Littérature québécoise
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« Amanita Virosa » d’Alexandre Soublière, un roman d’amour noir moderne

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Amanita Virosa : Amanita virosa, de son nom vernaculaire Amanite vireuse, aussi appelée Ange de la mort, ou Ange destructeur, est un champignon basidiomycète mortel du genre Amanita de la famille des Amanitaceae. (Source : Wikipédia)

Le titre choisi par Alexandre Soublière est plutôt mystérieux aux premiers abords. On se demande premièrement ce que ça veut dire, à moins bien entendu que vous soyez mycologue, soit un spécialiste des champignons. En fermant le roman, on comprend un peu plus.

D’emblée j’avoue que j’avais été parmi ces lecteurs qui attendaient la prochaine oeuvre d’Alexandre Soublière avec impatience, mais peut-être pas pour les mêmes raisons que tous. J’avais lu Charlotte before Christ et même si j’avais bien aimé ma lecture, il y avait une immaturité dans l’écriture qui me chicotait. Bien sûr, j’avais compris le langage jeune et franglo et j’étais entièrement d’accord pour dire que cela s’intégrait parfaitement aux personnages et à leur contexte. Toutefois, je trouvais l’écriture très nombriliste et un peu trop empreinte de la génération Yolo.

En ouvrant Amanita Virosa, je souhaitais intérieurement ne pas être bloquée par l’écriture et ce ne fût, heureusement, pas le cas. J’ai senti une très grande évolution chez Soublière et honnêtement, ça a grandement amélioré mon expérience de lectrice.

Voici donc un peu le contexte du roman : Winchester Olivier et Samuel Colt créent une société du nom de Hyaena qui vous donne accès à toutes les informations personnelles de vos fantasmes. Suffit de commander des vidéos, des photos, des copies SMS de vos obsessions et Hyaena saura vous combler. Infraction dans la maison de la personne, trouvaille dans l’ordinateur et même vidéo intime, tous les moyens seront utilisés pour franchir l’infranchissable. À l’ère Internet, la compagnie offre tout ce que vous désirez, et ce, sans aucun scrupule d’intimité ou de privé.

Il y a bien entendu, sous l’aspect « normal » de cette entreprise, une critique de cette société de l’information, des réseaux sociaux, de ce besoin de s’exposer en ligne, de se créer une identité numérique cent fois améliorée.

Le personnage principal Winchester Olivier, un être dur à cerner qui adore les documentaires animaliers et qui boit seulement de l’eau de pluie, finira par être obsédé, puis amoureux d’une cliente, la chanteuse Elsa. S’ensuivra une fascination envers cette femme complexe et interdite. C’est à l’image des romans d’amour noirs que leur idylle sera synonyme d’un besoin profond de s’aimer. Ensemble, Winchester et Elsa élèveront leur désir à leur obsession mutuelle.

Souvent très sombre, cru et érotique, le récit nous entraine dans une aventure très près des romans d’action, malgré les thèmes très intérieurs et intimes : amour, passion, désir. La lectrice que je suis s’est sentie dépassée parfois par les événements, qu’on ne peut réellement pas prédire. Chaque page tournée est un Nouveau monde possible, ce qui m’a plu et déplu à la fois. On saute souvent d’une émotion à l’autre, on ne peut pas dire que lire Amanita Virosa est digne des romans d’été.

Au final, je suis agréablement surprise de la plume de Soublière qui est effectivement (comme plusieurs critiques l’ont nommé) une voix très talentueuse de notre génération (je ne peux écrire cela sans penser à Hannah de Girls qui veut tant l »être, cette voix de sa génération!). Peut-être que le récit m’a touchée et fait réfléchir à cette ère du cyberespace parce que je suis entièrement dans cette société de l’image, étant dépendante de mon Mac et mon Iphone. Je serai curieuse de savoir ce qu’un-e lecteur-trice moins pris-es dans cette ère penserait de ce roman où les réseaux sociaux et la porno côtoient le quotidien.


Le fil rouge tient à remercier Johanne Paquette des Éditions Boréal pour la copie de presse

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Lectrice invétérée, Martine est bachelière en études littéraires et la cofondatrice du Fil rouge. Créative et inspirée, elle a l’ambition de faire du Fil rouge un lieu de rassemblement qui incite les lectrices à prendre du temps pour elles par le biais de la lecture. Féministe, elle s’intéresse aux paradoxes entourant les mythes de beauté et la place des femmes en littérature. Elle tentera, avec ses projets pour Le fil rouge, de décomplexer et de dédramatiser le fait d’être une jeune adulte dans une société où tout le monde se doit de paraitre et non d’être. Vivre sa vie simplement et entourée de bouquins, c’est un peu son but. L’authenticité et l’imperfection, voilà ce qui lui plait.

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