Le 27 septembre dernier, à Sherbrooke, j’ai eu l’occasion d’assister au lancement de L’alliance, le premier roman de Jason Roy, nouvel auteur dans le paysage littéraire québécois. Il faut dire que j’y étais car le Fil rouge avait reçu une invitation bien spéciale, lancée par Jason lui-même, lecteur assidu du blogue! Résidant tout près de l’endroit où avait lieu le lancement, j’étais bien décidée à couvrir l’événement et à découvrir cette nouvelle plume ainsi que l’auteur qui se cachait derrière.
À mon arrivée, je n’ai pas tardé à faire connaissance avec la vedette du jour. Regard pétillant, sourire contagieux, Jason semblait fébrile ; je pouvais tout à fait comprendre pourquoi! Ce n’est pas tous les jours qu’on publie à compte d’auteur son premier roman, une petite brique de 417 pages de surcroît…! Jason semblait réellement heureux de l’accomplissement de son projet, et l’enthousiasme des gens présents lui faisait écho. J’ai eu la chance de m’entretenir avec lui à propos de L’alliance, son roman d’aventures bien singulier.
Il faut l’avouer d’entrée de jeu, l’univers de L’alliance a de quoi surprendre: très bien structuré, détaillé à souhait, c’est un lieu où jeux de pouvoirs, guerres et affrontements se déroulent…entre les nobles coccinelles et leurs vassaux, les pucerons (oui oui, vous avez bien lu!). Dans cette histoire d’alliance improbable, le puceron Sebastian et la noble comtesse coccinelle Petra, issus de deux milieux opposés, s’unissent afin de lutter contre le règne de la tyrannique reine Tarmela. Trahison, complots, secrets et aventures attendent le lecteur dans ce roman qui se lit (presque) tout seul!
De manière générale, j’ai apprécié ma lecture. L’écriture de Jason est agréable, d’une grande richesse ; par moments, toutefois, je la trouvais un peu chargée et avec quelques longueurs, à la manière d’un Alexandre Dumas ou d’un Victor Hugo (ce dernier que j’adore, soit dit en passant). En discutant avec l’auteur, j’ai compris que j’avais vu juste: grand amateur de romans-feuilletons et de récits d’aventures où les descriptions et les adjectifs fusent, Jason souhaitait inscrire son histoire dans cette lignée, ce qu’il a très bien réussi à faire! Même si la trame narrative en tant que telle n’est pas particulièrement innovante (une bonne vieille histoire de guerres et de complots), l’originalité des personnages et la justesse de l’univers imaginé par l’auteur compensent largement ce petit bémol! Aussi, les expressions humaines « travesties » afin de s’appliquer aux insectes (« la prendre par une pince », « avoir d’autres larves à fouetter », « mordre à belles mandibules », etc.) se trouvaient parsemées à travers le texte et ne manquaient pas de me faire sourire. Globalement, L’alliance est une œuvre originale que je recommanderais aux amateurs de romans d’aventures classiques et de contes pour adultes (je dois aussi souligner, sans vendre la mèche, que j’ai trouvé la fin particulièrement habile!)
Ceci étant dit, ce qui m’intriguait par-dessus tout, une fois le bouquin refermé, était de savoir d’où Jason tenait cette idée de mettre en scène des insectes dans une histoire du genre… et surtout des coccinelles, que l’on associe généralement à de gentilles petites bêtes! Il m’a expliqué qu’il avait eu envie de déconstruire l’image préconçue que nous avons des coccinelles afin de dévoiler leur vraie nature, soit celle de redoutables prédateurs… et je dois admettre qu’il le fait plutôt bien! Le projet de L’alliance a d’ailleurs vu le jour dans le cadre d’un cours de littérature jeunesse, qu’il a suivi durant son certificat en création littéraire, à l’UQAM. Ensuite, il a soumis une bonne partie de l’histoire en guise de projet final de son certificat ; Denis Aubin, l’un de ses enseignants, l’a fortement encouragé à pousser l’histoire plus loin. Jason a donc développé son récit tout au long de son baccalauréat, pour en arriver au livre qu’il peut désormais partager avec les lecteurs.
Ce livre, d’ailleurs, il l’a soumis à plusieurs éditeurs afin de trouver qui pourrait le publier. En analysant l’ensemble des refus, il a constaté ce qu’était son « problème » : son récit, bien qu’apprécié par les éditeurs, ne semblait jamais cadrer dans les spécialités des maisons d’édition. Pas assez jeunesse, pas assez adulte ; bien écrit, mais difficile à vendre! Jason a donc décidé d’opter pour l’autopublication, ce qui lui a permis de donner naissance à un objet-livre tout en prouvant que s’auto-publier ne signifie pas forcément produire un texte de piètre qualité (comme on a souvent tendance à le penser.)
Finalement, je suis bien heureuse d’avoir pu faire la connaissance d’un individu réellement sympathique et d’avoir pu découvrir, au passage, une nouvelle voix littéraire! Pour ceux qui, comme moi, auraient envie de partir à la découverte de Jason Roy et de ses univers, vous pouvez vous procurer ses livres ici (je dis « ses », parce que Jason lançait également, pour l’occasion, un recueil de nouvelles!): http://meslivres.wix.com/jasonroy.
Mieux encore, vous aimeriez le rencontrer et discuter littérature en sa compagnie? Il sera au Salon du livre de l’Estrie, qui se tiendra du jeudi 15 au dimanche 18 octobre. Consultez la programmation pour plus de détails!
Bravo Raphaëlle pour cette rencontre avec Jason Roy , un nouveau livre Québécois et ce que j’aime c’ est de savoir qu’ il y a du contenu plus de 400 pages, donc du plaisir et du contenu à se mettre sous les yeux….
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Merci! 🙂 En effet, si vous aimez les romans d’aventures à l’ancienne et que vous n’avez pas peur des descriptions étoffées (il faut avouer que ce n’est pas tout à fait à la mode en littérature contemporaine, comme Jason et moi l’avons constaté!), c’est un livre intéressant à essayer!
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Je croyais me voir délaisser ces aventures de pucerons, coccinelles et chenilles… le livre vous aspire dans les couloirs obscurs de l’Arbre, dans les courses folles sur ses feuilles, dans les bagarres des espèces peuplant ce monde végétal, parodie virtuelle à l’image des conflits humains.
En un mot, j’aime, que dis-je j’adore, et plus, je suis envouté par la vie de Sébastien, ce courageux puceron.
Fables de Lafontaine, épopée de Alexandre Dumas, aventures à la Indianna Jones, souvenirs du monde des Hobbits, voilà tout ce que l’on retrouve dans le livre ‘’L’Alliance’’ de Jason Roy…
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Mon bouquin de l’année ! Bien écrit, bien pensé, un vrai régal de retrouver son livre le soir !
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