Bibliothérapie
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Les effets des Fables sur le stress

La représentation parfaite du calme, avec la petite souris verte de Velvet Moustache et, en prime, un photographe de talent!

La représentation parfaite du calme, avec la petite souris verte de Velvet Moustache et, en prime, un photographe de talent!

La relation que j’entretiens avec les Fables de Jean de La Fontaine m’est très chère. Nous sommes de vieux amis qui ne se sont jamais vraiment quittés. Voyez-vous, depuis que je suis haute comme quatre prunes, mon minuscule papounet de près de deux mètres me lisait et relisait quelques fables avant d’aller me coucher. Il me les lisait dans une édition de 1930, toute déchirée et réparée sommairement grâce à des bouts de papier collant transparent abusivement lustré.

Photo artsy de mon édition de 1930, appartenant à mon grand-père paternel.

Photo artsy de mon édition de 1930, appartenant à mon grand-père paternel.

J’avais même un CD avec une vingtaine de fables racontées par Albert Millaire pour quand mon papa n’était pas là ! (Ma maman me lisait plein d’autres livres aussi, évidemment !)

Ledit album, que j'ai écouté tellement de fois afin de m'aider à m'endormir ou simplement pour relaxer.

Ledit album, que j’ai écouté tellement de fois afin de m’aider à m’endormir ou simplement pour relaxer.

Vous imaginez bien que lorsque je suis arrivée en cinquième année et que mon enseignante, Caroline, avait demandé à la classe d’apprendre à chaque semaine une fable différente, j’ai pouffé de rire en morvant probablement un peu: bébé fafa! Je n’avais qu’à ressortir mon album et demander à mon papounet de me les faire réciter lorsque nous irions faire l’épicerie avec Grand-maman! J’ai donc passé de belles fins de semaine à me penser bonne parce que je pouvais réciter «La Cigale et la Fourmi» et «Le Corbeau et le Renard» par cœur (ce qui est encore le cas aujourd’hui, soit dit en passant).

Bon. Cela s’est moins bien passé que prévu. J’avais oublié à quel point je détestais, à l’époque, parler devant des gens. (Les gens en question sont souvent flabbergastés quand je leur apprends cela, probablement parce que je fais de l’incontinence verbale depuis que j’ai réalisé que ma bouche faisait des sons, soit environ à l’âge de cinq mois.) Je ne me souviens même plus de comment mes récitations se sont passées. Black out total. La seule chose dont je me souviens, c’est de la méthode de Caroline pour nous évaluer: elle désignait un ou une élève, qui devait scander des vers jusqu’à son signal, puis quelqu’un d’autre devait prendre la relève. L’ANGOISSE. Mon cerveau a donc tout refoulé, grand bien lui fasse.

La Fontaine et moi avons ensuite pris un break de quelques années, mais je vous rassure: c’était pour mieux nous retrouver par la suite !

En première année de Littératures de langue française à l’Université de Montréal existe un cours intitulé FRA1000 : Introduction aux études littéraires et qui était donné, lorsque je l’ai fait, par Éric Méchoulan.

Nous avions à lire plusieurs classiques dans le cadre de ce cours: les Essais de Montaigne, Illusions perdues de Balzac (je vous parlerai de ma relation conflictuelle avec Balzac éventuellement) et, vous me voyez venir comme si j’avais un panneau en néon dans le front, les Fables de La Fontaine!

Pour moi, qui étais terrifiée par mon entrée en littératures parce que je n’avais pas étudié au cégep en lettres mais bien en sciences de la nature, cette vision dans le plan de cours m’a fait un bien énorme! Je ne les avais peut-être pas toutes lues, j’avais dû m’arrêter avant le livre 3 lorsque j’avais 11 ans, mais je savais à quoi m’attendre et j’avais enfin l’occasion d’en découvrir de nouvelles! J’avais même acheté l’édition recommandée dans le cadre du cours, pour ne pas détruire encore plus l’édition appartenant jadis à mon grand-père !

L'édition recommandée par M. Méchoulan, largement annotée!

L’édition recommandée par M. Méchoulan, largement annotée!

À l’examen de mi-session, nous avions eu à analyser la fable «Les Membres et l’Estomac». Je ne me souviens plus de la morale, elle n’est pas parmi les plus connues, mais je me souviens que cette question de l’examen ne m’avait pas particulièrement stressée, puisque j’étais en terrain connu.

Cela fait maintenant plus de quatre ans. Je rédige à présent mon mémoire de maîtrise, toujours en littératures. Mais les Fables ne m’ont pas quittée: il y a environ deux semaines, j’ai été assaillie par une crise d’insomnie qui m’a épuisée pendant quelques jours. Puis, j’ai eu une idée: et si je demandais à mon copain de me réciter quelques Fables avant de me coucher?

Vous ne me croirez pas: cela m’a pris moins de trois fables pour relaxer et m’endormir comme un loir. MOINS. DE. TROIS. FABLES.

J’ai ressorti mon disque d’Albert Millaire. Je combats non pas le spleen, mais bien le stress grâce à mes fables préférées.

Je vous prescris donc une dose adéquate du livre que vos parents ou grands-parents vous lisaient à l’heure du dodo pour vous relaxer en tout temps! De rien, les jeunes, de rien.

 

Pssst ! Ma préférée, c’est «Le Chêne et le Roseau». Quelle est la vôtre ?

 

Crédit photo: Francis B. Perron

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