Il faut le reconnaître, Jason Roy a le vent dans les voiles. L’an dernier, l’auteur sherbrookois lançait un premier recueil de nouvelles et un premier roman (dont j’ai d’ailleurs fait la critique ici), et force est de constater qu’il n’a pas chômé depuis! En plus de compléter son mémoire de maîtrise en création littéraire, il a pondu le recueil de nouvelles Nos regards traîtres, dont le lancement a eu lieu à la mi-octobre.
Nos regards traîtres, ce sont vingt-cinq nouvelles, tantôt longues, tantôt très courtes, qui entraînent le lecteur dans l’univers du point de vue et de la perception (du regard, quoi.) En effet, chaque récit met de l’avant une forme de regard, que ce soit celui du personnage lui-même, celui des autres qui l’épient, un regard inventé, qui n’existe que dans l’imagination, ou, encore, notre propre regard de lecteur. Ces nouvelles aux accents souvent fantastiques sont divisées en cinq sections, qui permettent ainsi au lecteur de se faire une petite idée des thématiques qui y seront abordées, ou du ton emprunté.
Avec Nos regards traîtres, Jason Roy a créé un recueil qui intrigue, fait frémir : l’un de mes aspects favoris était sans contredit la présence d’un fantastique parfois subtil, parfois bien assumé, disséminé par touches à travers les histoires. Les nouvelles « La fille du passage », « Ce qui reste à l’aube » et « La rue Bordas » m’ont beaucoup plu pour cette raison, et ont même réussi à m’arracher quelques frissons. Aussi, à la lecture de certaines nouvelles, le lecteur ne peut que se prendre à voyager. En effet, la section « Regardez, là-bas… » présente des nouvelles qui se déroulent toutes, au moins partiellement, hors du Canada. Les descriptions sont précises, on ressent bien cette sensation de dépaysement à la lecture; c’est là une grande force de l’auteur. Deux de mes nouvelles favorites du recueil, « Blanche la ville » et « Une ville au centre », m’ont charmée par le petit côté exotique de leur univers. Des contrées lointaines en passant par un campus universitaire, un quartier résidentiel en apparence banal ou des lieux non définis, Jason Roy nous fait découvrir ici tout un éventail de regards.
Ceci étant dit, il me faut souligner que, malgré le fait que la grande diversité des lieux, sujets et époques dépeints pouvait m’apparaître au départ comme une bonne idée, dans ce cas-ci, j’ai eu l’impression que cela a parfois nui à la cohésion de l’ensemble. J’ai donc eu le sentiment d’avoir en main, un recueil inégal, autant sur le plan du fond que sur celui de la forme. Certaines nouvelles étaient exquises, avec une écriture fort juste et un suspense bien mené; malheureusement, plusieurs autres m’ont semblé moins maîtrisées, avec des dialogues un peu faibles et des conclusions que j’ai trop souvent trouvées prévisibles.
Malgré ces quelques petits défauts, je dois reconnaître que l’auteur est resté fidèle à sa ligne directrice et a su exploiter avec brio le thème du regard, sans jamais le négliger. De plus, j’ai éprouvé un plaisir certain à faire la lecture de chacun des vingt-cinq récits, et c’est, pour ma part, un point essentiel! En somme, Nos regards traîtres est un recueil étonnant, qui renferme de petits bijoux narratifs. Il suffit pour cela de savoir bien regarder…
Pour découvrir et vous procurer les livres de Jason : http://meslivres.wixsite.com/jasonroy
Merci pour cette critique! Je suis en cours de lecture de « Nos regards traîtres » et j’avoue avoir été agréablement surprise de l’habileté de l’auteur à nous donner des frissons à chaque page. La gamme d’émotions passe par l’angoisse, l’attente, la perplexité parfois et chose certaine, le suspense est assuré! On est parfois même désorienté mais toutes ces histoire de regards et de perceptions sont vraiment captivantes. Jason Roy est un auteur prolifique et très talentueux!
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Ça me fait plaisir! Contente de voir mon avis partagé par d’autres lectrices et lecteurs! 🙂
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Eh bien voici un livre qui sera acheté pour ma belle-maman…je crois qu’elle va le dévorer.
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Bien heureuse de l’entendre 🙂
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