Month: avril 2018

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Hunger: laisser les corps se raconter

Roxane Gay est une auteure qui répond à la plupart de mes dialogues intérieurs. Lorsque mes questions prennent des proportions incontrôlées jusqu’à en devenir étouffantes, j’ouvre un de ses livres et plus rien ne tombe à plat. Ça avait été le cas avec Bad feminist, ce l’est une fois de plus avec son essai Hunger.  Dans ce dernier livre, elle nous raconte l’histoire d’un traumatisme qu’elle a vécu. Gay aborde comment cet événement a morcelé sa vie et a drastiquement changé son rapport à son corps. À partir de son expérience personnelle, elle pose la question du corps en général : comment celui-ci est disséqué sous l’œil de la caméra et enfermé dans des statistiques. Roxane Gay rappelle que malgré tout ce qu’occultent préjugés, tous les corps ont une histoire. Et en partie à cause de tout ce qu’elle remue, je considère la parole de son livre comme incontournable. À travers les courts chapitres qui constituent Hunger, c’est un peu plus d’humanité et d’empathie, envers soi et envers l’autre, qui peuvent naître. Ici, la forme du livre sert absolument bien …

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Sauvage par nature de Sarah Marquis ou l’aventure d’être soi

Il y a quelques semaines, je suis partie à l’aventure, en quête de moi-même, de mes forces et de mes faiblesses. Je suis partie seule plusieurs jours, sac au dos, sans grande prétention, avec dans l’idée de toucher du doigt ce côté «exploratrice» qui sommeille en moi, juste pour voir de quoi j’étais capable. Je voulais sortir de ma zone de confort et aller chercher ce côté «sauvage» et libre au fond de moi. Avant de m’envoler, j’ai donc sondé quelques amies pour savoir quels livres les inspiraient et prenaient place dans leur backpack. J’ai eu beaucoup de retours et de références sur des récits de voyage. Un titre, particulièrement, m’a interpellé : celui de Sarah Marquis : Sauvage par nature! Explorer son côté sauvage Avec Sarah Marquis, on ne part pas seulement en expédition à l’autre bout du monde, non. On part explorer ses propres limites, on s’aventure bien au-delà de sa zone de confort, je vous assure! On sort littéralement du cadre pour sauter à pieds joints dans un monde peuplé de dangers …

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Terre-Neuve comme lieu d’épanouissement personnel

Opa, mon grand-père, était dans la marine militaire et a fait plusieurs fois le tour du monde sur son bateau. J’ai passé mon enfance à écouter ses histoires de voyage (la guerre en moins). Quand il nous parlait de cette période de sa vie, il nous décrivait Terre-Neuve comme le plus bel endroit qu’il ait jamais vu.  Il nous a quittés il y a deux ans maintenant. Bien que je n’aie jamais été aussi proche physiquement de cette île merveilleuse, je ne me sens pas encore prête à aller la voir de mes propres yeux. Au détour d’une discussion avec un de mes collègues qui va à Terre-Neuve chaque année, il m’a conseillé la lecture de ce livre d’Annie Proulx. Alors laissez-moi vous présenter Quoyle, le personnage principal : il est mou, peureux, a constamment honte de lui-même et de son menton proéminent, et sa plus grande préoccupation est de tenter de se faire oublier. Il a ainsi pris l’habitude de se contenter de ce qu’on lui donne (du mépris le plus souvent), considérant qu’il …

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L’heure mauve, quand la réalité rattrape la fiction

J’étudie en gérontologie sociale et je travaille dans une résidence pour personnes âgées en tant que responsable des loisirs. Lorsque Michèle Ouimet a sorti son deuxième roman L’heure mauve, publié chez Boréal en 2017, plusieurs personnes de mon entourage m’ont encouragée à le lire. Ce roman d’environ 365 pages se passe dans une riche résidence pour aînés d’Outremont, où Jacqueline Laflamme, ancienne journaliste atteinte d’un cancer de la langue, mène un combat effrené contre la direction qui souhaite séparer les « atteints » des « bien-portants ». Jacqueline monte aux barricades en clamant la ségrégation inhumaine et dégradante, malgré que plusieurs résidents encore en santé aimeraient être séparés des malades. La réalité versus la fiction Lorsque j’ai entrepris la lecture de ce roman, mon premier réflexe fut de tout comparer avec mon milieu. Comme un médecin qui regarde Grey’s Anatomy, j’ai dû effectuer un grand travail de lâcher-prise avant de pouvoir apprécier ce roman à sa juste valeur et me rappeler qu’il ne s’agit que d’un divertissement, une fiction. Le combat principal de Jacqueline était …

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5 bonnes raisons de participer à un de nos clubs de lecture

Une des plus belles choses qui est arrivée avec Le fil rouge, c’est d’avoir mis sur pied nos clubs de lecture. Nous étions bien loin d’imaginer toute la beauté, la profondeur et la magie qui viendraient s’y créer en discutant une fois par mois de livres avec des humains. Depuis les balbutiements du Fil rouge, on croit profondément que les livres ne sont pas seulement des histoires, mais qu’ils peuvent réellement avoir des effets bénéfiques sur la vie. La bibliothérapie, c’est tout ça et encore plus : partir des livres pour se faire du bien. Si vous êtes une grande lectrice ou un grand lecteur, vous savez totalement que la lecture est une activité plus solitaire, calme, une activité qui permet de créer un petit cocon entre nous et les mots. C’est probablement un des aspects les plus précieux de la lecture, principalement à une époque comme la nôtre. Or… il y a réellement quelque chose de mirifique de sortir de son cocon pour partager cet amour des livres avec d’autres. Nous avons eu le …

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La vie à contretemps de Glenn Gould, le roman graphique

Un homme au dos rond, le nez sur les touches d’un piano, chantonnant la mélodie comme si personne n’était là. L’image vous est peut-être familière si vous vous intéressez un tant soit peu à la musique classique. Glenn Gould est un des pianistes canadiens les plus reconnus internationalement et un interprète des plus exceptionnels. Moi-même étant pianiste, Gould est un exemple à suivre pour sa rigueur hors pair au travail et sa façon d’interpréter qui se distingue. Sandrine Revel, scénariste et illustratrice, s’est attardée à la vie de ce virtuose dans son roman graphique Glenn Gould, une vie à contretemps. Je l’ai lu d’une traite sans que je m’arrête. À part en écoutant ses enregistrements dans ma jeunesse et dans mon parcours pianistique, je ne connaissais rien de l’homme en arrière du génie. L’auteure s’est intéressée à l’enfance où Glenn Gould a commencé à jouer du piano, à sa façon particulière d’agir en spectacle et son parcours professionnel. Tout ça enveloppé de superbes illustrations, de beaux cieux gris que Glenn Gould appréciait tant, et de récits …

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La fin de mon parcours à la maîtrise

C’est la fin. Il y a maintenant deux ans, presque jour pour jour, je vous faisais part de ma décision de commencer mes études aux cycles supérieurs en études littéraires. Rappelez-vous, je venais de trouver mon directeur de maîtrise, je lisais toute l’oeuvre de Nothomb et je voguais tranquillement sur les eaux tumultueuses de l’esthétique de la laideur. Cela ne vous dit rien? Je vous réfère au texte Un long voyage de solitude : mon parcours à la maîtrise pour vous mettre à jour. En fait, ce que vous êtes en train de lire est la suite. Qu’est-ce qu’il y a en eu du chemin de fait depuis le 7 mars 2016! C’est la fin. Vraiment. Ma date de dépôt est le 4 mai. La vie est bien faite. Le 4 mai, c’est le May the 4th be with you, la journée mondiale de Star Wars. En ce jour de mai, je serai adoubée grande Jedi de la galaxie. Mon entraînement de Padawan sera enfin complété. Un crayon pour sabre laser et la force mentale …

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Mathieu Villeneuve et sa folie du Nord

Dans Borealium tremens, histoires de fond de rang, alcoolisme et prophétie se mélangent pour créer une épopée plus grande que nature… Le premier roman de Matthieu Villeneuve nous transporte dans un Saguenay-Lac-Saint-Jean démesuré, un royaume à cheval entre le réel et l’imaginaire. J’ai plongé la tête première dans cet univers, emportée par la beauté des mots. Il en ressort une sorte de poésie douce-amère. L’histoire est celle de David qui, après une errance de plusieurs années dans l’Ouest, décide de s’installer dans un rang perdu du Lac-Saint-Jean pour retourner aux sources et écrire un roman. Ayant reçu une maison abandonnée en héritage, il se met en tête de la rénover et cultiver ses terres. Or peu à peu, l’alcoolisme et les fantômes ont raison de lui et on assiste à sa lente descente vers la folie. Les lieux « Dans le lac ancien, souvenance du glacier qui recouvrait tout le continent, même le vent restait inaudible. La tourbière est une bête préhistorique endormie qui agonise depuis des millénaires. » — Borealium tremens, p.138 Les lieux parfois fabuleux jouent un …

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Hôtel Lonely Hearts : Les dessous de Montréal

Il y a de ces livres qu’on choisit pour leur couverture. Ce fut le cas pour Hôtel Lonely Hearts : je ne connaissais ni l’auteure, ni la trame narrative du roman. Le premier chapitre m’a tout de suite sortie de mes habitudes littéraires pour plusieurs raisons, et cet effet demeura tout au long du récit. D’abord, le roman est écrit par une femme québécoise anglophone, ce qui, d’emblée, est une première exploration pour moi. Ensuite, les personnalités très excentriques des personnages m’ont déstabilisée. Finalement, l’époque dans laquelle prend place l’histoire, le Montréal des Années Folles et de la Grande Dépression, m’était plutôt inconnue point de vue lecture.  Montréal crasse Bienvenue dans le monde naïf, désillusoire, choquant et plein d’humour de Heather O’Neill, que Dominique Fortier, elle-même romancière notable, nous traduit de l’anglais vers le français. On y découvre Montréal sous son jour le plus sombre, au détour de ses ruelles et à travers les yeux de ceux que la ville a rejetés. Il est étrange, donc, que malgré le plongeon tête première dans la prostitution, les …

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La philo au quotidien : jouer à réfléchir

Nous avons tous et toutes des préférences qui semblent plus ou moins excentriques aux yeux de nos proches. Personnellement, j’aime l’odeur de l’essence l’hiver (mais pas l’été), je mets de la laitue dans mes sandwichs au beurre de graines de tournesol et banane, et je réfléchis sérieusement à des questions frivoles du type « Si tu étais un arbre, lequel serais-tu ? ». Tout cela pour vous dire que je serais un orme. Et que si j’étais un signe de ponctuation, je serais un point d’interrogation, principalement en raison de sa fonction. Il suppose un échange avec soi ou avec l’autre, une quête d’information, une réflexion à venir, une réponse (im) parfaite. Il y a tellement à bâtir sur un point d’interrogation. (De plus, il a une petite bouille sympathique, tout comme moi.) Dans son livre 101 expériences de philosophie quotidienne, le philosophe Roger-Pol Droit nous encourage à faire bon usage de la question. Le quotidien, affirme l’auteur dans sa préface, est constitué d’expériences mineures et anodines qui portent en elles le germe de la réflexion philosophique. Philosophie …