Littérature québécoise
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L’éternelle pertinence de Nelly Arcan

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2019: Dix ans se sont écoulés depuis le suicide de l’autrice Nelly Arcan, le 24 septembre 2009. Comme bien d’autres, j’ai découvert Nelly Arcan sur le tard, cinq ans après son décès. Pour ma part, c’est son roman posthume Burqa de chair qui m’a initiée à sa prose si puissante. Je suis tout de suite tombée en admiration devant cette autrice dont l’écriture décrivait avec une justesse déconcertante plusieurs réalités vécues par les femmes.

Après Putain, Folle et Paradis clef en main, je me suis lancée dans la lecture d’ouvrages portant sur son œuvre et publiés après son décès. En effet, Nelly Arcan a fait couler beaucoup d’encre depuis 2009; les ouvrages analysant ses écrits, son apport à la littérature et sa contribution au féminisme québécois sont multiples. Plusieurs m’ont captivée presque autant que les romans de l’autrice. C’est donc avec grand intérêt que je me suis lancée dans la lecture du roman Mon ennemie Nelly de Karine Rosso, autofiction qui retrace l’impact de Nelly Arcan dans la vie de l’autrice.

Une écrivaine omniprésente

Karine Rosso y raconte sa relation avec l’œuvre de Nelly Arcan, à partir du moment où elle entend parler de l’écrivaine pour la première fois par un étudiant de philosophie dans un cinq à sept, peu après le fameux passage de l’autrice à l’émission Tout le monde en parle. L’impact de Nelly Arcan se ressent par la suite dans tous les aspects de sa vie: ses relations familiales, ses études, ses contrats de recherchiste, ses amitiés, etc. Même sa grossesse n’échappera pas à l’empreinte de l’écrivaine:

«[…] Je sentis un changement s’opérer autour de moi. Cela commença par le serveur du café de l’université qui, contrairement à son habitude, ne m’appela plus señorita. Puis, ce fut Leo qui, pour la première fois, perdit son désir pour moi, se contentant de me caresser tendrement le ventre. Plus celui-ci grossissait, plus je remarquais que les hommes me vouvoyaient. Je me faisais aborder comme on aborde les personnes âgées, les enfants ou les handicapés, avec condescendance et bienveillance. […] Je devais dire adieu à une chose à laquelle j’avais renoncé, mais que je savais à portée de main depuis des années, depuis l’adolescence qui avait révélé mon corps: ce désir que j’avais le pouvoir de susciter. Ma grossesse me ramenait à cet état d’impuissance devant ce regard qui commandait aux femmes d’être toujours très belles et celui de Leo qui, craignais-je pour la première fois, détaillait peut-être le corps de mes amies.»

Tous ces événements mettent en relief la pertinence de Nelly Arcan, qui a su décortiquer comme nulle autre l’insoutenable dictature de l’apparence, de la jeunesse et de la beauté, et la paradoxale impossibilité pour les femmes de s’en extraire complètement.

L’écriture de Rosso accentue par ailleurs l’omniprésence de l’écrivaine. Écrit au «tu», son texte s’apparente à une longue lettre adressée à la disparue. Son récit est constamment entrecoupé par des extraits des livres de Nelly Arcan, en italique, qui soulignent l’impact de l’écrivaine dans sa vie personnelle.

Admiration ou obsession?

On le devine, la ligne est mince entre l’admiration et l’obsession. Tout au fil du récit, la narratrice bascule tranquillement dans une obsession envers Nelly Arcan qui la consomme tout entière. Elle s’imagine que les textes de l’écrivaine étaient pratiquement conçus pour elle, adaptés aux moindres événements de sa vie. Elle s’enlise dans une fascination sans limites envers les propos de Nelly, jusqu’à ce que réalité et fiction s’entremêlent et résultent en une sorte de délire hallucinatoire, dont elle parvient ultimement à se sortir.

C’est donc avec une certaine fascination que j’ai suivi le parcours de la narratrice, stupéfaite par la tournure que prenait son admiration pour l’écrivaine décédée. Pour les amatrices et les amateurs de Nelly Arcan, le roman de Karine Rosso a le mérite de nous faire redécouvrir son œuvre et de nous rappeler qu’elle est toujours d’actualité. Si Nelly Arcan nous a tragiquement quittés il y a dix ans, son œuvre demeure indéniablement immortelle.

Et vous, y a-t-il des autrices ou des auteurs auxquel.les vous vouez une admiration sans borne?

Merci aux éditions Hamac pour le service de presse.

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