Le prix de la chose, le premier roman de Joseph Elfassi, nous propose une fable féministe qui aborde entre autres les thèmes du sexe et de l’argent, de l’iniquité homme-femme, de la culture du viol et de la notion de consentement sexuel.
Louis, obsédé par le sexe, se retrouve frustré et désemparé face aux actions d’un nouveau mouvement révolutionnaire nommé F. qui engage les femmes – copines, maîtresses, épouses ou amantes d’un soir – à demander une rémunération pour chaque relation sexuelle avec un homme afin de reprendre le contrôle sur leur vie et sur leur corps.
Nous ne baisons pas pour de l’argent. Nous éliminons la prostitution en rendant le principe universel.
C’est dans un contexte de science-fiction que l’auteur dresse le portrait d’une société où les femmes font massivement preuve de solidarité entre elles. Elles se fâchent enfin. Plusieurs femmes se rassemblent pour une cause noble : la leur. Les chercheuses se concentrent maintenant sur les femmes qui étaient jusqu’à ce moment moins prises en considération que les hommes. Le viol est contré par des avancées scientifiques et de sérieuses précautions sont prises : tous les rapports sexuels des membres de F. sont enregistrés, documentés et facturés. À travers ces changements sociétaux drastiques, en plus des grandes avancées scientifiques, on assiste aux réactions de la population et au (triste et prévisible) traitement de la nouvelle de la part des médias.
Dans les médias masculins, on parle d’une épidémie de suicides. On pleure les jeunes hommes qui partent. On stipule qu’on ne sait rien sur la cause précise de leurs trépas, mais on avance souvent que c’est peut-être à cause du caractère dépravé du nouveau monde dans lequel on vit. On dit que les hommes n’en peuvent plus. Qu’ils s’enlèvent la vie parce qu’il ne reste plus de raison de vivre si l’amour a disparu. On chante leur perte comme la mort même de l’amour.
Le roman est court et se lit facilement. L’idée est forte et j’aurais aimé la voir développée davantage. Il aurait été intéressant de connaître les impacts d’une telle révolution encore plus en profondeur. Je ne me suis pas attachée au personnage principal qui se veut plutôt quelconque; c’est davantage l’histoire, assez inusitée, mais au propos inéluctable et d’actualité, qui m’a accrochée au livre. En fait, je dirais que cette société imaginée est un personnage en soi.
Ce roman au propos intelligent nous laisse sur un questionnement nécessaire par rapport au statut des femmes. Bien que Le prix de la chose se lise rapidement, il se réfléchit longuement.


