J’ai toujours aimé l’Halloween. Plus jeune, j’adorais plus que tout me déguiser, arriver à l’école et avoir la surprise de découvrir mes ami.e.s sous leur costume toujours original. J’aimais plus encore, le soir venu, faire la tournée des maisons de mon quartier pour récolter des bonbons, puis revenir chez moi et tout classer, puis déguster. Cependant, depuis quelques années, à cause de contraintes comme mon travail ou l’université, ou juste par paresse, je ne célèbre presque pas l’Halloween. Je trouvais ça dommage, et c’est pour cette raison que j’ai décidé, cette année, de m’y remettre et de distribuer des bonbons pour les enfants.
Puisque j’habite le 3e étage d’un appartement, j’avais décidé que je m’installerais sur le trottoir devant mon entrée toute la soirée, afin de pouvoir accueillir les nombreux « petits halloweens » qui allaient passer. J’avais invité des amis, et l’on allait tous se déguiser.
Puis, j’ai eu une idée. Moi, grande folle de lecture, militant pour le plaisir de lire et agissant bénévolement en alphabétisation durant mes temps libres, j’allais distribuer des livres. Je suis allée dans une librairie usagée à bas prix près de chez moi, et j’ai acheté des tas de livres, ceux qui étaient mes préférés lors de mon enfance ou de mon adolescence. Les fausses notes de Tania Boulet, quelques exemplaires de Ta voix dans la nuit, des premières lectures de la collection des Grands Rats, des livres de la courte-échelle comme Clémentine n’aime pas sa voisine de Chrystine Brouillet ou des mini-romans comme La fiancée de Barbe-Bleue de Alain M. Bergeron. Ah, sans oublier quelques premiers tomes de Harry Potter, des albums avec de grandes images, et des livres cartonnés. En tout, une quarantaine de livres dont l’âge variait entre 1 et 15 ans se tenaient dans mon panier le 31 octobre.
Bien sûr, ça m’a coûté quand même un peu d’argent. J’ai décidé de débourser de ma poche un montant pour pouvoir ensuite distribuer des livres. Mais quand on y pense, acheter des bonbons coûte aussi très cher. Moindrement qu’on achète une petite variété en quantité suffisante, et pas juste des « rockets », les bonbons me seraient revenus à une quarantaine de dollars. C’est à peine un peu plus que ça que j’ai décidé de mettre dans ma distribution livresque improvisée. Et franchement, je trouve que l’investissement ne se compare pas (mais j’ai quand même acheté un petit sac de bonbons pour accompagner mes livres! C’est l’Halloween, quand même!).
Le soir même, revêtue de ma robe rayée, de mes bas dépareillés et de mes tresses volantes, j’ai distribué avec grand bonheur mes livres aux jeunes et moins jeunes de mon quartier. La plupart d’entre eux étaient super excités face à mes livres, très enthousiastes, ouverts à mes suggestions et curieux. Et une fois que leur choix était fait, ou que je leur avais glissé un de mes livres préférés en leur assurant une belle découverte, mon livre en cadeau allait rejoindre les bonbons au milieu des citrouilles en plastiques, des sacs aux motifs de fantômes ou des taies d’oreillers bien remplies de victuailles sucrées.
J’ai parlé de mon initiative autour de moi. Jusqu’à maintenant, je n’ai que des commentaires positifs, et l’idée fait tranquillement son chemin chez mes ami.e.s amoureux de livres qui me disent déjà qu’ils feront de mon idée la leur dès l’année prochaine. Ma mère, qui ne donne plus de bonbons depuis quelques années, m’a même dit qu’elle me commanditerait, c’est-à-dire qu’elle me donnerait un petit montant pour que j’achète et distribue une plus grande quantité de livres. L’année prochaine donc, si mon idée était déjà de refaire une distribution, celle-ci sera plus importante et me permettra de rejoindre une plus grande quantité d’enfants déguisés.
Mon initiative n’a pas de valeur pédagogique. Elle se veut plutôt dans le partage (voire la propagation massive) de livres coups de cœur, dans la valorisation de la lecture et dans le « semage » de petites graines qui, je l’espère, grandiront et feront naître un désir plus grand de lire. On ne sait jamais ce qu’un livre coup de cœur peut faire. Pour plusieurs personnes que je connais, c’est par la découverte d’un livre en particulier, ou d’un auteur, que s’est fait le premier pas vers un amour de la lecture, le tournant majeur de leur vie entre l’indifférence pour la lecture et une grande avidité qui ne les quitte désormais plus. Et en prenant des livres usagés, j’assure une circulation des bouquins déjà disponibles et déjà lus. Sans nier le besoin d’acheter des livres neufs afin de faire vivre la culture, mon initiative s’inscrit dans une volonté de non-consommation et de valorisation de ce qui nous entoure déjà, comme pour prouver qu’on peut très bien se cultiver à très bas prix et que cette culture est disponible à tous.
N’y a-t-il pas de meilleure façon de partager le goût de la lecture qu’en offrant à de jeunes lecteurs des livres qui nous ont fait triper? Que de faire circuler des « bonbons littéraires » au cœur de notre quartier? Qui sait, peut-être que la distribution de livres à l’Halloween deviendra une tradition annuelle à Montréal? Dans tous les cas, pour ma part ça le deviendra assurément, puisque je compte bien renouveler l’initiative pendant de nombreuses années.
Et vous? Quelle est votre idée pour faire circuler votre amour pour la lecture?
J’adore l’idée! De mon côté, pour rendre la lecture plus accessible, j’ai déposé cet été des paquets de livres à donner un peu partout. Et plus récemment, j’ai installé une bibliothèque « Prends un livre, donné un livre » dans une école secondaire grâce à la collaboration d’un enseignant et d’un étudiant au centre professionnel.
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Quelles bonnes idées! Les livres en circulation tombent si facilement en de bonnes mains! Et je trouve cela si gratifiant, sûrement que cela est aussi votre cas. Au plaisir!
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