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Visages dionysiaques: à chacun sa pastille de goût

Parfois, quand je vois un livre, je sens qu’il va me parler! En voyant celui-ci, je savais qu’il s’agissait d’un livre pour moi juste avec le titre: Visages dionysiaques. Un titre évocateur puisqu’il parle de visages et du dieu grec Dionysos, dieu de la vigne, du vin et de ses excès. Un livre qui correspond à mes deux passions: la lecture et le vin!  Dans ce recueil de nouvelles publié par l’Interligne, l’auteur, Laurent Fadanni, nous propose vingt différents personnages selon vingt vins différents. Comme quoi le vin a plus de caractère que l’on peut le penser.  À chacune des nouvelles, l’auteur nous donne d’abord la fiche du vin dont il s’est inspiré, et s’ensuit un texte unique.  Ma pastille de goût   D’abord sceptique, je ne croyais pas possible de trouver vingt personnalités différentes pour correspondre à des vins. Il faut croire que je ne suis pas encore une experte et qu’il me faudra plus de visite dans l’espace cellier, puisque l’auteur s’en ait tiré haut la main. Il nous transporte dans ce qui pourrait …

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Gilead, quinze ans plus tard

Il aura fallu près de 35 ans à l’autrice Margaret Atwood pour nous servir la fameuse suite de son roman dystopique, probablement son plus connu, La servante écarlate. Bien qu’elle terminait déjà ce dernier sur des « Notes historiques », projetant les lecteurs et lectrices en 2195 alors qu’un colloque universitaire se penche sur les écrits laissés par June, comme un héritage, un testament, c’est en fait la société d’aujourd’hui qui a invité, tout naturellement, l’autrice canadienne à poursuivre l’écriture de cette histoire. Il y a un peu plus d’un an, j’abordais ce sujet dans un article que vous pouvez lire juste ici pour vous remettre dans le bain. Cet épilogue agit telle une lueur d’espoir à la fin de ce roman désolant, obscur et loin d’être réjouissant. Bon, c’est un bien simple baume pour tout ce que nous avons enduré à travers ces 483 pages, me direz-vous, mais il demeure qu’une part de lumière réside au sein de ces dernières lignes. Effet semblable à celui suscité par l’appendice que l’on retrouve dans l’œuvre de …

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Quand les hommes deviendront des poissons

Ces légendes qui façonnent les voix que nous devenons. Celles qui définissent nos habitats, nos familles et notre histoire. Celles qui nous font rire, qui nous font peur, mais surtout celles qui nous embrument l’esprit. Parfois, le mythe nous semble si réaliste qu’il se taille une place dans notre présent en nous dictant le chemin à suivre, ou plutôt, en nous indiquant la vague qu’il faut laisser passer. Nous ne sommes que de passage, et pourtant, nous façonnons la terre sur laquelle nous aimons, si bien que chaque geste porté par une génération influencera la suivante, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien pour vivre, plus rien à raconter. Ce mythe qu’est l’extinction… Ce qui nous rend éternels, ce sont ces histoires, ces légendes et ces ragots lointains inspirés de notre savoir et de nos agissements. Les poètes, les sirènes, les bateaux qui viennent et ceux qui partent : est-ce que tout cela est réel? Est-ce que tout cela donne un sens à notre existence? Quand se battre devient trop dur, il ne suffit que de …

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Après l’insubmersible, une peine insurmontable

Je ne suis assurément pas une grande adepte de films. Rares sont les films que j’ai écoutés, et presque mythiques sont ceux que j’ai écoutés plus d’une fois. Le film Titanic fait partie de cette dernière catégorie. Film culte, je l’aime bien entendu pour son histoire d’amour dramatique, mais également pour tout le côté historique. Le début du XXème siècle est certainement l’époque sur laquelle j’aime le plus lire et apprendre, notamment grâce à des fictions. Le roman Les survivantes du Titanic, d’Amy H. Turner, a donc piqué ma curiosité. Cependant, seule une petite partie de l’histoire relatée se déroule sur le paquebot. Les deux tiers expliquent plutôt ce qui se passe dans la vie des personnages après la nuit fatidique du 14 au 15 avril 1912. Vie paisible L’histoire est celle de la famille Lindley, composée de Aidan, riche commerçant ayant fait fortune dans le milieu de la chaussure, Kathleen, son épouse, et Helen et Jane, leurs filles jumelles de 16 ans. Ils vivent dans des conditions très confortables à Norwich, dans le Norfolk, au Royaume-Uni. Aidan, …

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L’odeur du gruau : le réconfort de l’amitié

Mon automne a été parsemé de courtes lectures, pour la plupart, des recueils de poésie, alors que j’étais pratiquement submergée par les lectures et les travaux universitaires. Avec la fin de la session est venue l’envie de me plonger dans un roman, d’accorder du temps à une histoire, à des personnages pour les apprivoiser, les connaître et m’y attacher. Cette envie s’est accompagnée de la découverte de la maison d’édition franco-ontarienne L’Interligne et d’un nouvel auteur, Alexis Rodrigue-Lafleur. C’est le nom de son premier roman, L’odeur du gruau, mais surtout la proposition qui m’a attirée vers ce livre : une bande d’amis dont l’amitié, croquée à trois époques de leur vie, nous est racontée. L’amitié : témoin fidèle du quotidien Des liens qui semblent solidement tissés se resserrent et se dénouent dans ce court livre d’à peine 250 pages. On y rencontre Judith, barista dans un petit café; Béatrice et Frédéric, ses collègues; Carl et Léa, ses colocs, ainsi que Paul, un charmant client, aussi coloc de Frédéric. Les chapitres du livre nous proposent de brèves incursions …

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Cœurs Molotov, cœurs rebelles

Coeurs Molotov joue sur les cordes sensibles. En abordant des thèmes comme le polyamour, la jalousie, l’homosexualité, le féminisme et le début de l’âge adulte, le roman de la Canadienne Zoe Whittall publié en 2009 traite de sujets très actuels, mais encore marginaux. Alors que la campagne référendaire sur l’indépendance du Québec bat son plein en 1995 à Montréal, les idées d’Ève, 18 ans, se bousculent dans sa tête. Étudiante en Arts visuels à l’université Concordia, elle est en amour avec Della, une tomboy tatouée et bardasseuse qui ne veut pas de relation exclusive. Dans cette période où elle tente encore de se définir comme jeune adulte, elle essaie de contrôler sa jalousie et d’assumer pleinement ses ambitions, ses valeurs. Malgré tout, elle vit des montagnes russes émotionnelles. Alors qu’elle manque encore un peu d’assurance, elle apprend à s’affirmer et à aimer la personne qu’elle devient. Militante pour la cause des homosexuels et des femmes, elle se bat pour les causes qui lui tiennent à cœur et apprend à lâcher prise sur les choses qu’elle …

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Le rosier de la Pointe : le destin des roses de Pointe St-Charles

Il y a de ces livres qui éveillent des émotions fortes même si l’intrigue n’a rien de particulier en apparence. Justement, ce n’est souvent qu’une façade, une clôture qu’il faut franchir afin de découvrir un univers des plus riches qui suscite une curiosité sans bornes. C’est le cas du roman d’Alice Zorn, Le rosier de la Pointe, traduit en français cet automne. Le titre original, Five Roses, rappelle, à juste titre, l’enseigne géante « Farine Five Roses » qu’on peut apercevoir de loin dans le sud-ouest de Montréal. Cette affiche illuminée bien connue a une importance capitale dans le déroulement des évènements de l’histoire et relie le destin de trois femmes. Le genre de récit qui me parle vraiment, mais vraiment beaucoup. Trois femmes liées les unes aux autres Le rosier de la Pointe raconte trois histoires : celle de Fara, de Rose et de Maddy. Ces femmes habitent toutes les trois Montréal et, au départ, ne se connaissent pas. Mais au fil de l’histoire, différentes situations vont les amener à se rencontrer et à tisser des liens …

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Lignes de faille ou avoir 6 ans

Une fiction à quatre voix Je suis retournée plusieurs fois vers la plume de Nancy Huston. Tout comme les fileuses Mari-Anne et Marjorie, je suis complètement envoûtée par cette auteure canadienne qui vit désormais à Paris. Lignes de faille, une incroyable fiction qu’elle a écrit en 2006 et qui lui a valu le prix Femina est un pur bonheur et brille par son originalité. Ce roman que j’avais adoré est tombé entre les mains de ma soeur qui voulait lire quelque chose et qui se fiait à mes conseils… Aussitôt sa lecture achevée, je me suis mise en mode relecture pour découvrir à nouveau cette oeuvre qui m’avait fait chavirer quelques années plus tôt. Ce qui m’a d’abord plu c’est la manière si pertinente qu’elle a de construire un récit. On se trouve plongé dans une sorte de journal intime, où chaque narrateur s’exprime au «je». Ses quatre protagonistes ont une voix, une personnalité et une existence si complète qu’il est difficile de ne pas les imaginer en chair et en os. On les retrouve tous …

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L’homme qui avait deux ombres

Il est rare que je lise des romans d’enquête. Pourtant, à chacune de mes lectures, j’ai un vrai plaisir à essayer de comprendre les personnages, à découvrir avant eux qui est l’auteur-trice du crime. Or, à mon avis, ce roman n’est pas un réel thriller ou roman de détective, c’est plus une histoire portée sur la construction de personnages et de ce qui l’englobe. Steven Price, l’auteur, s’est concentré à rendre ses personnages vivants. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est un roman psychologique, mais l’intégrité de ses personnages est très importante. Il réussit à rendre l’histoire intrigante et accrocheuse. Son rythme d’écriture est plutôt lent, mais c’est ce qui nous permet d’être encore plus plongés dans l’histoire. En plus d’être attirée par sa magnifique couverture dorée, c’est surtout par l’époque où se déroule l’histoire que j’étais excitée. L’histoire se déroule à la fin du 19ième siècle, dans les années 1885. À travers différents chapitres, nous faisons des retours en arrière, ce qui nous permet de comprendre les liens qui existent entre les personnages. On se …

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Bad Girl, récit intime d’une autrice

Je n’en suis pas à mon premier livre écrit par Nancy Huston. Je dévore ses fictions et me délecte de ses mots assez souvent pour dire qu’elle fait partie de mes auteurs préférés. J’appréhende bien le jour où je vais avoir terminé son oeuvre complète et qu’il faudra que j’attende une nouvelle sortie de sa part… Il y a quelques mois, j’ai sorti la fin de session de ma tête en lisant Bad Girl, son récit autobiographique. La forme: « autobiographie intra-utérine » L’autrice utilise la narration à la deuxième personne, le « tu » étant adressé à la petite Nancy sur le point de naître, dans le ventre de sa mère. Cela change toute la manière dont les points biographiques sont amenés, rendant le tout beaucoup plus intime et moins linéaire. Les chapitres sont courts, parfois seulement constitué d’un paragraphe, racontant une courte anecdote. «Toi, c’est toi, Dorrit [Nancy]. Celle qui écrit. Toi à tous les âges, et même avant d’avoir un âge, avant d’écrire, avant d’être un soi. Celle qui écrit et donc aussi, parfois, on espère, …