«There’s a passageway connecting Port Authority to Times Square – the Eight Avenue subways to the Seventh- and one morning when I looked up I saw a poem up in the eaves, sequential like the Burma Shave billboards :
Overslept.
So tired.
It late,
Get fired.
Why bother?
Why the pain?
Just go home.
Do it again.Something change then. I saw my life in scale : it was just my life. It was not momentous, and only now did I recognize that it had once seemed so to me; that was while my father was watching. I saw myself the way I’d seen the cleaning women in the building across the street. I was just one person in one window.
Nobody was watching, except me. »
Manuel de chasse et de pêche à l’usage des filles est un des livres dont je regrette le plus d’en avoir fait la lecture… si tard dans la vingtaine. Ce recueil de nouvelles de Melissa Bank, paru il y a déjà plusieurs années, raconte l’histoire d’une fille, puis d’une femme, toujours la même, qui tout d’abord se cherche et s’interroge sur la vie. C’est plutôt un recueil de nouvelles qui se lit comme un roman, et c’est sûrement pourquoi j’ai autant accroché à cette lecture, n’étant pas habituellement une fan de ce genre littéraire à priori. Le genre de la nouvelle donne la possibilité à Bank de faire des bonds dans le temps sans se soucier des transitions et lui donne une liberté plus grande que l’aurait fait le roman. Parfois, Jane, le personnage principale, n’est pas dans le texte, mais on y fait allusion, donc elle n’est jamais bien loin et on finit toujours par en apprendre un peu plus sur elle.
Je ne suis pas la première à faire le rapprochement, mais on pourrait comparer Jane au Holden Caulfield de The Catcher in the rye de J.D. Salinger, en un peu moins révoltée. Le regard qu’ils posent sur le monde qui les entoure est semblable, mais Jane tente jusqu’à un certain point d’en faire partie en voulant se changer elle-même, au lieu de trouver une place bien à elle, en restant elle-même. Certains reprochent à Bank d’avoir voulu tomber dans la psycho-pop par moments, ce que je ne n’ai pas ressenti, le titre étant d’ailleurs un clin d’oeil assez mesquin à un livre imaginé de «self-help» How to meet and marry Mr. Right, un guide qui s’avère un mode d’emploi de manipulation pour les femmes.
Exit la chick-lit avec Melissa Bank, c’est tout autre chose à quoi nous avons droit. Jane est dépeinte comme une femme assez insécure, mais qui finalement ne sait pas comment se voir à sa juste valeur et qui tente de se voir à travers le regard des autres: son frère, sa mère, son père, ses amoureux, sa patronne… La clé ici du «roman» d’apprentissage, vous la devinez, mais n’inquiétez-vous pas, le plaisir de lecture restera entier.
The girls’ guide to hunting and fishing de Melissa Bank, Penguin Book, 1999.
Paru en juin 2014 chez Rivages sous une nouvelle édition : Manuel de chasse et de pêche à l’usage des filles.