ou notre origine culturelle. Et voilà, c’est ça! J’ai besoin de parler de mes habitudes alimentaires parce que les gens veulent comprendre qui je …

Trois destinations, trois lectures

Vous l’aurez peut-être remarqué, les collabos du Fil rouge aiment voyager. Alexandra et moi sommes allées à San Francisco au mois de mai, Martine est partie un mois en Grèce, en France et en Espagne, Karina est allée au Maroc et Florence est partie explorer l’Asie du sud-est le temps d’un été, ainsi de suite. Martine et Karina ont toutes deux eu l’idée d’écrire des articles sur les livres à lire en lien avec les destinations qu’elles ont visitées. Idée qui, à mon avis, est vraiment géniale. Puisque je n’ai pas vraiment lu durant mon voyage à San Francisco (je n’y étais qu’une semaine) et que j’ai plusieurs destinations sur ma liste, j’ai décidé de m’imaginer à travers trois voyages sac-à-dos en solo, en y associant un livre que j’aimerais lire durant ces trois hypothétiques destinations. J’ai choisi trois titres dont le contenu est relié aux voyages non seulement parce que j’en ai plusieurs dans ma bibliothèque, mais parce que rien ne dit voyage en solitaire comme un récit de voyage pour nous accompagner et même nous épauler …

Éloge du mariage, de l’engagement et autres folies, par Christiane Singer

«Impossible d’extirper de la vie de l’autre, comme on le ferait de tiques dans le pelage d’un chat, les rencontres qui importent pour lui. Par un mystère, impossible à élucider, ce sont précisément toutes les rencontres d’une vie qui nous font peu à peu advenir. Chaque rencontre me livre d’étrange manière, tantôt une lettre, tantôt un mot, tantôt une virgule, un blanc qui, peu à peu, mis bout à bout vont composer le libellé d’un message à moi seul adressé. Ou mieux encore : chaque rencontre ardente détient une pièce biscornue du puzzle qui finira par me composer une vie et qui, avec la multiplication des pièces disposées, va lentement, dans un dégradé de couleurs, laisser apparaître les grands contours, les grands thèmes de ma destinée. Et ce sont les autres qui me livrent – souvent à leur insu – la clef de mon énigme.» J’aurais pu choisir n’importe quel autre passage du livre pour introduire mon article, parce que chaque phrase de l’essai de Singer est d’une grande justesse et d’une beauté vaste et …

Entrevue avec Martine Delvaux : écrire l’absence dans Blanc dehors

C’est le 14 septembre dernier, sur les ondes de l’émission radiophonique littéraire Les herbes folles (CISM 89,3), que j’ai eu la chance de m’entretenir avec l’auteure montréalaise Martine Delvaux au sujet de son dernier roman Blanc dehors, paru aux Éditions Héliotrope le 8 septembre. Un chaleureux lancement a eu lieu à la librairie Zone libre pour souligner l’arrivée de ce livre troublant, intime et bien vivant. Professeure à l’UQAM au département d’Études littéraires, voix féministe importante au Québec, Martine Delvaux est romancière avec C’est quand le bonheur? (Héliotrope, 2007), Les cascadeurs de l’amour n’ont pas droit au doublage (Héliotrope, 2012) et Rose amer (Héliotrope, 2012), pour ne nommer que ceux-ci. Elle est aussi essayiste, signant entre autres Nan Goldin. Guerrière et gorgone (Héliotrope, 2014) et Filles en série. Des Barbies aux Pussy Riot (Remue-ménage, 2013). Blanc dehors est le récit disloqué, colmaté et démultiplié, fabriqué à partir d’une figure de père sans visage et sans histoire. Un récit spéculaire se déroulant en spirale infinie. Roman autobiographique, il dépasse toutefois la quête du père pour plonger …

L’esthétique de la laideur et les feuilles d’automne

Je fais dans le dégoûtant. L’être humain se meurt dans son besoin absolu de décrire le beau. Et c’est dans notre obsession de vouloir le définir que nous en perdons les repères. C’est qu’ils sont personnels ces repères. Je me plais dans le laid. Parce que la laideur est relative. Tout comme la beauté. Qu’est-ce que la vie sans pourriture? Qu’est-ce que le magnifique sans l’horrible? Le culte de l’esthétique du beau est archi-faux. L’espèce humaine apprend autant dans la décrépitude de son prochain que dans l’épanouissement de celui-ci. On naît avec cet amour de l’affreux, de l’étrange et du mystérieux. C’est une envie bien ancrée qui se développe en l’être qui veut bien l’abriter. Comme la fleur, nous l’aidons à croître en l’arrossant de curiosité, d’ouverture et de réalisme. La différence est que nous ne craignons pas de voir la tige se courber l’échine sous le poids de la vie. Nous observons avec autant d’excitation ce rite, par lequel nous passerons tous tôt ou tard, qui s’avère être aussi splendide que la naissance. Lorsque …

5 façons de classer sa bibliothèque

Il y a quelques semaines, j’ai publié une photo sur Instagram où je montrais le Avant et le Après de mes bibliothèques. J’ai commencé il y a de cela très longtemps, déjà 7 ans, à classer mes livres en ordre alphabétique, simplement parce que j’ai travaillé dans des librairies et que c’était la façon de faire. Mon oeil aguerri me permet de trouver rapidement ce que je cherche dans ma bibliothèque et c’est parfait pour moi, mais je sais qu’il existe beaucoup d’autres méthodes. J’ai donc eu envie dans cet article de vous faire découvrir 5 façons pour ranger, classer ou simplement mettre vos livres! Sur Instagram, j’ai eu droit à beaucoup de réponses telles que : par genre, par couleur, par grandeur, par préférence, et même aléatoirement! Ça prouve que toutes les manière sont bonnes pour classes ses livres! ABC. À la façon des libraires et des bibliothécaires, c’est, je vous l’avoue, la méthode la plus classique ! C’est aussi la mienne simplement par habitude! Je sais pourtant que cela demande quand même de …

« Amanita Virosa » d’Alexandre Soublière, un roman d’amour noir moderne

Amanita Virosa : Amanita virosa, de son nom vernaculaire Amanite vireuse, aussi appelée Ange de la mort, ou Ange destructeur, est un champignon basidiomycète mortel du genre Amanita de la famille des Amanitaceae. (Source : Wikipédia) Le titre choisi par Alexandre Soublière est plutôt mystérieux aux premiers abords. On se demande premièrement ce que ça veut dire, à moins bien entendu que vous soyez mycologue, soit un spécialiste des champignons. En fermant le roman, on comprend un peu plus. D’emblée j’avoue que j’avais été parmi ces lecteurs qui attendaient la prochaine oeuvre d’Alexandre Soublière avec impatience, mais peut-être pas pour les mêmes raisons que tous. J’avais lu Charlotte before Christ et même si j’avais bien aimé ma lecture, il y avait une immaturité dans l’écriture qui me chicotait. Bien sûr, j’avais compris le langage jeune et franglo et j’étais entièrement d’accord pour dire que cela s’intégrait parfaitement aux personnages et à leur contexte. Toutefois, je trouvais l’écriture très nombriliste et un peu trop empreinte de la génération Yolo. En ouvrant Amanita Virosa, je souhaitais intérieurement ne pas …

Critique de « La Fille » de Tupelo Hassman

C’est ma copine Camille qui a mis ce livre entre mes mains, entre deux travaux à la fin de la session dernière. Je n’avais pas beaucoup de temps pour lire à ce moment-là, et j’avoue qu’après avoir remis mes travaux, je n’avais qu’une envie: lire n’importe quoi qui ne me demandait aucun effort intellectuel. Je m’attendais en effet à ce que ce roman m’impose un certain effort de lecture, ce qu’on nomme souvent « une lecture exigeante ». Je repoussais cette lecture, donc, en me disant que je l’ouvrirais quand j’aurais enfin pris un peu de soleil et bu quelques verres de mojitos. Pourtant, lors d’une soirée où je ne trouvais plus rien à lire de bien bien excitant, je me suis lancée en me disant: tant pis, si c’est trop intense, je le referme et je lirai mon Elle Québec. Surprise: j’ai lu pratiquement le quart sans être capable de m’arrêter! Je passais d’un chapitre à un autre sans me rendre compte que j’étais complètement absorbée dans ma lecture. C’est l’écriture de Tupelo Hassman qui surprend (positivement). S’il s’agit …

« Plus léger que l’air » de Simon Boulerice, ou l’incroyable légèreté de lire

Ce n’est plus un secret: je suis complètement fan de littérature jeunesse, particulièrement lorsque celle-ci s’illumine de belles images. Peut-être parce que je suis moi-même demeurée enfant, c’est un genre qui me parle beaucoup et qui m’impressionne souvent de par la qualité et l’intelligence de ses textes. Certaines créations se démarquent du lot. Le dernier ouvrage jeunesse de Simon Boulerice, Plus léger que l’air, m’a laissée bouche bée, soufflée par un vent nouveau. Simon Boulerice, auteur originaire de la Rive-Sud de Montréal et comédien de formation, est à la fois prolifique et touche-à-tout: romans pour adultes, poésie, pièces de théâtre, théâtre jeune public, bandes dessinées, romans jeunesse et autres curiosités. Doté d’un imaginaire foisonnant et d’un humour surréaliste, son terrain de prédilection est celui de l’enfance, dans lequel il s’évertue à charmer jeunes et moins jeunes. Plus léger que l’air, sa toute dernière création parue en février 2015 aux Éditions Québec Amérique, collection Petit Poucet, illustrée par la talentueuse Agathe Bray-Bourret, est aussi léger et optimiste qu’un ballon gonflé d’hélium, littéralement. L’histoire est celle de …