La Seconde Guerre Mondiale a été racontée si souvent et sous tous les angles que malgré la fascination que j’ai pour cette période, je ne peux m’empêcher de trouver qu’on ne s’intéresse pas assez au peuple allemand, alors que la haine d’un des leurs est pourtant à l’origine même de ce conflit. Ça me travaillait depuis longtemps… Les allemands étaient-ils tous des Nazis ? Adoraient-ils tous Hitler ? Je crois que ces questions sont on ne peut plus d’actualité, notamment avec la tragédie de Charlie Hebdo, survenue à Paris, il y a quelques semaines. Devons-nous mettre tous les hommes dans un même panier parce qu’ils partagent les mêmes croyances religieuses ou les mêmes convictions politiques ? La réponse est non.
Et cette réponse est magnifiquement illustrée dans le roman de Markus Zusak, sorti en 2010 : La Voleuse de Livres.
Saviez-vous qu’environ 10 % des allemands résistaient contre le régime d’Hitler ? Personnellement, je le sais maintenant, et je ne l’oublierai plus jamais. 10 % ce n’est pas beaucoup me direz-vous? Je suis en désaccord. 10 %, c’est énorme quand on tient compte des malheurs qui arrivaient aux gens qui se faisaient prendre pour «trahison». Le cas de Liesel, jeune communiste adoptée par un couple allemand pour qu’elle puisse vivre est poignant, émouvant et nous amène à nous questionner sur l’importance des mots dans la société. D’autant plus quand la narratrice de cette histoire s’avère être la Mort en personne! La Mort qui, selon ses propres dires, «était à peu près partout, en 1943». Tantôt charmante, tantôt bouleversante, mais surtout toujours vraie, cette narratrice ne recule devant rien pour raconter l’histoire de la petite voleuse de livres et de son entourage. Ses vols, quant à eux, ne sont que prétexte pour comprendre le monde en ébullition autour d’elle. Hilarante à ses heures, son principal sujet, paradoxalement, demeure la Vie, puisque la Mort elle-même est un peu mitigée, car elle n’est pas mauvaise en soi. Elle fait simplement sa job de Mort. Fascinée par les humains, elle cherche à comprendre où réside leur humanité, alors qu’ils s’entretuent pour des raisons qui, disons-le, sont insensées. Et c’est dans la passion pour les histoires que possède la Voleuse de livres qu’elle découvre cette parcelle d’humanité…
Et pourtant, ces livres volés parlent d’eux-mêmes, que ce soit de la guerre, du déciment de la culture juive ou encore de la censure instaurée par le règne d’Hitler. En effet, Liesel sauve l’un d’entre eux de la Brûlure, hérite du journal de son ami Max, que ce dernier a retranscrit par-dessus les pages peintes en blanc de Mein Kampf, le livre d’Hitler.
Dans sa quête, elle apprend ce que signifie le mot Liberté, mais également quel est le pouvoir des mots… Celui de redonner espoir. Aussi, quand son Papa est appelé par la conscription à se rendre sur les champs de batailles, elle prend sa place. Alors que celui-ci jouait de l’accordéon dans l’abri du coin de la rue Himmel, lors des bombardements, Liesel, elle, apprend à raconter…
Un roman qui, somme toute, amène à réfléchir sur la richesse d’une langue, le pouvoir de la lecture et de l’écriture et ce, tout en douceur…
À lire pour la tolérance, la résistance et surtout l’humanité qu’il transporte…
4 étoiles sur 5