Traité des peaux : une couverture contre l’obscurité
Il y a quelques mois, j’ai regardé un documentaire qui m’a beaucoup secouée : Angry Inuk, réalisé par Alethea Arnaquq-Baril. Le film parle de la chasse au phoque dans l’Arctique : controversée dans le Sud (Brigitte Bardot et ses sorties enflammées, Paul McCartney qui batifole dans la neige avec des blanchons), mais élément essentiel du mode de vie inuit. Sans complaisance et sans excès de bons sentiments, Arnaquq-Baril y explique l’importance de la chasse dans l’économie et les pratiques locales. Mais elle pose aussi des questions impossiblement lourdes : comment résister aux séquelles de la colonisation? Comment préserver une culture et ses savoirs traditionnels dans un monde à la modernité envahissante? Les nouvelles de Catherine Harton soulèvent les mêmes enjeux. Leurs fils s’enchevêtrent, partant du Groenland, bifurquant par le Nunavik et s’échouant en Abitibi. Les histoires suivent dans leur quotidien des personnages, Inuits ou Algonquins, qui naviguent en eaux troubles : ils ne sont ni tout à fait coupés des traditions ancestrales, ni tout à fait imperméables au monde des Blancs. La rencontre avec ces derniers, cependant, est faite …