Mon automne a été parsemé de courtes lectures, pour la plupart, des recueils de poésie, alors que j’étais pratiquement submergée par les lectures et les travaux universitaires. Avec la fin de la session est venue l’envie de me plonger dans un roman, d’accorder du temps à une histoire, à des personnages pour les apprivoiser, les connaître et m’y attacher. Cette envie s’est accompagnée de la découverte de la maison d’édition franco-ontarienne L’Interligne et d’un nouvel auteur, Alexis Rodrigue-Lafleur. C’est le nom de son premier roman, L’odeur du gruau, mais surtout la proposition qui m’a attirée vers ce livre : une bande d’amis dont l’amitié, croquée à trois époques de leur vie, nous est racontée.
L’amitié : témoin fidèle du quotidien
Des liens qui semblent solidement tissés se resserrent et se dénouent dans ce court livre d’à peine 250 pages. On y rencontre Judith, barista dans un petit café; Béatrice et Frédéric, ses collègues; Carl et Léa, ses colocs, ainsi que Paul, un charmant client, aussi coloc de Frédéric. Les chapitres du livre nous proposent de brèves incursions dans leur vie, dans leur cœur et dans leur tête. On passe de l’été 2009 à l’automne 2029, en faisant des allers-retours qui capturent des moments charnières de leur amitié.
On y parle de désir, de séduction, de deuil, de réalisation de soi et d’amour, beaucoup d’amour. Je sais bien que la frontière est souvent ténue entre l’amitié et l’amour, mais j’ai tout de même été surprise que ce soit ce dernier qui prenne le pas sur pratiquement tout le reste, enfin de mon point de vue. C’est vraiment ce qui s’est déposé en moi, ce qui m’est resté de cette lecture : la quête amoureuse imprègne toutes les sphères de notre vie. En fait, le livre nous propose un regard sur l’amour, sur le quotidien de la vie, à travers le prisme de l’amitié.
Une histoire en battements de cœur
L’histoire est narrée tantôt par les personnages, tantôt par un narrateur externe. On est donc tour à tour témoins privilégiés puis simples observateurs. On apprend à connaître les personnages en assemblant les courts fragments qui nous sont livrés, on tisse des liens et on se surprend à imaginer ce qui n’est pas raconté. Le style d’écriture est très travaillé, la prose flirte avec la poésie. On sent le désir de créer un rythme que les éditeurs comparent à un battement cœur, une pulsation qui guide le récit.
« Il dévore sa peau basanée, lui bouffe tout le corps. Il a de l’appétit. Ils ont la soif sur leurs lèvres enflammées. Insatiables jusqu’au matin. Jusqu’à demain. L’envie de vivre qui brûle dans le sang. Qui brûle tellement. À en cirer. Encore. Ça doit sortir. Haut et fort. Oui. La douleur. Le bonheur. Le feu. Le noir. La vie. Impossible de garder ça en dedans. »
Cette rythmique donne une force au récit, aux émotions racontées et aux mots, mais elle entraîne aussi un certain détachement face à l’histoire. Elle nous rappelle la présence de l’auteur et sa démarche d’écriture. Elle amène avec elle des questionnements sur les intentions de l’auteur et les messages qu’il souhaite nous transmettre. C’est une lecture qui implique, je crois, plus qu’un abandon à l’histoire et à la découverte des personnages, sans toutefois être lourde ni exigeante.
Ce court livre s’est avéré être une belle rencontre. Il nous demande une ouverture pour suivre la temporalité fracturée et les changements de perspectives sur le quotidien d’un groupe d’amis qui avancent dans la vie et qui tentent, de leur mieux, de rester unis. Il nous rappelle l’importance de nos amitiés et nous donne envie de les célébrer.
Y a-t-il des œuvres que vous avez lues sur l’amitié qui vous ont fait cet effet-là?
Le fil rouge remercie les Éditions L’Interligne pour le service de presse.
Merci pour ce résumé. Vous m’avez vraiment donné le goût de lire ce premier roman de l’auteur! 🙂
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