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Lors de mon dernier voyage en Grèce, j’ai eu le plaisir, LE COUP DE FOUDRE TOTAL, de découvrir la si adorable librairie Atlantis Books à Oia. sur l’île de Santorini. L’extérieur de la librairie attire l’oeil par ses citations qui meublent le bâtiment, comme ses nombreux chats y dormant. Quand je suis entrée, j’ai été encore plus charmée, on se sent comme au paradis. (Le mien = des livres partout partout, du sol au plancher!)
Cette librairie a été classée à maintes reprises comme l’une des plus belles du monde et honnêtement, je comprends. L’ambiance qu’on ressent en y mettant les pieds confirme réellement que les propriétaires sont des véritables amoureux des livres. C’est donc avec chance que j’ai pu apercevoir deux-trois petites tablettes dédiées aux livres français. Je n’ai pas pu résister à la tentation de repartir avec un livre de cette librairie (surtout qu’il estampe leur logo dans les livres !) Et ce fût Éloge de la marâtre de Mario Vargas Llosa. Cet auteur que j’adore a été le petit plus à cette visite!
Ce livre, on le referme sous le choc, car on se demande un peu ce qu’on vient de lire. C’est un peu mon émotion au moment où j’écris ces lignes. J’ai quand même pris du recul pour y réfléchir et me faire une idée, mais il y a de ces lectures qu’on n’arrive pas nécessairement à expliquer ni même à décrire. Je pense que c’est le cas de l’Éloge de la marâtre.
Tout d’abord, il s’agit clairement d’un roman sur la passion et la sensualité et ce, autant en couple qu’intimement. Les personnages principaux sont un couple, Don Rigoberto et Dona Lucrecia, nouvellement mariés qui semblent vivre une histoire d’amour sensuelle, passionnée et profonde. Or, le fils de Rigoberto, Alfonsito, développera une obsession pour sa nouvelle belle-mère, de qui il est réellement amoureux. Ce personnage nous plonge entièrement dans le brouillard, car on le décrit comme un enfant, pourtant pervers et séduisant. Innocent dans sa manière de parler de son amour fou pour sa belle-mère et pourtant très éveillé au niveau des sens, on se sent démuni tout au long de notre lecture en se demandant si cet enfant en est vraiment un.
Car la charmante belle-maman, pourtant amoureuse de son mari, sera charmée par son beau-fils et vivra une idylle avec ce dernier. À mi-chemin entre le roman érotique, les amants se retrouveront au lit de manière à démontrer que l’amour ressenti par le jeune Alfonsito n’est pas seulement celle d’un enfant charmé par sa parfaite nouvelle maman. On en reste bouche bée de ne pas comprendre l’ampleur de cet amour et de ces désirs. Vaguant dans des airs de Lolita par moment, Éloge de la marâtre reste tout de même un roman axé sur le plaisir du corps, autant au niveau de la sexualité, de la sensualité, que du bien-être. Effectivement, Llosa nous offre des pages entières sur le plaisir de Rigoberto de prendre soin de lui et ce, en se lavant minutieusement les oreilles et en faisant sa toilette chaque soir, à la manière d’un rituel intime et sensuel. Coeurs sensibles s’abstenir, Rigoberto nous offre 3-4 pages où il fait un véritable hymne à son système digestif!
L’écriture de Mario Vargas Llosa est toujours aussi parfaite, délicate, sensible. Je n’ai pu refermer le livre avant la toute fin, je voulais connaître le déroulement de l’histoire, mais surtout je me suis laissée charmer par cette douce façon de nommer et de narrer. Un véritable exploit de la part de l’auteur de me faire lire ce roman pourtant si déstabilisant et propice à tant de questions, avec passion et curiosité.
« Je sais jouir. C’est une aptitude que j’ai perfectionnée sans relâche, au long du temps et de l’histoire, et j’affirme sans arrogance que j’ai atteint dans ce domaine à la sagesse. Je veux dire : l’art de butiner le nectar du plaisir de tous les fruits –même pourris- de la vie. »
« Le bonheur qu’il avait trouvé dans son hygiène solitaire et, surtout, dans l’amour de sa femme, lui semblait une compensation suffisante de sa normalité. Pourquoi, possédant cela, aurait-il eu besoin d’être riche, célèbre, extravagant, génial? La modeste obscurité routinière du directeur d’une compagnie d’assurances cachait quelque chose dont, il en était sûr, peu de congénères jouissaient ou soupçonnaient même l’existence: la possibilité d’être heureux.»