Réflexions littéraires
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Le lecteur et les best-sellers

Best-seller. Cette expression, utilisée abondamment dans le monde littéraire, n’a pas la même signification pour tout le monde. Dans le milieu de l’édition, cela signifie un livre qui a connu un immense succès commercial, qui s’est énormément vendu par rapport aux autres livres du même genre. Dans la tête de bien des gens, un best-seller est un livre qui doit forcément être bon, étant donné la quantité de lecteurs qui l’ont acheté… non?

Eh bien, ce n’est pas totalement faux… ni totalement vrai. L’autre jour, au travail, j’ai décidé d’ouvrir l’œil et, en plaçant les livres sur les rayons, je me suis efforcée de repérer ceux sur lesquels figurait la mention « best-seller ». Verdict? Énormément de livres portent cette mention, à un point tel que j’ai renoncé à compter. Le plus fascinant dans tout ça était sans contredit le fait qu’il y avait, dans le lot, de nombreux ouvrages dont je n’avais jamais vraiment entendu parler dans les médias, ni même par bouche à oreille. Bon, je sais, il m’est impossible de connaître tous les livres et d’être au courant du succès de tous les romans sur le marché (je suis humaine, hé!); malgré tout, je constate que ces livres dits best-sellers l’ont sans doute été dans leur pays d’origine, dans leur version originale, ou alors durant une période très définie dans le temps et maintenant révolue. Aussi, il faut préciser que, lorsqu’un auteur a connu un best-seller dans sa carrière, la mention continuera souvent d’apparaître sur ses prochains livres, comme un gage de qualité pour le lecteur. Utile ou trompeur?

Personnellement, j’aime bien les best-sellers, de façon générale. Plusieurs d’entre eux font partie de mes coups de cœur, ont de nombreuses qualités et beaucoup de potentiel. Je pense entre autres à la saga Harry Potter, avec ses personnages complexes, ses intrigues accrocheuses, son univers totalement original et sa véritable magie, celle d’avoir fait lire des millions de jeunes à travers le monde; je pense aux premiers romans de Patrick Senécal, à ses histoires sombres et décadentes, à sa plume bien de chez nous, à son ironie mordante jumelée à son sens du récit qui nous happe dès les premières pages; je pense au formidable Les Misérables, à la richesse de son écriture, à la beauté de son récit, à la complexité de l’histoire de Cosette et Jean Valjean, des noms connus de plusieurs d’entre nous, car ancrés désormais dans une certaine culture populaire. (J’ai choisi de vous mentionner ceux-là, mais il y en a beaucoup d’autres, évidemment.)

Je pense aussi à des Guillaume Musso, Danielle Steel, Nora Roberts, Nicholas Sparks et autres auteurs de romance, qui retrouvent à chaque nouveau livre un public qui leur est fidèle; à des Michael Connelly, Dan Brown, Robert Ludlum et autres écrivains de romans policiers, dont les intrigues captivent leurs lecteurs depuis des années; à des Marie Laberge, Amélie Dubois, Bryan Perro, Michel David et autres écrivains du Québec qui parviennent à remporter un énorme succès local, mais aussi international. Les gens les aiment, en veulent toujours plus, se réjouissent de voir leurs noms figurer dans la liste des nouveautés… et c’est tant mieux, vraiment. Si, grâce à eux, de nombreux lecteurs occasionnels parviennent à cultiver un certain attrait pour la littérature, je leur lève mon chapeau.

Cependant, popularité ne rime pas toujours avec qualité, et là se trouve mon petit bémol (car il en faut bien un!) S’il est vrai que plusieurs best-sellers le sont en raison de leur histoire palpitante et de leur écriture à la fois efficace et accessible, plusieurs autres le sont devenus parce qu’ils «surfent» sur la vague créée par un genre à la mode: la mode des romans érotiques, la mode des séries dystopiques pour jeunes adultes, la mode des vampires, etc. J’ai le regret de vous informer (si vous ne le saviez pas déjà) que, malheureusement, tout ce qui découle d’un courant au goût du jour n’est pas forcément bon, ni même intéressant. Parfois, c’est bourré de clichés; souvent, on a l’impression de lire une énième version de la même histoire; dans certains cas, la qualité de la langue n’est (vraiment) pas au rendez-vous. Mais ça se vend, parce que beaucoup de gens aiment lire ces livres-là, parce que c’est divertissant, que c’est agréable, que ça permet de décrocher du quotidien.

Et c’est correct, vraiment.

Ce qui est important, c’est de se servir de son jugement, quel que soit le choix effectué au final, qu’il plaise ou non à notre conjoint, notre mère, nos amis, nos collègues. Ne pas acheter un livre «juste parce qu’il est populaire»; ne pas choisir en fonction des autres, en fonction des goûts d’autrui. Surtout, choisir de lire un roman parce qu’on en a envie, parce que le sujet nous intéresse, parce qu’on est curieux, parce que le livre nous parle et qu’on veut savoir ce qu’il aura à nous dire. Décider par soi-même si, finalement, on aime ou on n’aime pas.

Best-seller ou pas, l’important, c’est d’écouter ses envies.

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Auteure, chroniqueuse et détentrice d'une maîtrise en création littéraire, Raphaëlle explore diverses facettes du milieu du livre à travers sa passion intarissable pour les mots et les histoires. Elle mène d'ailleurs de front une multitude de projets variés, au cœur desquels l'écriture se trouve toujours au premier plan. Dans ses créations, elle a un petit faible pour les littératures de l’imaginaire (fantasy, fantastique, épouvante, suspense), mais côté lecture, elle dévore un peu de tout; ce qui compte pour elle, c’est d’abord et avant tout de découvrir d'autres univers, pour ensuite partager ses trouvailles avec les autres. Son but en tant que lectrice? Être émue, bouleversée, émerveillée, éjectée hors de sa zone de confort. Son but en tant qu’auteure? Tenter de transmettre aux lecteurs toutes ces émotions vives et brutes qui, à ses yeux, font de la littérature une aventure sans âge et sans frontières.

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