En lisant Coeur de slush, il faut se replonger dans nos premiers émois et dans nos premiers souvenirs de désirs soft-sexu(els) (je vole ce terme à Sarah-Maude Beauchesne!). Il faut vraiment reconnecter avec la petite adolescente en soi pour retrouver ce désir si fort de goûter et d’avoir un corps contre le sien. Un coup qu’on arrive à se replonger dans ces périodes de nos vies, on comprend Billie, une jeune fille de 17 ans qui travaille dans un parc aquatique, qui veut tant connaître l’amour, mais surtout l’amour physique. Elle tombera donc sous le charme de Pierre, le gars au nom laid et con, mais qui est si beau avec ses cuisses de cycliste.
Comme je connaissais déjà Sarah-Maude Beauchesne parce que je la lisais depuis quelques années sur Les fourchettes (un blog de nouvelle soft-sexu, comme elle le dit si bien!) et que j’avais acheté son premier recueil de nouvelles Les je-sais-pas-pentoute, j’ai comme été surprise de l’écriture qui est un peu moins langagière, érotique et poétique. Mais je suis certaine que la moi de 17 ans aurait adoré Coeur de slush ! En même temps, j’aurais peut-être dû plus me mettre en mode littérature jeunesse pour ne pas être surprise. Bref, les fidèles lecteurs de Les fourchettes retrouveront quand même le ton de Sarah-Maude tout comme ses références contemporaines si vraies. Et ne seront pas déçus parce qu’elle arrive tout de même à accrocher. Il ne se passe pas grand chose, mais il y a des regards, des non-dits, des pensées d’ados, et ça nous charme.
Billie et sa soeur Annette (Allo les beaux noms) nous amènent dans les aventures d’une banlieue des plus normales où les gars sont beaux et où les filles se mettent du lipsil à la RootBeer. Et on craque pour la naïveté, la sensibilité et l’affirmation sexuelle de Billie.
Coeur de slush, ça me touche pour plein de raisons, principalement parce qu’on y raconte une première fois pas vraiment parfaite, mais si vraie et que pour une fois on ose dire les vraies affaires : une fille de 17 ans ça peut avoir envie de faire l’amour juste pour faire l’amour parce que les désirs d’ados ça ce peut, pas toujours besoin d’avoir des chandelles et du Bon Iver en background pour ça. Aussi parce qu’à 17 ans, j’étais aussi pas mal intense avec la slush bleue (mon chat s’appelle quand même Slushie, #adoaccroàlaslushpuppie)
Bref, j’admire le parcours de Sarah-Maude Beauchesne et surtout son envie de s’adresser aux jeunes filles et ce par la littérature jeunesse, qui est parfois je trouve très moralisatrice. Le personnage de Billie fait du bien en littérature jeunesse québécoise autant par son côté atypique de parler de sexualité de façon honnête et directe que du fait qu’elle s’assume dans ses envies.
À conseiller aux fans des Fourchettes et aux petites cousines de 15 ans et +.
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