Albert Théière vit avec Boulette son gros chat affectueusement gourmand. Ensemble, ils vivent une vie des plus ordinaires jusqu’au jour où Albert apprend qu’il aura besoin de lunettes. C’est avec étonnement qu’il apprend par le fait même qu’il a aussi le nez à l’envers, comme une théière, et qu’il ne pourra pas se procurer de lunettes. C’est ainsi qu’il découvre la source ultime de sa différence. Il se souvient d’événements de son enfance et de sa vie adulte où il a dû faire face au regard des autres. Il comprend aussi que c’est pour cela que lorsqu’il avait le rhume ses cheveux se peignaient si bien (Ça, ça me fait rire…) C’est cette différence faciale qui devient le point d’ancrage de tous ses ennuis, autant avec les filles que dans la vie quotidienne. La préface nous dit :
« À toutes les personnes qui ne savent pas trop comment, mais qui voudraient bien…»
Ça me parle.
C’est donc l’histoire d’Albert qui décide de préparer un plan: prendre plusieurs jours de congé, faire des provisions alimentaires pour Boulette et lui, écouter des épisodes d’Hercule Poirot, acheter un kit de moustache et lire l’histoire de la moustache de -143 à 2001. Là voilà la solution; se faire pousser une moustache comme Poirot et cacher ce nez-théière. Ce plan bien mis en place, il le portera à exécution jusqu’au moment où il devra vraiment jeter le nez dehors.
Maintenant conscient de sa différence, Albert portera des lunettes de ski pour camoufler son nez. Or, ce déguisement ne lui conviendra pas et lui enlèvera toute sa confiance, et ce, spécialement en croisant la belle fleuriste pour qui il a un faible depuis plusieurs mois. C’est ainsi que s’ensuit une prise de conscience où notre cher Albert comprend qu’il doit accepter cette différence.
Albert Théière est un roman graphique très pur et minimaliste. Les dessins de Matthieu Goyer sont simples et à la limite du dessin animé. Un peu normal de la part de l’auteur, diplômé en cinéma d’animation de l’Université Concordia. Ce premier roman est néanmoins une grande réussite, la douceur et la grisaille dans la vie d’Albert se ressentent dès les premières pages. L’auteur a réellement réussit à faire transparaitre l’ennui d’être différent chez Albert, mais surtout à faire de cette différence une réelle force. Le récit se lit très rapidement, limité par les mots et les dialogues, mais il faut prendre le temps d’admirer chaque page et chaque petit détail. Point boni pour la grosseur du livre qui nous donne l’impression et la nostalgie d’ouvrir un conte ou un album pour enfants!
Un récit sur l’acceptation de soi, mi-comique, mi-grissaille, où jaillit au sommet d’un nez en théière l’envie d’être simplement soi… j’ai adoré.
À conseiller aux adultes comme aux enfants.
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