En 2014, Le fil rouge a été sous le choc avec la publication du premier roman de Mikella Nicol, Les filles bleues de l’été. Dans une langue simple, poétique et un imaginaire fortement inspiré de notre génération, Les filles bleues de l’été est devenu un coup de coeur indéniable pour l’équipe.
L’auteure a donc eu la gentillesse d’accepter de participer à notre questionnaire Autour des livres pour en apprendre davantage sur sa façon de créer et sur son rapport aux livres. Rencontre avec une jeune auteure inspirante.
Quel est ton premier souvenir en lien avec la lecture ?
Je me souviens surtout qu’à l’école primaire, je lisais sur mes genoux, le livre caché sous mon pupitre. J’ai commencé à vraiment « aimer l’école » très, très tardivement dans ma vie (je fais présentement une maîtrise en études littéraires), et donc je m’ennuyais. J’en avais parlé à ma mère, qui m’avait dit que dans ce cas, je devais faire mon propre enseignement. En lisant en cachette, par exemple.
Avais-tu un rituel de lecture enfant ou un livre marquant ? Et maintenant, as-tu un rituel de lecture?
À part ce dont je viens de parler, je ne me souviens pas, pour l’enfance. Maintenant, je suis victime du grand paradoxe du fait d’étudier en littérature depuis le bac : peu de temps pour lire, et si oui, pas souvent des livres que je choisis. J’ai toujours essayé d’en avoir un en cours en tout temps, qui serait purement pour mon plaisir. Celui-là, je le lis dans le métro, dans le bain, ou dans mes pauses, à la job.
As-tu une routine d’écriture, des rituels ? Dans quel état d’esprit dois-tu être pour écrire ? Le moment le plus propice à l’écriture, c’est pendant le café du matin. La plupart du temps, pour écrire, je dois être relativement de bonne humeur et enthousiaste. Même quand j’écris des choses tristes, il faut que ce soit dans un état d’esprit qui me laisse penser que c’est possible et réalisable, comme projet. Le matin, avant d’être assaillie par quarante-cinq autres obligations, c’est encore le cas. Sinon, une émotion un peu plus violente que d’habitude est aussi efficace. Là, c’est quand ça monte, n’importe quand dans la journée.
4. Quels sont les livres qui t’ont donné envie d’écrire ?
Tous les bons livres que je lis ! De mon premier coup de cœur (Catcher in the Rye de Salinger) à ce que je lis en ce moment (La mort d’un père, Karl Ove Knausgard).
5. Quel est le livre qui t’a le plus fait cheminer personnellement et pourquoi ? Peut-être la poésie d’Anne Sexton. Elle est assez méconnue ici, mais moi je l’adule. Son recueil Love Poems, particulièrement, me tue à chaque fois. Ses poèmes m’ont fait cheminer sur le plan de l’écriture, ils m’ont pointé du doigt quel genre de réalité vécue par les femmes j’avais envie d’aborder dans mes propres textes.
6. Si tu pouvais vivre dans un monde littéraire, ce serait lequel ? Je voudrais peut-être être une amazone, comme dans Les Guérillères de Monique Wittig. Ce n’est clairement pas de tout repos, par exemple, comme univers.
7. Quel livre relis-tu constamment sans même te tanner ? Probablement The Bell Jar de Sylvia Plath. C’est un peu déprimant, mais ma fascination pour sa prose est trop forte.
8. Quel est ton mot de la langue française préféré ? Je ne peux pas en nommer juste un… J’éprouve de la satisfaction envers les mots qui ressemblent (ou sonnent comme) ce qu’ils évoquent. « Délester », par exemple, c’est un mot que j’aime parce que j’ai vraiment l’impression que l’on comprend, on visualise l’action juste en le prononçant. Des mots efficaces.
9. Quel livre aurais-tu aimé avoir écrit ? Franny and Zooey, de Salinger (seigneur, quel livre !). Et plus généralement, j’aurais voulu inventer la famille Glass, que Salinger met en scène dans un grand nombre de ses nouvelles. Cette famille-là a une histoire et une dynamique interne, tout en restant tellement mystérieuse. Elle nous échappe. Et l’ensemble ne prend pas des airs de saga familiale avec rebondissements. Bref, j’aurais voulu créer l’univers de cette famille.
10. Si tu écrivais ta propre biographie, quel serait le titre ?
Peut-être Tu dors Nicol, comme le titre du film (mais orthographié comme mon nom). J’ai un ami malicieux qui m’appelle comme ça. Comme je passe pas mal ma vie entière à essayer de retrouver les objets que je perds, à me perdre parce que je n’ai pas le sens de l’orientation, à tout oublier, à briser les objets dont je fais juste m’approcher… je pense que le surnom me va quand même bien. Mais la biographie ne serait pas terrible.
Ping : Nos suggestions de livres pour la rentrée littéraire du mois de septembre du défi #jelisunlivrequébécoisparmois | Le fil rouge
Ping : Ce qu’on a lu comme livres de la rentrée littéraire pendant le mois de septembre #Jelisunlivrequébécoisparmois | Le fil rouge
Ping : Nos suggestions de lectures « premier roman » pour le mois d’octobre du défi #jelisunlivrequébécoisparmois | Le fil rouge