01Vous le savez, je crois infiniment au pouvoir des livres, de la lecture et des effets que cela peut avoir sur le développement humain. Je prends donc plaisir à lire des essais de spécialistes qui ont la même vision que moi. Dans Éloge de la lecture, construction de soi, Michèle Petit aborde plusieurs thèmes liés à la lecture. Quoique je n’aie pas tout aimé de ce texte, je pense quand même qu’il y a quelques perles qui méritent d’être soulignées. Michèle Petit est une anthropologue qui s’intéresse beaucoup à la lecture dans la construction de soi, mais aussi dans des lieux communs tels que la bibliothèque.
Elle utilise la sociologie comme la psychanalyse pour parler des effets de la lecture et surtout pour démontrer par tous les moyens que les effets de la lecture sont nombreux autant chez les individus que dans une collectivité. Elle aborde la lecture comme une réelle façon de se construire de façon intime. Elle considère que la lecture est une voie d’accès directe à ce territoire de l’intime et ainsi, un chemin direct pour davantage se comprendre, se connaitre et ainsi, être un peu plus soi-même.
Le lecteur élabore un espace à soi où il ne dépend pas des autres, où il tourne même de dos aux siens, momentanément.
Le livre devient plus qu’un passe-temps, il devient un ami, une façon de ne pas être seul tout en l’étant toutefois. Cet acte si solitaire qu’est la lecture permet au lecteur de davantage prendre du temps pour se connaitre, pour prendre du temps pour lui tout simplement. L’amour des livres est aussi un accès direct vers une sorte d’abri, comme elle le dit. Une petite cabane que l’on se construit au fil des pages pour aller s’y réfugier en cas de besoin ou pour retrouver cette sérénité d’être avec soi, mais entier de personnages.
Un livre, c’est une hospitalité qui est offerte, une sorte d’abri que l’on peut emporter avec soi, où l’on peut faire retour, un refuge où résonne comme l’écho lointain de la voix qui nous a bercé du corps où nous avons séjourné.
Un autre aspect qu’elle a abordé qui m’a beaucoup plu est le fait qu’elle n’adhère pas aux usages sociaux de la lecture chez les jeunes. Par exemple, elle ne croit pas que les livres jeunesse devraient être moralisateurs et simplement axés vers un résultat. Pour que les jeunes lisent, il faut leur donner envie d’aimer lire et de trouver dans cette activité un réel plaisir. Les bienfaits de la lecture se font sentir sans que l’on tente de les susciter par une lecture trop éducatrice, voire aussi trop guidée.
La construction de soi par la lecture passe beaucoup par le bien-être, par ces livres qui font du bien, qui nous font plaisir ou nous aide à mieux nous comprendre, nous saisir. Même si ce principe est difficilement définissable, il n’en reste pas moins que les jeunes doivent avoir le goût de lire et non de sentir une pression scolaire derrière ces lectures. Heureusement, l’amour de la lecture et de l’école sont amplement possibles, suffit de mettre l’amour avant les résultats concrets de la lecture.
J’ai trouvé cette lecture fort pertinente dans mon approche envers la bibliothérapie et l’entreprise que devient Le fil rouge. Ce bouquin m’a confirmé que plusieurs de mes croyances vis-à-vis la lecture étaient fondées et que la découverte de soi passe beaucoup par la lecture. La lecture permet aussi, et heureusement, la découverte de l’autre et du monde et c’est tant mieux. Pas nécessairement besoin de se voir dans chacune des lignes d’un roman, il suffit parfois d’apprendre à emprunter d’autres lunettes pour évoluer de son côté.
Cet éloge de la lecture est une étude poussée, bien vulgarisée et surtout ouverte sur les effets concrets du plaisir de lire. Je le conseille à ces amoureux des livres, à ces passeurs de livres.


