Le meilleur dernier roman est le tout premier roman de Claude La Charité. Et heureusement pour nous, ce n’est pas son dernier. Moi qui viens tout juste de terminer un baccalauréat en études littéraires et qui pouvais choisir n’importe quel livre, mon dévolu est finalement tombé sur celui-ci, dans lequel l’action principale se passe dans le département de littérature d’une université.
En effet, l’histoire se déroule en grande partie dans les réunions des professeurs de littérature de l’Université du Québec maritime (ne cherchez pas, elle n’existe pas). Ces professeurs, soucieux du nombre décroissant des inscriptions, veulent se démarquer des autres universités pour eux aussi avoir la cote. Pour s’y prendre, ils décideront de créer le prix de littérature Anthume du meilleur dernier roman, aussi appelé le prix Anthanase-David.
Cela peut sembler macabre à première vue, mais il en est tout autrement. Je me suis rendu compte, après cette lecture, que le roman de Claude La Charité me rappelait un peu mon ascension de l’Acropole des Draveurs. C’est abstrait, mais je tâcherai de bien m’expliquer.
L’ascension
Les premières pages peuvent parfois être autant apaisantes qu’essoufflantes. La trame du récit commence en plein milieu de la cérémonie de remise du premier prix Anthume qui tourne au vinaigre à cause des interventions de Son Immensité, l’auteur récompensé.
Le lecteur voyage ensuite à différents moments de l’histoire en suivant les personnages présents lors de cette dite cérémonie. Il se promène entre des réunions du département de littérature qui mènent à la création du prix, un lancement de livre de Son Immensité, et se rend même jusqu’à des mois après la remise du prix.
Plus il poursuit son ascension sur le chemin du récit, plus il se rend compte que la création du prix n’est finalement qu’un décor pour la mise en scène d’une belle rencontre, celle entre Son Immensité et le narrateur, qui se voit alors investi d’une nouvelle mission.
Il peut être difficile pour un lecteur distrait de suivre la narration. Il faut donc rester alerte pour être bien certain de ne manquer aucun beau moment, puisque ce livre en est rempli.
Le top de la montagne et sa vue
Après les ellipses temporelles, le lecteur arrive au dernier chapitre et il ne peut qu’être touché par cette douce sensibilité d’une vision panoramique et profonde des personnages. C’est la fin des faux-semblants, la finale d’un parcours qui ne fait qu’ouvrir les yeux sur le monde.
Personnellement, cela m’a fait prendre conscience des masques que nous portons parfois en société et avec lesquels on apprend à vivre et auxquels on finit par se conformer. Ce personnage, il nous est imposé et nous acceptons par dépit de le jouer, même si ce n’est au fond qu’une parodie de nous-mêmes.
Bref, la finale, je dois l’avouer, m’a fait monter les larmes aux yeux. Ce qui est chavirant aussi, c’est qu’il y a parfois des moments où l’on doute si nous sommes dans le réel ou la fiction. Je vous donnerais bien des exemples, mais j’aurais peur de trop en dévoiler. Cette autofiction donnera envie à celle ou à celui qui le lit de tout lire de Claude La Charité. Surveillez bien ses prochains titres, vous ne serez pas déçus!
Et vous, à qui donneriez-vous un prix Anthume?
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