Avec ce roman, pas de mauvaise surprise. Cette histoire est tragique et on le sait dès le premier paragraphe :
Ils l’ont retrouvée comme ça. Nue et morte. Sur la plage d’un pays arabe. Avec le sel qui faisait des cristaux sur sa peau.
Une provocation.
Une exhortation.
À écrire ce livre, pour toi, mon fils.
À mi-chemin entre le roman d’amour et le roman policier, Plonger de Christophe Ono-dit-Biot nous emmène au cœur d’une relation vouée à l’échec entre deux êtres diamétralement opposés, qui se rejoignent toutefois sur un point : leur égoïsme. Vous l’aurez compris, ces deux personnages n’ont pas vraiment attiré ma sympathie.
César, le narrateur, raconte à son fils l’histoire de sa mère, Paz, retrouvée morte alors que ce dernier n’était encore qu’un bébé. Ce récit, César ne le fait pas seulement pour son fils, il le fait aussi (surtout) pour lui : pour essayer de comprendre comment il a pu perdre la femme qu’il a tant aimée.
On apprend donc que Paz est une jeune photographe d’origine espagnole, fougueuse, indépendante, insolente et avide de voyages et de nouveaux horizons. César est plus vieux qu’elle, il est hautain, aigri et marqué par des expériences traumatisantes vécues pendant sa carrière de journaliste, notamment au Liban où il a été séquestré par le Hezbollah. Contrairement à Paz, il ne veut donc plus jamais sortir de l’Europe, car c’est le seul endroit où il se sent encore en sécurité.
Un piédestal bancal
On plonge donc, pas très profondément cela dit, dans l’intimité de ce couple tortueux, passionné, mais surtout en déséquilibre constant. Cette histoire d’amour démarre notamment sur un malentendu : César, fasciné par Paz avant même de la connaître, se sert de sa notoriété de journaliste pour attirer son attention en rédigeant une critique à propos d’une de ses photos. Cette critique, qui la propulse dans le milieu de l’art, est à l’opposé des intentions artistiques de Paz : son ego d’artiste ne parvient pas à pardonner à César pour ce qu’elle considère être une énorme erreur de jugement et cela hante leur relation.
L’échec d’une fuite en avant
Malgré le besoin viscéral de voyage de Paz, César ne lâche rien : sa phobie de voyager en-dehors de l’Europe passe avant tout le reste. Paz décide alors de les abandonner, lui et leur fils, pour aller assouvir sa soif d’aventure dans un village au bord de la mer Rouge. L’égoïsme des deux personnages, incapables de trouver un terrain d’entente, les mènera donc à la fin tragique qu’on leur connaît.
Plonger présente quelques longueurs et plusieurs clichés — sur le milieu de l’art, sur les relations amoureuses et sur le monde d’aujourd’hui —, mais l’évolution des personnages et l’effondrement de leur relation sont bien ficelés et le dénouement finalement plutôt surprenant.
Cela étant dit, ce roman se rapproche à mon avis davantage d’un bon roman de gare que d’une œuvre littéraire majeure. Il a pourtant reçu le Grand prix du roman de l’Académie française et le prix Renaudot des lycéens en 2013.
Ce livre est donc pour vous si :
… vous cherchez un roman à la fois prenant et léger;
… vous aimez les histoires d’amour intenses, bancales et tragiques;
… vous n’êtes pas à la recherche du livre qui changera votre vie!
Et vous, avez-vous déjà été déçu(e) par un livre ayant reçu un prix littéraire?
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