J’ai découvert le nom de François Blais au détour d’un article qui faisait connaître au grand public certaines des lectures que les enseignants proposaient à leurs étudiants lors de leur cours de littérature. On y parlait avec détails et exclamations de Document 1, roman dont je n’avais jamais entendu parler. Sans savoir ce qui m’attendait dans ma lecture, je suis tombée sous le charme de cette plume vive et hilarante. Peu d’ouvrages m’amènent à rire à haute voix, ou à narrer mes lectures à qui veut bien les entendre. Ceux de François Blais le font.
Ainsi, après avoir dévoré et adoré Document 1 je me suis lancée dans une seconde lecture de Blais : Sam. Et quelle lecture ce fut.
Découvrir Sam
Bercée par la langueur qui accompagne habituellement les vacances de Noël, je me suis plongée dans cet objet intrigant. Un titre simple, une couverture présentant le portrait d’une femme qui nous rappelle Twiggy, sur un fond gris, voici Sam.
Mais qui est celle femme mystérieuse? Et surtout, d’où vient-elle?
Alors qu’il fouille dans les boîtes de livres à donner, le narrateur du roman de Blais trouve le journal intime dactylographié d’une inconnue. Journal intime au ton décapant, où se mêlent des péripéties d’un quotidien simple, comme des réflexions amusantes sur la vie, mais surtout, journal écrit par une illustre inconnue que le narrateur choisira de baptiser Sam.
Une femme sans pareil. Une femme aux écrits si semblables à ses pensées qu’il n’a qu’une option : la retrouver et l’aimer. Aucun doute pour le narrateur, il a trouvé, dans cette femme au journal, la personne de sa vie.
Mais retrouver cette femme relèvera du défi, alors que l’auteure du journal n’a laissé aucune adresse, ni de façon de la retrouver. Il y a bien sûr des indices que l’on peut retrouver dans le manuscrit. En effet, alors que Sam a pris soin de brouiller des pistes (les prénoms des gens de son entourage par exemple sont bien souvent absents) d’autres informations semblent mener à des endroits étonnamment précis pour qui voudraient bien retrouver sa piste. Il n’en faut pas plus au narrateur pour être happé par le ton du journal et se mettre en quête de sa propriétaire.
En suivant avec attention les indices laissés par l’auteure du journal, il mettra tout de côté pour se lancer à la poursuite de la mystérieuse femme qui l’obsède.
Mais le chemin ne sera bien sûr pas tout tracé et François Blais nous convie à un récit d’enquête qui nous mènera aux quatre coins du Québec pour retrouver la fameuse Sam.
Un ton unique
Avec Sam, François Blais nous présente un journal intime rempli de pensées, d’un humour décadent, de réflexions caustiques, des références à la fois populaires et diversifiées qui nous mènent presqu’incontestablement vers l’éclat de rire. Car c’est ainsi que l’on reconnaît le style de l’auteur; avec sa grande habileté à nous surprendre, à nous amener là où l’on n’aurait jamais cru pouvoir se rendre et en nous permettant d’agripper les fous rires au passage. Son style ne ressemble en rien à ce que je lis habituellement. Il porte en lui un humour noir et un cynisme amusant sur la réalité actuelle.
J’ai retrouvé dans cette lecture un engouement, un désir de me précipiter à la page suivante. Quel ton! Le rythme lent qui caractérisait mes vacances me semblait soudainement incongru; mon désir de lire était tellement avide que je tournais les pages à une vitesse folle. Profiter du moment présent en prenant son temps? Pour d’autres, moi, je lis du François Blais.
Prière de ne pas déranger.
Et puis, comme Blais prend le temps de le souligner dans une préface à se tordre de rire, Sam est son huitième roman publié (mais ça, c’était en 2014). Avec ses plus récentes publications et les précédents ouvrages qui me restent encore à découvrir, cette invitation à me laisser tranquille restera donc sûrement longtemps sur ma porte.
Tant mieux.
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