Littérature québécoise
Laisser un commentaire

Mardi comme mardi : Toujours de trop

le fil rouge, le fil rouge lit, littérature, lecture, bibliothérapie, mardi comme mardi, michèle nicole provencher, famille

Mardi comme mardi est une autofiction et le premier roman de Michèle Nicole Provencher. Dans une trame narrative dramatique, l’autrice désarticule sa jeunesse avec une touche d’humour. Par  dramatique, je ne veux pas laisser entendre que c’est un livre qui fait brailler, non; c’est plutôt l’histoire d’une jeune fille plus-ou-moins rejetée par sa famille à la suite de la mort de sa mère. Elle doit apprendre à vivre sa vie à sa façon au détriment de sa «nouvelle» famille adoptive. Privée d’un amour maternel, Michèle ne trouvera celui-ci nulle part, à défaut d’avoir bien cherché. C’est une histoire d’auto-suffisance au niveau de l’amour, de bien s’entourer et de choisir sa famille, contrairement au dicton qui dit: « on ne choisit pas sa famille». Ce que raconte Michèle Nicole n’est pas atroce, mais c’est pourtant teinté de tristesse et parfois de désespoir. L’autrice réussi à traiter cette tristesse avec humour, ne rendant pas la lecture du roman lourde, au contraire; c’est un livre fort agréable à découvrir.

« Je me suis toujours vue comme le genre de fille qu’Oprah inviterait à son émission. Je suis certaine qu’elle m’aurait pris la main avec son air affecté et qu’elle m’aurait donné un gros cadeau. » (Quatrième de couverture)

À propos de sa mère

La mère est décédée trop vite; elle laisse une petite fille qui ne comprend pas bien la vie et qui risque de ne jamais bien la comprendre seule. Elle est l’élément manquant dans l’histoire de la narratrice et probablement dans celle du lecteur. J’aurais aimé rencontrer cette femme à travers les lignes du roman et entrevoir la narratrice heureuse et comblée. Il semblerait que tout aurait été mieux et plus simple avec sa «maman scout» près d’elle pour lui apprendre à démêler les nœuds autour de son cœur.

« Les gens pensent que la solitude, c’est de ne rien avoir à faire un vendredi soir, ou d’être célibataire durant plusieurs mois, mais ils ne peuvent pas saisir l’ampleur qu’elle peut avoir lorsqu’on n’a pas de famille. » (p. 210)

À propos de son père

Si l’absence de la mère est inévitable, celle du père aurait pu ne pas l’être. L’amour du père est présent, mais seulement de temps en temps. On croirait vivre dans Cendrillon par moment : le père qui veut bien faire, la belle-mère chiante et la famille pas toujours correcte. Cette relation renforce la solitude de la narratrice.

« Comme toute adolescente, j’avais décidé de rejeter à peu près tout ce que mes parents adoptifs aimaient. Puisque je ne prends pas mes luttes à la légère, j’avais décidé de concentrer mes énergies sur trois sujets principaux : porter des vêtements fluo même si ça ne resterait pas à la mode longtemps, refuser de mettre de la moutarde jaune sur le pâté chinois, et la religion. »  (p. 122)

À propos de sa famille adoptive

Beau geste, mauvaise intention: Monique et Réal, le couple ami de la mère de la jeune fille, voudront bien accepter la demande de leur amie défunte au détriment de leurs projets de retraite. Ils n’hésiteront cependant pas à démontrer les dérangements que la nouvelle venue aura dans leur quotidien, leur vie mise sur pause pour elle. Les règles étouffantes, le peu d’intimité, et une autorité excessive, c’est ce qui dirige les années de  l’adolescence de Michèle.

Mardi comme mardi est un mélange entre le présent et le passé. Chaque émotion a une place bien précise, dont l’on prend un plaisir à lire. C’est l’histoire dans ce livre de la famille qui déçoit toujours et des obstacles envahissants qui mènent au bonheur. Une enfance lourde qui mène vers un âge adulte un peu plus doux. Si le livre n’est pas moralisateur, j’en retiens néanmoins une leçon : on peut bien choisir sa famille.

Quels sont vos livres préférés, dont la famille est la thématique principale ?

Laisser un commentaire

Entrer les renseignements ci-dessous ou cliquer sur une icône pour ouvrir une session :

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s