Esprit d’hiver. Je suis tombée sur ce petit roman un peu par hasard, lorsque je travaillais en librairie. Cela faisait plusieurs fois que je le voyais, sa couverture hivernale dans les teintes de gris me parlait, mais je n’avais jamais vraiment pris la peine de lire le résumé à l’arrière; il y avait toujours autre chose à faire, des clients qui arrivaient, une multitude d’autres livres intéressants autour, je suppose. Cette fois-là, je ne sais pas pourquoi, j’ai décidé de lire la quatrième de couverture.
« Réveillée tard le matin de Noël, Holly se voit assaillie par un sentiment d’angoisse inexplicable. Rien n’est plus comme avant. Le blizzard s’est levé, les invités se décommandent pour le déjeuner traditionnel. Holly se retrouve seule avec sa fille Tatiana, habituellement affectueuse, mais dont le comportement se révèle de plus en plus étrange et inquiétant. »
Vendu : il ne m’en fallait pas plus pour être intriguée.
Je suis repartie avec le livre de Laura Kasischke, qui a trôné dans ma pile de romans à lire pendant quelques mois (que voulez-vous, c’est comme ça.) Puis, il y a quelques semaines, blasée de la chaleur et désireuse de me rafraîchir un peu, même mentalement (j’aime avoir froid, je l’avoue!), j’ai décidé de me lancer. Je n’avais pas d’attentes particulières, souhaitant simplement me divertir un peu.
J’ai été happée dès la première ligne. « Ce matin-là, elle se réveilla tard et aussitôt elle sut: Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux. » Je crois même que j’ai eu un petit frisson. À partir de ce moment-là, je me suis mise à espérer que la suite soit aussi prometteuse que les premiers mots… et je n’ai pas été déçue.
L’histoire est un huis clos, très simple, où évoluent deux personnages: une femme de trente-trois ans, Holly, et sa fille adoptive de quinze ans, la splendide Tatiana. Dès son réveil, Holly sent que quelque chose ne va pas. Sa fille n’est pas venue les réveiller tôt comme elle le fait d’ordinaire le 25 décembre, et son mari Éric se réveille en sursaut, constate qu’il est en retard pour aller chercher ses parents à l’aéroport, puis s’éclipse. À partir de ce moment-là, la mère et la fille se trouvent complètement seules. Bien sûr, d’autres personnages interviennent, par le biais du téléphone, ou à travers les mémoires de Holly, mais jamais en personne; les deux femmes sont donc coincées à la maison durant une énorme tempête de neige, le jour de Noël.
Rapidement, la situation, en apparence anodine, dégénère : un à un, les invités se décommandent (coincés dans la tempête, ils ne peuvent pas non plus quitter l’endroit où ils sont), le comportement de Tatiana devient de plus en plus étrange et Holly réalise, en plongeant peu à peu dans ses souvenirs, que quelque chose cloche, que rien ne va plus et que, bizarrement, elle l’avait toujours su…
J’ai dévoré ce petit suspense psychologique, qui force le lecteur à accompagner Holly dans sa longue descente aux enfers. On parcourt son passé, on l’accompagne dans son présent, on se questionne avec elle et, peu à peu, on perd pied. Comme je disais, je n’avais pas d’attentes face à ce roman ; cela m’a permis de l’apprécier à sa juste valeur et de savourer d’autant plus la chute finale. Un roman à découvrir, pour ceux qui aiment les suspenses et qui se plaisent à plonger dans la psychologie de personnages complexes, qui se dévoilent petit à petit…
_____________________________________
Esprit d’hiver, Laura Kasischke
Éditions Livre de poche
302 pages
ISBN: 9782253194323