All posts tagged: argent

Le monde des autres, Line Deslandes, Québec Amérique, Latitudes, Le fil rouge, Le fil rouge lit, lecture, livres, les livres qui font du bien, littérature québécoise, gros lot, million, argent, ennui, lenteur, amitié,

Gagner le gros lot ne change pas le monde…

Louis vit dans une maison beige meublée de divans beiges; il n’a personne, sa mère est morte et sa femme partie, il vit une vie bien beige et n’a aucun ami. Sauf Michel, le vendeur de voiture, et son garagiste Jack, qu’il ne connait pas personnellement, mais à qui il a inventé une vie palpitante avec sa femme fictive et leurs passe-temps imaginaires. Il y a aussi Josiane, une jeune entrepreneure qu’il a observée sur la couverture d’un magazine une fois et de qui il est tombé amoureux. Puis un jour, Louis gagne le gros lot à la loto. Cinquante-quatre millions de dollars. Louis n’est même pas certain de pouvoir compter jusque-là, il mourrait probablement d’ennui bien avant. Je m’entendis crier en direction du répondeur avant de remonter en courant pour m’asseoir, à bout de souffle, dans mon fauteuil inclinable et m’obstiner à attendre un appel d’outre-tombe, déchiré entre les restes de mon discernement et la perte de mes derniers repères. Je n’avais jamais rien su, sinon que ma mère serait toujours là et combien …

Le prix de la chose ou comment les femmes ont repris le contrôle sur leur corps

Le prix de la chose, le premier roman de Joseph Elfassi, nous propose une fable féministe qui aborde entre autres les thèmes du sexe et de l’argent, de l’iniquité homme-femme, de la culture du viol et de la notion de consentement sexuel. Louis, obsédé par le sexe, se retrouve frustré et désemparé face aux actions d’un nouveau mouvement révolutionnaire nommé F. qui engage les femmes – copines, maîtresses, épouses ou amantes d’un soir – à demander une rémunération pour chaque relation sexuelle avec un homme afin de reprendre le contrôle sur leur vie et sur leur corps. Nous ne baisons pas pour de l’argent. Nous éliminons la prostitution en rendant le principe universel. C’est dans un contexte de science-fiction que l’auteur dresse le portrait d’une société où les femmes font massivement preuve de solidarité entre elles. Elles se fâchent enfin. Plusieurs femmes se rassemblent pour une cause noble : la leur. Les chercheuses se concentrent maintenant sur les femmes qui étaient jusqu’à ce moment moins prises en considération que les hommes. Le viol est contré par des avancées scientifiques …

La chambre verte: destructrice avarice

La Chambre verte est un roman bien difficile à décrire: est-ce une saga familiale ou un roman gothique? L’auteure veut-elle nous faire rire ou nous apprendre une leçon? Eh bien au final, c’est peut-être un peu de tout ça qui se retrouve dans le roman de Martine Desjardins, déjà bien connue du paysage littéraire québécois. L’auteure nous fait plonger dans un univers bien particulier: l’histoire de la famille Delorme, obsédée par l’argent et par les économies, est campée dans le vieux manoir familial, où se trouve la fameuse chambre verte, coffre-fort qui abrite la fortune des Delorme. Or, ce manoir tient un véritable rôle dans l’histoire: la maison est un personnage, est parfois la narratrice de cette histoire, et pose des actions qui ont un véritable impact dans le récit! C’est donc parfois elle qui nous guide à travers la vie de ces personnages excentriques, aux obsessions délirantes. On entre aussi dans le Montréal des années 1900, alors qu’on présente l’histoire des ancêtres de la famille Delorme. Les lectrices découvrent comment s’est déroulée la construction du chemin …

Quand tu deviens une adulte trop vite

Je n’ai jamais été de ceux qui ont eu tout cru dans le bec. Je n’ai pas de parents riches. Je ne suis pas enfant unique. Il y a dix ans, on aurait pu me regarder en pensant que je n’irais pas très loin dans la vie. Heureusement, j’ai de l’ambition. Lorsqu’il m’arrive de dire que je suis la première universitaire de ma famille, j’ai droit à diverses réactions. Les gens sont étonnés, admiratifs et/ou outrés. C’est qu’à 17 ans, j’ai quitté le cocon familial pour voler de mes propres ailes. J’en connais très peu des comme-moi et pour ceux et celles qui en font partie, je vous lève mon chapeau. Combien de fois m’a-t-on dit: Tous les jeunes que je connais qui ont quitté la maison aussi rapidement reviennent inévitablement chez leurs parents la queue entre les jambes? Il y a sept ans, je me suis promise que ce ne serait pas mon cas. À 24 ans, je suis donc totalement indépendante et fière d’être la seule responsable de ma réussite. Durant toutes ces années, …