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Une entrevue zéro déchet avec Charlotte de Sortir les poubelles

En janvier, j’ai découvert le blogue québécois Sortir les poubelles et j’ai tout de suite accroché. Je connaissais déjà Lauren Signer de Trash if for tossers et Bea Johnson de Zero waste home, mais Sortir les poubelles est le premier blogue québécois zéro déchet sur lequel je suis tombée. J’ai tellement aimé ce blogue super informatif et  intéressant que j’ai voulu en savoir plus sur le processus zéro déchet de sa créatrice, Charlotte. J’ai pris mon courage à deux mains et je lui ai écrit pour savoir si elle était intéressée à répondre à mes questions. Après un oui de sa part (yééé) et quelques mails, voici donc ce qui est ressorti de notre conversation sur son mode de vie zéro déchet.

Premièrement, qu’est-ce qui t’a poussée à faire ce changement ? Est-ce qu’il y a eu un moment décisif qui a fait que tu es passée à «l’action»?

«Cela faisait longtemps que je cherchais un moyen concret de réduire mon empreinte écologique. Éventuellement, le zéro déchet s’est imposé comme une évidence : aucun animal dans la nature ne fait de déchets et les humains n’ont jamais vraiment fait de montagnes de déchets avant l’avènement du plastique. J’ai donc décidé de ne plus en faire. Quand vint le temps de faire mes résolutions pour l’année 2015 et de me demander ce que je voulais faire de mon année, je me suis dit: « 2015, pourquoi pas, sera l’année où je deviendrai zéro déchet. »

Au quotidien, qu’est-ce qui a changé le plus depuis que tu vis un mode de vie « zéro déchet »? Qu’est-ce qui est le plus dur dans la restructuration de tes habitudes ?

« Avant de débuter mon défi, je pensais que tout allait devoir changer et qu’être zéro serait un défi chaque jour. C’est tout à fait faux. Il m’a fallu à peu près trois mois pour faire un gros ménage, donner beaucoup de choses et m’équiper d’objets plus écologiques. Puis maintenant au quotidien, il n’y a plus que lorsque je fais mes courses que je dois vraiment faire un effort. Je ne magasine plus comme avant, c’est à dire en remplissant mon panier d’épicerie de tout ce que je veux. J’ai écrit un article sur comment faire ses achats alimentaires sans faire de déchets, et en gros, ça demande simplement un peu plus d’organisation. L’autre chose qui a changé c’est que je ne consomme plus de « junk food » ou quoi que ce soit qui soit facile à se procurer et emballé individuellement, comme des chips, des bonbons, du chocolat, du « take out », etc. Mais des fois, je craque, oups! Ça fait partie de la vie!»

Sur ton blogue, tu parles souvent de la réaction positive des gens face à ton projet. Est-ce que c’est ce à quoi tu t’attendais ? Crois-tu que la curiosité des gens te facilite la «tâche», lorsque tu fais l’épicerie, par exemple?

«La vraie réaction positive des gens face à mon projet, je l’ai vue à travers mon blogue. Des gens de partout à travers le Québec (et même le monde) me suivent, m’encouragent et me partagent leurs trucs et leurs idées! C’est vraiment inspirant. J’ai l’impression d’avoir une petite armée de ninjas zéro déchet, dissimulée à travers le monde, anonyme mais toujours prête à dégainer un sac réutilisable ou à dire non à un item inutile gratuit! C’est vraiment plus à travers mes lecteurs que je reçois mon soutien, mais je dois dire que dans plusieurs cas la curiosité des gens face à mon projet me facilite la tâche également lorsque je fais mon marché. Il faut demander avec un gros sourire et beaucoup de remerciements par contre!»

As-tu un but précis avec ce défi ? (Du type n’avoir qu’un pot Masson de déchets) ou bien laisses-tu aller les choses en voyant comment ça progresse ?

«C’est certain qu’au début de mon défi, je rêvais du petit pot Masson regroupant tous mes déchets. Maintenant plus avancée dans mon défi, je suis plus réaliste. Ce que j’essaie de montrer à travers mon blogue, c’est un mode de vie sain, amusant et faisable! Je ne pense pas que ce soit possible pour monsieur et madame tout le monde d’avoir un tout petit pot de déchets à la fin de l’année. Je crois par contre que tout le monde est capable d’avoir un tout petit sac de poubelle à la fin de chaque mois, et c’est plus vers cela que je veux tendre maintenant.»

Y a-t-il une limite qui, pour toi, ne peut pas être dépassée? Te verrais-tu, par exemple, faire toi-même l’entièreté de tes produits de beauté, produits ménagers ou bien faire du « dumpster diving »? En fait, qu’est-ce qui serait, à ton avis, trop extrême dans le mode de vie sans déchets?

Je me vois parfaitement faire moi-même tous mes produits de beauté, mes produits ménagers et je suis une adepte du « dumpster diving »! La limite qui pour moi ne peut pas être dépassée est lorsque ce mode de vie devient trop intense, difficile et insoutenable dans le long terme. Je ne veux pas me sentir privée de quoi que ce soit ou me sentir en punition parce que j’essaie de faire ma part pour la planète! Je crois que tout tend toujours à revenir vers l’équilibre, et qu’on peut bien essayer d’aller vers un extrême, on reviendra toujours vers l’équilibre. Pour moi, faire très peu de déchets est un équilibre, en accord avec mes valeurs et comment je veux vivre ma vie et je pense pouvoir vivre ainsi pour toujours. Alors dès que je sens que c’est trop extrême ou que je n’ai plus de plaisir, c’est trop! Je dois prendre du recul et me réorienter.

Sur le plan personnel, qu’est-ce que ce mode de vie t’apporte? Sans tenir compte de l’empreinte écologique et tout, mais plutôt sur ta propre personne.

Pour commencer, devenir zéro déchet est vraiment amusant et stimulant! Beaucoup de gens sous-estiment cet aspect, mais c’est quant à moi le plus excitant! Ta créativité est constamment stimulée et tu te fixes des défis au quotidien, que tu remportes au quotidien hourra! Et puis progressivement, tu fais moins de déchets et tu commences à en inspirer d’autres simplement par ton exemple. Éventuellement, toutes ces initiatives te permettront de rencontrer des gens intéressants, de lire des choses intéressantes, de découvrir des magasins, des restaurants et des endroits nouveaux auxquels tu n’aurais jamais pensé! Entreprendre cette aventure, c’est comme ouvrir une porte vers un endroit inconnu. Pourquoi avoir peur? Toutes les expériences qui sortent de l’ordinaire et qui paraissent à première vue un peu folles s’inscrivent dans ton parcours et rendent la vie plus riche et excitante!

Y a-t-il des lectures que tu conseillerais ? Qui t’ont influencée dans tes choix? Qui t’inspirent?

Il y a bien sûr la bible du zéro déchet, soit le livre de Béa Johnson « Zéro déchet ». Je suis également plusieurs blogues sur l’environnement et mes préférés sont « Trash is for tossers », « No Trash Project » et « A Lazy Girl Goes Green ». Finalement, je suis une fan finie de tout ce qu’écrit et recommande l’écrivain et activiste John Robbins. Le livre « The Food Revolution » est un classique, et j’ai beaucoup aimé également son dernier livre « The New Good Life ».

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Curieuse depuis toujours, Marjorie s’intéresse à un peu tout, avec un penchant marqué pour les mots, le féminisme, les phénomènes de culture populaire et les mystères de la vie. Elle est bachelière en littérature et cofondatrice du Fil rouge, à travers duquel elle tente de faire son petit bout de chemin, lire le plus possible et surtout, apprendre et connecter avec les autres. Naviguant tant bien que mal à travers la vingtaine, elle trouve ses assises dans la lecture et l’écriture, cherchant toujours à comprendre un peu mieux les contradictions qui rendent la vie intéressante. Elle croit que la littérature fait partie de ces choses qui peuvent changer une vie, la rendre un peu plus douce et mettre un baume là où il faut.

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