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Marina de Carlos Ruiz Zafón: le mystère du teufel

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Ce qui se cache dans les ombres de Barcelone

«À la fin des années soixante-dix, Barcelone était une fantasmagorie faite d’avenues et de ruelles où l’on pouvait voyager trente ou quarante ans en arrière rien qu’en franchissant le seuil d’un immeuble ou d’un café. Temps et mémoire, histoire et fiction se mélangeaient dans cette ville ensorcelée, comme des couleurs d’aquarelle sous la pluie.  C’est là que, lointain écho de rues qui aujourd’hui n’existent plus, des cathédrales et des édifices échappés de légendes ont formé le décor de cette histoire.» (Zafón, 1999, p. 13).

Ainsi débute l’histoire du roman Marina de Carlos Ruiz Zafón, publié dans sa version originale en espagnol en 1999. On se retrouve plongé dans une Barcelone peuplée de fantômes, d’ombres et de souvenirs, dans une Espagne nouvelle. Jeune étudiant de quinze ans, c’est lors de l’une de ses nombreuses excursions à la rencontre de cette capitale catalane qu’Óscar Drai fait la rencontre de Marina Blau, dans le quartier de Sarriá. Jeune femme du même âge avide d’aventures, elle l’entraîne dans une investigation des plus dangereuses alors qu’ils cherchent à découvrir l’indicible secret de la femme en noir dont le visage demeure caché aux autres et qui dépose sur une tombe sans nom une rose rouge comme le sang le dernier dimanche de chaque mois. Ils se lancent alors à la poursuite de la vérité sur le mystère de l’homme au papillon noir, Kolvenik, de sa femme, Eva Irinova, des mannequins et de la créature à l’odeur putride qui semble les traquer. C’est à force d’entrées par infraction, de rencontres, de témoignages, de filatures et de découvertes de photographies des plus inusitées que la lumière se fait lentement sur la folie que peut entraîner la mort.

«Ce sentier semblait ne mener nulle part. Sans prendre la peine de me répondre, Marina s’y engagea. Au bout, un chemin montait vers un portail flanqué de cyprès. Et au-delà s’étendait pâle sous des ombres bleuâtres, un jardin enchanté peuplé de dalles, de croix et de mausolées couverts de moisissures. Le vieux cimetière de Sarriá.» (Zafón, 1999, p. 35-36).

La fascination du mystère

«- Parfois, les choses les plus réelles ne se passent qu’en imagination, Óscar.  Nous ne nous souvenons que de ce qui n’est jamais arrivé.» (Zafón, 1999, p. 101).

Récit envoûtant mêlant tragédie, horreur et fantastique, Marina se veut un roman accessible, bien qu’il soit porteur de frissons et d’angoisses. Détenteur d’une superbe plume, Carlos Ruiz Zafón tisse une intrigue dans une langue soutenue où les mots s’enfilent en des phrases mélodieuses, qui nous enchantent alors que l’on parcourt les pages. C’est dans cette richesse langagière que se construisent des personnages des plus tourmentés. On y retrouve des âmes brisées par la perte et la peur de la mort, qui arborent une psyché bien souvent complexe. C’est effectivement d’une brillante façon que l’auteur aborde la question de la mort et du dépérissement, et de la crainte qu’ils inspirent chez certains hommes. La quête, bien ficelée, suit un rythme des plus captivant, nous forçant à poursuivre notre lecture, avides que nous sommes de savoir quelle conclusion aura le roman. L’énigme se résout avec brio, satisfaisant notre curiosité en ne laissant rien de nébuleux. Marina s’achève dans une finale touchante où l’écho de toutes les histoires précédemment racontées semble se faire sentir.  

«Soudain un bruit résonna à l’intérieur de la serre. Je scrutai le manteau d’ombre qui nous entourait. J’entendis de nouveau ce bruit indéfinissable. Hostile. Maléfique. Je remarquai alors une odeur de pourriture, une puanteur pénétrante. Elle venait de l’obscurité comme l’haleine d’une bête sauvage. J’eus la certitude que nous n’étions pas seuls. Il y avait quelqu’un. En train de nous observer. Marina contemplait, pétrifiée, la muraille de ténèbres.» (Zafón, 1999, p. 48-49).

En finissant, Carlos Ruiz Zafón livre dans Marina une histoire intrigante où naît une amitié sincère entre deux personnages attachants en quête de la vérité sur une sombre histoire. L’énigme, bien travaillée, saura captiver autant adulte qu’adolescent par cette épopée dans les sombres rues d’une ville enchanteresse. Car le secret du teufel est caché à la lumière du jour, au plus profond des égouts de Barcelone…

Et vous quel est le dernier roman découlant du réalisme magique que vous avez lu?

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