Au-delà des livres
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Quand les inconnus s’en mêlent

Il était une fois, dans un bar où on sert du jus fort dans des pots Masson, sur une rue qui porte le nom d’une province voisine. Dans ce dit bar où je prenais un simple verre avec des amies, un garçon vient s’asseoir à notre table. Il est un peu imposant de sa présence, sans être dérangeant. Il amuse mes amies, elles rigolent, j’observe. Il me dit que je suis certainement la plate du groupe, ça commence mal.

Ce commentaire, je l’ai déjà entendu. N’empêche qu’il me fait un peu mal à chaque fois. Il dit à une de mes amies que elle, c’est celle qui est le fun et à mon autre amie que elle, elle observe. Des trois, je suis celle qui porte le chapeau de la plate. Il dit que je suis tranquille, que je ne parle pas, que je n’ai pas l’air à l’aise.

Ce sont ces trois critères qui m’ont valu le trophée de la fille pas le fun de la soirée ! On va oublier le fait que le gars m’a aussi fait la morale, une heure durant, sur toutes les raisons pour lesquelles ma relation de couple ne fonctionnerait jamais. C’est drôle parce que j’avais vraiment l’impression que c’était sa tactique, il essayait vraiment fort, il avait l’impression qu’il me sauvait bien du trouble en me disant sa vérité.

 Bref, revenons à ma platitude qui, cette fois, fût le centre de l’attention. Donc, avant de vous parler de là fois où un serveur m’a dit que j’étais certainement la petite tranquille du groupe, je tiens à revenir sur ces trois critères qui m’ont catégorisée comme plate.

Alors oui, c’est vrai, je suis tranquille. Par contre, c’est un concept très général, qui peut être applicable à bien des personnes, dans bien des situations et qui est loin d’être un synonyme de plate dans mon dictionnaire. Mais on parlait pas vraiment la même langue alors, je vais lui accorder un point ce coup-ci.

Je ne parle pas ? Faux. J’essaie de ne pas parler pour rien dire. Vrai. Surtout à une table où viennent de s’immiscer deux inconnus auxquels je n’ai pas vraiment le goût de parler. Non pas parce que je suis tranquille, plate ou antisociale, mais plutôt parce qu’ils ne me font pas bonne impression et qu’ils arrivent comme un cheveu sur la soupe.

Finalement, je n’ai pas l’air à l’aise ? Non. Je ne suis pas à l’aise quand un inconnu s’assoit à à peine deux centimètres de moi, met sa main sur ma cuisse, me regarde dans les yeux et me dit que je suis plate. ( le pire c’est que je n’exagère même pas )

Maintenant, vous pourrez en juger par vous-mêmes, suis-je plate?  Pour vous aider un peu dans votre jugement, laissez-moi vous raconter une autre histoire.

C’était la fois du souper de fête de Martine. On mangeait du mexicain sur un bain et le serveur nous a fait un beau petit commentaire sexiste (qu’il trouvait bien drôle) sur les drinks de filles vs les drinks d’hommes (filles et hommes oui, oui). On s’amuse, on boit notre breuvage de fille rose, on mange et finalement on paie. Rendu à mon tour, le serveur me regarde, rigole et dit ; toi, tu es sans aucun doute la sage du groupe. Il était probablement plein de bonnes intentions avec sa blague, alors je lui ai souri et j’ai dit quelque chose comme : c’est pas parce que quelqu’un porte de la dentelle et des lunettes qu’elle est sage, en rigolant ( un peu jaune ) et pleine de bonnes intentions (quoi que fausses) , moi aussi. Cette fois, son jugement était basé sur mon habillement seulement. Je porte des lunettes parce que j’aime ça être capable de voir les gens avec qui je parle. Je portais une chemise à fleurs avec un col Claudine en dentelle, par-dessus laquelle j’avais mis un gilet de laine noir, c’était bien beau et je me sentais bien dans ce que je portais, point à la ligne . Juger quelqu’un sur son habillement est souvent trompeur , comme plusieurs l’ont surement constaté dans leur vie .

Je pourrais continuer sur plusieurs autres récits du genre, j’en ai presque autant que Bruno Blanchet à d’anecdotes de voyage, mais je vais vous épargner toutes les autres  fois où je me suis laissé prendre au jeu .

 Comme toute histoire commençant par il était une fois, la fin se doit d’avoir une morale, avoir voici la mienne : j’ai décidé de partager avec vous ces anecdotes, sur ce ton, car je me suis très souvent laissée toucher par ce type de commentaires, je les ai un peu trop souvent pris comme étant vrais et j’ai pris les mots d’un inconnu qui ne me connaissait ni d’Adam, ni d’Ève, de  façon très personnelle.

 Vous pouvez bien me trouver plate, trop tranquille, trop sage, trop calme et en tirer les conclusions que vous voulez, j’ai fait la paix avec ça, avec cette fausse image de moi  que se font certaines personnes! Du moins j’essaie fort…

J’aime les cols Claudine, les chemises boutonnées, je ne crie pas par-dessus tout le monde pour me faire entendre et j’observe plus que je parle, si ce sont les critères par lesquels vous jugez quelqu’un de plate alors allez-y, décernez-moi le prix, je le mettrai à côté de mes  autres trophées !

Crédit photo : pinterest

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Curieuse depuis toujours, Marjorie s’intéresse à un peu tout, avec un penchant marqué pour les mots, le féminisme, les phénomènes de culture populaire et les mystères de la vie. Elle est bachelière en littérature et cofondatrice du Fil rouge, à travers duquel elle tente de faire son petit bout de chemin, lire le plus possible et surtout, apprendre et connecter avec les autres. Naviguant tant bien que mal à travers la vingtaine, elle trouve ses assises dans la lecture et l’écriture, cherchant toujours à comprendre un peu mieux les contradictions qui rendent la vie intéressante. Elle croit que la littérature fait partie de ces choses qui peuvent changer une vie, la rendre un peu plus douce et mettre un baume là où il faut.

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