Villégiature : Séjour à la campagne, à la mer, etc., pendant la belle saison, pour se reposer, prendre des vacances.
C’est aussi le titre du deuxième roman d’Alice Michaud-Lapointe, auteure que j’apprécie énormément et dont j’avais fait la critique de son premier roman, Titres de transport. Villégiature reste semblable à la source, dans ce roman, soit le nom. Mais il perd tout son sens quand les personnages se retrouvent dans un hôtel où leur conscience et leur psyché sont mises à l’épreuve.
« Nous savons pourquoi vous êtes ici. À vrai dire, nous savons déjà tout de vous. Nous savons ce que vous avez fait. Les gestes que vous n’avez pas encore posés. Ceux qui vous ont échappé. »
Ce livre rappelle le premier travail de l’auteure où elle crée de nouveau une mosaïque de personnages, chaque chapitre évolue autour d’un personnage et met en oeuvre sa propre histoire. Une seule histoire revient plusieurs fois, permettant de la faire évoluer en crescendo dans un pur mystère envoûtant. C’est un excellent contraste qui est créé entre les chapitres : pour la majorité, l’histoire commence et finit en lui, et une autre histoire, d’ailleurs la seule, s’étale habilement sur quelques chapitres, retenant ainsi notre curiosité. C’est donc l’histoire de plusieurs personnages, chacun ayant un secret au plus profond d’eux-mêmes.
Il y a l’adolescente rebelle sur le bord du renvoi, que les parents tentent d’aider en lui offrant une fin de semaine de gros luxe à l’hôtel. Il y a la fille qui regrette d’avoir agi ou de ne pas avoir agi d’une telle façon, accident qui la hantera. Il y a le gars qui est prêt à tout pour aider son meilleur ami, même le pire pour le mieux. Il y a le couple, dont la femme est enceinte, qui mérite une bonne fin de semaine romantique au repos. Il y a la fille qui a toujours été sage, qui décide d’y remédier avec ses nouvelles connaissances, et quelques autres histoires encore. Toutes ces histoires ont quelque chose en commun, elles prennent toutes une tournure surprenante et loin du but recherché. Ce sont plusieurs monologues plaintifs, qui rappellent un peu ce qu’est la vie; ses regrets, ses questions, ses envies, etc.
Le livre offre une myriade de référence au populaire livre et film The Shining par un hôtel un peu étrange, mais ô combien attrayant, une chambre 237 perturbante où le mystère règne, ainsi qu’un chapitre rappelant le manuscrit de Jack Torrance.
« Qu’est-ce qu’on fait quand on se rend compte qu’on a mis tellement de paires de gants les unes par-dessus les autres, des gants en laine pour rester au chaud, des gants à vaisselle pour rester au propre, des gants de travail pour rester en sécurité, des gants chirurgicaux pour rester en santé, des gants de boxe pour rester préparée aux coups, qu’au fil du temps on n’est même plus capable de palper la vie, sentir ses soubresauts et ses brusqueries… »
C’est un roman que j’ai bien apprécié et j’ai bien hâte au prochain travail de l’auteure qui sera sans aucun doute aussi bon.
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