Littérature étrangère
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Trembler sous le regard du vampire

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Je ne sais jamais à quoi m’attendre quand je commence la lecture d’un classique. En connaissant déjà le récit, souvent repris et repris jusqu’au cliché dans la littérature et au cinéma, écrit dans un style d’un autre temps, vieilli sans doute, j’ai l’impression que je vais m’ennuyer. Je me trompe. Malgré toute la poussière qui recouvre ces œuvres consacrées, elles me surprennent inévitablement. La magie opère, mes réticences tombent et je suis séduite. Du moins, c’est l’effet qu’a produit sur moi Dracula, roman d’horreur qui a popularisé la figure du vampire.

Roman horrifique

Jonathan Harker, jeune notaire, se rend en Transylvanie rencontrer le comte Dracula pour régler une transaction immobilière. Ce dernier vient d’acheter une demeure à Londres et souhaite s’y installer. Hébergé dans le château du comte, Jonathan se rend rapidement compte qu’il en est le prisonnier et que le comte lui-même n’est pas un homme ordinaire, mais plutôt une créature étrange et terrifiante. Le lecteur partage rapidement la détresse de Jonathan, suffoque à l’idée d’être enfermé dans un château obscur où toutes les portes sont barrées. En parallèle, on suit Mina, la fiancée de Jonathan, sans nouvelles de son aimé, en vacances au bord de la mer chez son amie Lucy en proie à de curieux épisodes de somnambulisme.

L’horreur du récit, son caractère terrifiant, se traduit surtout dans les ambiances, l’atmosphère, le mystère qui plane. Les lieux où se déroule le récit sont d’ailleurs associés aujourd’hui à l’imaginaire de l’horreur : le château gothique oppressant, l’asile psychiatrique, la mer déchaînée et dévorante, le cimetière où se promène une ombre inquiétante. Même lorsque Dracula est loin, le récit est submergé dans un climat inquiétant.

« Et comme si cela ne suffisait pas, des masses de brume marine envahirent l’intérieur des terres. Des nuages blancs, gorgés d’eau, parcouraient le ciel comme autant de fantômes entraînés par le vent, et si humides, si détrempés qu’il n’était pas besoin d’avoir une imagination débordante pour penser que les esprits perdus en mer étaient venus toucher leurs semblables encore vivants de leurs mains poisseuses porteuses de mort… » p.148

Suspense et enquête

Si l’horreur se manifeste dans les ambiances du récit et les descriptions des lieux, la forme du roman devient le meilleur support au suspense et à l’enquête qui se déploie. Le roman est composé d’extraits de journaux intimes des différents personnages, de lettres et d’articles de journaux qui deviennent des pièces à conviction, des témoignages relus par les personnages pour comprendre les événements et pour appréhender les gestes du comte. Le roman se transforme en une chasse au vampire, Dracula doit être retrouvé et éliminé afin d’éviter qu’il fasse d’autres victimes. L’utilisation des journaux intimes permet aussi de présenter des visions diverses et subjectives et de nuancer la vision parfois tranchée du bien et du mal.

Mina : un personnage féminin central

Dracula est aussi un roman d’amour. Jonathan et Mina semblent tirer dans leur amour la force de continuer à se battre, malgré leurs traumatismes. Traitée parfois avec paternalisme, Mina reste un personnage féminin intéressant. Narratrice grâce à son journal, elle partage sa voix et construit le récit. Courageuse, elle n’hésite pas à prendre de nombreux risques pour « sauver l’humanité » et même si, « pour son bien », on préfère lui cacher une partie de la vérité, elle comprend rapidement ce qui se passe et ses raisonnements sortent les personnages de l’impasse. Elle échappe ainsi quelque peu à la vision des femmes qui se dégage du roman, celle des femmes de bien pures et innocentes opposées aux femmes du mal, femmes vampires, séduisantes, mais sexualisées et vulgaires.

Dracula : figure mythique

Le vampire n’a cessé de se transformer et de se réinventer depuis Dracula pour devenir une créature de plus en plus romantique. Le comte Dracula est loin du vampire séducteur moderne sur lequel on peut fantasmer.

« Ses sourcils étaient plus qu’épais, presque au point de se toucher au-dessus du nez et leurs poils étaient si touffus qu’ils semblaient boucler naturellement. Ce que je pouvais voir de sa bouche, sous son épaisse moustache, lui conférait une impression d’impassibilité mâtinée d’une certaine cruauté, accentuée par ses dents qu’il avait très blanches et pointues. » p.41

Créature maléfique qui cherche à sucer le sang de ses victimes pour les transformer, elles aussi, en vampires, Dracula hypnotise sa proie pour la convaincre de le laisser entrer. Seule dans mon lit, je l’ai imaginé rôder et, suspendu dans le vide, écarter une latte du store de la fenêtre de ma chambre pour m’appeler et m’inviter à le laisser entrer. Et j’en frissonne encore.

Et vous quel livre vous a fait frissonner?

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