Littérature québécoise
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La nostalgie de la maison d’enfance

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Dans les premiers articles publiés sur le blogue, je vous parlais du livre Ce n’est pas une façon de dire adieu, écrit par Stéfani Meunier. J’avais vraiment eu un coup de coeur pour cette auteure et pour sa façon de créer des ambiances par l’écriture. Dans ce roman, elle racontait une histoire de trio amoureux sur fond de musique des Beatles et de New York sous la pluie. C’est honnêtement un des romans qui m’aura le plus marquée en ce qui concerne l’ambiance du livre. Lorsque j’y repense, je sens l’odeur de la pluie, du thé et la musique des Beatles. Voilà, ce qui m’avait tant charmée de cette auteure québécoise, son pouvoir de créer chez les lecteurs, le sentiment d’évasion par la lecture.L-1608-1

C’est ce qui m’a donné envie en 2013 (Je sais ça a pris du temps avant que je le lise!) de lire son plus récent roman On ne rentre jamais à la maison, publié aux éditions Boréal. J’en ai profité durant le temps des fêtes cette année pour m’installer confortablement et le lire. Je n’ai pas été déçue. Stéfani Meunier a encore cette écriture atmosphérique qui m’avait tant plu. L’histoire est celle de Pierre-Paul qui doit quitter la maison de son enfance sur la rue Lorne, à Montréal. Cette maison qui représente tant de réconfort et d’amour lui manquera toujours un peu et ce, même à l’âge adulte. D’autant plus que c’est dans cette maison qu’il a vu pour la dernière fois son amie Charlie à l’âge de 12 ans.

Ensemble, ils étaient un duo inséparable. Et cette perte viendra influencer le reste de sa vie, d’enfant comme d’adulte. Entre les cauchemars de Pierre-Paul une fois adulte et la narration de la petite soeur de Charlie, Clara, qui viendra au monde dans une famille qui n’attend que le retour de Charlie, on perçoit la poésie et la terreur de la maison d’enfance.

Personnellement, j’ai vécu dans le même appartement les 17 premières années de ma vie et il existe une réelle nostalgie quand j’y pense. J’essaie de me remémorer la façon dont les meubles étaient placés. Je force ma mémoire à se souvenir des imperfections du plafond de ma chambre. Je veux me souvenir des moindres détails pour ne pas oublier ces souvenirs d’enfance. Je l’ai déjà dit, je suis ultra nostalgique et émotive dans la vie, alors lorsque j’ai appris que le roman traiterait d’enfance et principalement d’une maison d’enfance, j’ai voulu m’y plonger particulièrement pour ça: se remémorer la maison de notre enfance.

L’histoire de Pierre-Paul, à mi-chemin entre celle d’un deuil insupportable avec l’amour de sa vie, la petite Charlie, et entre un éternel besoin de retourner dans cette maison, porteuse de la mystérieuse disparition de Charlie, réussit à rendre cette nostalgie que j’accorde aux maisons qui habitent nos enfances.

Dans un style simple et jamais noir, Stéfani Meunier raconte avec justesse la réaction des parents de Charlie qui ont perdu leur jeune fille et encore davantage, la naissance de Clara. Quelques chapitres sont consacrés à cette dernière qui raconte à quel point le fantôme de sa soeur a mené sa vie et son identité, à quel point elle a tenté de toutes les manières de remplacer et de redevenir celle que ses parents attendaient tellement.

Je terminerai en vous laissant sur des petites citations du roman et en vous invitant à le lire emmitouflé dans une confortable couverte et avec une bonne tasse de thé chaud.

Bonne lecture !

« Les souvenirs qui me bercent, les peines qui m’ont broyé le cœur, les désirs qui m’ont porté, existent-ils, peut-on les voir, les mettre dans une boîte, les toucher du bout du doigt ? Et si on ne peut pas, est-ce que ça veut dire qu’ils n’existent pas ? Aujourd’hui je ne sais plus. »

« On l’admirait de loin comme on regarde une fleur carnivore. Sans toucher, sans venir trop près.»

« Chaque printemps, ce désir de réel. Comme à quinze ans. Le corps qui se réveille. Toucher les choses, humer à pleines narines l’herbe et les feuilles qui poussent le temps d’un clin d’œil, marcher dans les rues la nuit, vouloir faire des choses plutôt que de les imaginer. Chaque printemps, combattre le désir de troquer mon métier de scénariste contre celui de bûcheron ou de sculpteur. Chaque printemps, perdre le goût de dormir. »

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Lectrice invétérée, Martine est bachelière en études littéraires et la cofondatrice du Fil rouge. Créative et inspirée, elle a l’ambition de faire du Fil rouge un lieu de rassemblement qui incite les lectrices à prendre du temps pour elles par le biais de la lecture. Féministe, elle s’intéresse aux paradoxes entourant les mythes de beauté et la place des femmes en littérature. Elle tentera, avec ses projets pour Le fil rouge, de décomplexer et de dédramatiser le fait d’être une jeune adulte dans une société où tout le monde se doit de paraitre et non d’être. Vivre sa vie simplement et entourée de bouquins, c’est un peu son but. L’authenticité et l’imperfection, voilà ce qui lui plait.

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