J’avais déjà annoncé la date de sa mort à ma conscience. Après quelques contes de fées illusoires et plusieurs coups de couteau, j’ai jeté les armes.
Je n’ai jamais voulu que ce soit une bataille.
La guerre, elle se nourrit de haine et de jalousie. C’est la raison pour laquelle j’en étais venue à la conclusion que l’amour, ce n’était pas pour moi. Puisque qu’apparemment l’un n’allait pas sans l’autre.
Celui qui s’est avéré être le bouleversement de tout mon univers.
Je ne mentirai pas. L’époque des commencements amoureux fut marquée par l’empressement. La chasse à l’amour était ouverte. Si ce n’était pas celui-là, ce serait celui-ci.
Humains interchangeables, poupées de peau à volonté. C’était à en perdre la tête, à en perdre les sens, à ne plus comprendre.
Selon les dires de nos médias sociaux et les derniers hashtags, nous sommes une cohorte de va-vite, de consomme et déguerpis. Aujourd’hui, maintenant, demain et alors? Tinder et ses semblables figureraient comme l’unique héritage d’une génération Y écartellée entre deux extrêmes. Le choix de la lettre n’est pas anodin.
Et bien moi, je pense le contraire.
Je crois en la monogamie.
Je ne crois pas en l’âme soeur comme étant le reflet conforme de mon âme.
Kurt Cobain a déjà écrit à Courtney Love je t’aime pour ce que je ne suis pas, pas pour ce que j’ai déjà et je crois que c’est dans la complémentarité que nous aimons véritablement. L’union, c’est la force.
Pourtant, la complexité des rapports humains pousse bien souvent ceux-ci à se dissocier de leur pôle; l’autre. La paresse et l’impatience sont les grands tares de l’humain version 2.0. Dans l’immédiat, nous n’obtenons pratiquement rien. Du moins, rien qui n’en vaille vraiment la peine.
La passion s’abreuve au quotidien d’un nectar aux effets dans le temps.
Certains diront qu’il faut savoir se satisfaire de peu. D’autres privilégieront des approches frivoles au romantisme alarmant. Or, ce qui paraît évident, c’est que tout cela prend du temps.
Notre espèce court. Nous avons quitté l’étape du marathon. Nous en sommes au sprint.
La lenteur est pourtant si délicieuse. La Dolce Lentezza.
Pour vivre auprès de l’amour de ma vie il aura tout simplement fallu:
-Cacher des boutons de chemises dans des lieux publics.
-Créer des cerfs-volants dans un atelier strictement réservé aux enfants.
-Parler des fourmis sous un arbre verdoyant un après-midi de mai.
-Chanter des chansons folkloriques avant de s’endormir.
-Lire de la poésie à voix haute sur l’oreiller.
-Se baigner tout nu.
Il aura tout simplement fallu… vivre.
Parce que je ne manque rien. Je ne manque de rien. Le concept de privilège de la jeunesse, je n’y adhère pas.
Je profite, mais d’autre chose.
D’un meilleur ami, d’un amant redoutable, d’un amoureux passionnel, d’un frère complice, d’un aide-malade, d’un gamin, d’un grand sage, et tout cela, dans un seul être. Je n’ai pas besoin du polyamour.
J’ai l’homme et toute sa pluralité.
Ils sont rares les oiseaux de ce genre. Encore faut-il prendre le temps de les observer.
Entre l’envol et l’atterrissage, il y a toute une vie. Savons-nous attendre? Savons-nous être insatisfaits? Savons-nous habiter l’ennui?
C’est avec l’autre qu’on se meurt. À petit feu, à petits pas dans la solitude de l’hôte.
J’ai choisi mon bâtiment. Il est solide comme le roc. Assez grand pour deux. Vents et marées n’y peuvent rien.
Nous aurons besoin d’une vie entière pour la construire, mais qu’est-ce qu’elle sera belle cette éternité à tes côtés.
Crédit photo à la une: Toma Iczkovits.
Crédit photo à même l’article: Michaël Corbeil