Je me confesse, je suis une mordue de poésie. Sous toutes ses coutures, de tous les genres. Il n’y a pas grand-chose que j’aime plus que de lire un poème et de me sentir connectée à celui-ci, comme s’il avait été écrit pour moi, pour ce que je ressens. J’aime découvrir de nouveaux artistes, de nouveaux vers, mais aussi relire ceux de mes auteurs préférés. C’est pourquoi le recueil de France Théoret, Bloody Mary, n’est jamais bien loin. Celui-ci, publié en 2011, est un amalgame de plusieurs œuvres de l’auteure, parues entre 1977 et 1992.
Féminité crue
L’image de la femme parfaite, de la femme toujours posée, jolie, épilée et prête à se donner est détruite dans ce recueil, parce qu’elle n’a en fait jamais existé. Cette femme, qu’on nous montre comme étant le modèle idéal dès un jeune âge, n’est qu’une illusion. Un mirage qui veut créer des femmes en séries, toutes pareilles et sans débordements. Sans désir autre que de satisfaire l’homme et de se faire envier par les autres femmes.
« Image il n’y en a pas. Je regarde se conformer un masque qui n’est pas le mien. Poids. Précautions puériles. Les moments solubles dans la mer du temps. Je vis aux prises avec un corps dans un lieu. Encombrée. Obligée. Mangée à force de saluer la mort. Toute destruction. »
Féministe du début à la fin, ce livre m’a fait me questionner sur la femme que je suis, sur celle que je veux être et celle qu’on veut que je sois. Trois femmes, qui bien qu’elles se réunissent toutes à un certain point, sont fondamentalement différentes. La plume de France Théoret aurait pu être un couteau qui essaie tant bien que mal d’extraire de chaque lectrice l’idée que les femmes doivent toutes entrer dans le même moule.
D’une actualité intemporelle
Malgré ses vers pas toujours faciles à lire – et à accepter – ce recueil est une ode aux femmes, à leur féminité qui n’a pas à être définie par d’autres qu’elles-mêmes. Ces poèmes ont été écrits il y a de cela plus de vingt ans, ce qui ne les empêche pas d’être encore criants de vérité.
« Un jour, je raconterai patiemment l’histoire de la jeune servante endormie devenue guerrière par la force des choses. »
Et vous, quel rôle joue la poésie dans votre vision du féminisme?