Littérature québécoise
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Du léger pour emporter : 3 titres pour 1 lb de livres

On change nos habitudes comme on change de chemise au Québec, c’est-à-dire un peu au gré des saisons, non? Souvent, c’est reflété par notre menu qui s’allège plus les Celsius montent. L’été, on est nombreux à délaisser la bonne grosse lasagne riche pour une ô combien satisfaisante toastée aux tomates. J’ai remarqué le même phénomène du côté de mes préférences littéraires : elles s’allègent plus il fait chaud. Mes lectures d’été (ou de vacances ailleurs sur le globe lorsque faire se peut!) se passent majoritairement dans un parc, entre un arbre et une couverture. Et plus de titres sont lus que durant le reste de l’année parce que j’ai tendance à choisir ceux contenant moins de pages. Comme une envie de passer moins de temps avec le même livre. Je vais privilégier durant cette période les poids légers aux Dostoïevski plus hivernaux, à mon avis. J’ai envie de me laisser transporter par les mots et n’être que de court passage dans un même univers. Pouvant très bien se glisser dans votre valise ou vous accompagner au parc cet été, me viennent en tête trois courtes œuvres québécoises à vous suggérer, que j’ai eu la chance de lire dernièrement.

Le premier titre est de Bianca Côté, soit Un mandala dans une benne à ordures, sorti en 2015 sous l’éditeur Écrits des Forges. Il s’agit d’un tout petit recueil, mais très singulier de par son approche. En tout juste 58 pages, la narratrice philosophe sur les aléas de la vie à travers un discours intérieur fait de l’observation d’un écureuil. De sa vie pas si simple de petit rongeur, on voit qu’un parallèle peut être fait avec sa propre existence. Fallait y penser!

« Il y a toujours quelqu’un pour nous vouloir ailleurs, dans un sentier sec, sans tapis de feuilles. Les écureuils réincarnent peut-être des gitans évincés de leur voyage, soustraits d’un continent peau de chagrin. » p. 27

Une idée originale qui se mêle à la plume douce de l’auteure. On ne voit plus l’animal comme on le voyait, après cette lecture. Je vous conseille de faire l’expérience de lire au moins quelques pages dans un parc où, forcément, vous pourrez y observer d’un autre œil des écureuils à votre tour. Expérience assez fascinante, garantie!

Comme deuxième titre léger à emporter, il y a, de Guillaume Lebel, Dans l’œil des vestiges. Sorti en 2013 sous l’éditeur Hexagone, il s’agit d’un recueil de poésie de 70 pages exprimant simplement la nostalgie de l’amour qui ne survit plus que par les pensées. Une poésie éloquente. Chaque page lue est vécue comme une sensation de vide au creux du ventre. Parce qu’on a (presque!) tous déjà eu mal de l’absence de l’autre, chaque page tournée nous file une impression de déjà vécu.

« j’ai retenu chaque geste

tes mains

dans tes cheveux

l’épingle que tu retires

oeufs

pain

lait

ton écriture » p. 29

Au travers des banalités quotidiennes, une prose cruelle de vérité. Ce n’est pas du lourd, mais c’est à lire, pour vous exorciser le restant de douleur et commencer l’été le cœur allégé.

Dernière suggestion, mais non la moindre, Un bus pour Tokyo, de Jean-Sébastien Huot. Sorti en 2015 sous la maison d’édition Les Herbes rouges, il s’agit d’un court roman de 91 pages parfait pour s’évader et qui se lit d’un trait! La scène s’ouvre à la gare d’autocars de Montréal (décidément, c’est un lieu récurrent dans mes lectures dernièrement, voir mon autre article sur ce sujet) et on y découvre un jeune homme qui aime passer du temps à observer la faune voyageuse et à écrire, puis à vouloir partir. Comme le titre le dit, on sait où il s’en va, mais il passe d’abord par 4 chemins rocambolesques pour s’y rendre : le Hershel’s Deli, son enfance, sa vie de débauché ainsi que par différentes villes américaines. Oui, un bizarre d’itinéraire pour atteindre Tokyo! Un extrait qui donne le ton :

« Une fois sur pied, je fis basculer l’enragé, qui tomba tête première dans un seau de cornichons. L’ayant aveuglé, j’en profitai et l’assommai d’un gigot d’agneau, puis je lui enfonçai une cuisse de poulet dans la gorge. Au même moment, le SWAT enfonça la porte des cuisines et se précipita sur le corps inerte du forcené. » p. 46

Des descriptifs fous du début à la fin, sans toutefois s’y perdre. Dès la dernière page terminée, le qualificatif disjoncté m’est venu en tête. Un disjoncté agréable à lire. Vous avez aimé le film The Big Lebowski? Lisez Un bus pour Tokyo! Et bon été!

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