La rencontre avec Caroline
Récemment, j’ai eu la chance d’assister à l’enregistrement de l’émission Deux hommes en or diffusée à Télé-Québec avec mon amie Geneviève (allô Gen!), et lors de cette soirée j’ai pu observer de proche l’intéressant être humain qu’est Marc Séguin qui était justement un des invités de cette soirée.
Lors de cette émission, il venait notamment présenter son nouveau documentaire-choc sur l’agriculture et par le fait même parler de son nouveau roman Les repentirs, 2 des nombreuses cordes à son arc. Patrick Lagacé l’interviewait sur ce roman fascinant à mi-chemin entre l’autobiographie et l’autofiction, et on y apprenait que cette lecture l’avait fortement ébranlé. Une phrase l’avait marqué et il en a fait mention, et j’avoue que pour moi et Louba, c’est évident que ce petit bout de paragraphe nous a aussi profondément touchées. Le voici :
Oubliez l’alpinisme, les explorateurs du cosmos, des mers et des monts. Ce sont des petites vanités. Les continents et les sommets ne sont pas intéressants, ce sont des limites qui s’atteignent. Les abîmes, eux, n’ont pas de drapeaux qui clament leur conquête. C’est loin, le fond de soi.
C’était suffisant pour que j’aie une envie folle de me plonger dans ce roman. Il est arrivé quelques jours plus tard dans ma boîte aux lettres, et en une soirée je l’avais terminé, complètement bouleversée. Le lendemain je clamais déjà haut et fort qu’on devait à tout prix lire ce roman.
Un roman — 3 histoires
C’est à partir de la demande de la Collection III que Marc Séguin s’est prêté au jeu de raconter trois souvenirs, trois vraies histoires à partir desquels il pouvait dévier ensuite et ajouter du « crémage » comme il le disait lui-même dans son entrevue télé. Les 3 histoires parlent d’enfance, de la recherche de soi, mais surtout d’amour. D’ailleurs le livre est dédié à l’amour de sa vie qu’il, le dit lui-même, n’a jamais réussi à aimer autant qu’il l’aurait souhaité. C’est un livre profond, touchant, qui vient vraiment toucher des cordes sensibles, croyez-moi. Un livre qui vient fouiller et creuser au fond de soi, et donc la finesse est telle qu’il est impossible d’en deviner le vrai du faux.
À lire assurément.
Caroline Matte
* Merci à Québec Amérique pour le service de presse.
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Une surprise attendait Louba à la librairie
Je savais que Marc Séguin venait de publier un recueil de ses poèmes adolescents (écrits entre 16 et 18 ans) aux éditions du Noroît, Au milieu du monde, mais quelle ne fût pas ma surprise en découvrant cette publication aux tons de bleus en entrant à la librairie Liber de New Richmond. Une amie qui était avec moi au moment de l’achat m’a tout de suite répété quelques mots qu’elle avait entendus à la télévision concernant Les repentirs. Elle m’a dit que ce ne serait pas une lecture facile, mais bien au contraire, qu’elle serait crue et dérangeante. Elle avait raison. Les repentirs de Marc Séguin m’a littéralement brassée et je ne suis pas ressortie indemne de ma lecture.
Au fil des mots, des pages, en parcourant les trois souvenirs narrés de manière autofictionnelle par son auteur, le titre, ainsi que la photographie illustrant la couverture du livre (photographie gracieuseté de l’auteur) m’ont paru si efficacement choisis.
Les repentirs
Définition de repentir selon le Larousse : Vif regret éprouvé pour une faute commise, accompagné d’une promesse de réparation. Correction apportée par un écrivain, un artiste à son œuvre, à son texte et en particulier par un peintre à son tableau en cours d’exécution. Nous pourrions ajouter : à sa vie, par la création.
Marc Séguin est invité par Collection III de Québec Amérique à raconter trois souvenirs […] trois récits inspirés de moments marquants dans la vie de l’auteur. Les trois moments que nous dévoile l’artiste sont reliés ici par la présence d’une fille, d’une femme qu’il a tenté par tous les possibles d’aimer ou plutôt de se laisser aimer par celle-ci; Arielle Murphy, à qui il dédit le livre. Les trois histoires survolent le temps entre l’enfance et l’âge adulte. Les tumultes de la préadolescence, les amitiés complexes et la mort, qui entre autres, revient comme un leitmotiv dans la vie du jeune Marc souffrant d’un léger autisme et donc incapable de vivre ses émotions de la même façon que les autres.
L’enfance peut être un lieu à la fois terrible et grand de toutes sortes d’expériences humaines qui nous suivront ensuite dans notre vie d’adulte.
La franchise désarmante de Marc Séguin
Marc nous parle d’amour, d’art, de pulsions avec une franchise renversante. Il revient sur tous les non-dits et les silences qui ont bercé les années où il est devenu par amour, par la création et par une vision singulière quelqu’un de respectable.
J’ai toujours apprécié le travail littéraire de Marc Séguin, en grande partie, pour son honnêteté et c’est ce que je ressens le plus ici. Même s’il s’agit quelque part d’autofiction, les pensées, les idées, les mots francs, la justesse avec laquelle il décrit une situation ou une émotion m’ont complètement traversée. Je me suis reconnue un peu partout, dans chacun de ses personnages.
Marc Séguin a une plume simple qui entre, sans qu’on en prenne garde, dans nos profonds abysses pour aller y jouer, pour que s’exposent des parties de nous qui ne veulent pas se montrer. Il a ce pouvoir.
Je suis passée tout de même assez rapidement à travers les 155 pages de ce court récit. Même si je devais parfois prendre des pauses pour souffler parce que j’avais le cœur gros ou le cœur qui battait très vite. Je savais souvent ce qui s’amenait parce que l’auteur dévoilait tout à l’avance, mais ensuite il nous amenait avec lui dans ses souvenirs, nous jetait dans le même vide qu’il a certainement lui aussi ressenti face à certains évènements.
Je sens qu’en terminant ce livre, il y a eu une ouverture sur le fond de moi, par un effet d’entraînement.
Moi qui avais toujours cru que l’art cherchait à nous nommer. Alors qu’au contraire, il ne reflète qu’un état de manque. C’est l’écho du vide.
Je le conseille fortement, pour la force, pour l’intelligence, pour la vitalité des détails et pour la profondeur complexe des sentiments et de l’acte créateur.
Louba-Christina Michel