Autour des livres
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Autour des livres : Rencontre avec Caroline Scott, libraire et poète

Connaissez-vous le questionnaire de Proust ? Il s’agit de questions posées par l’auteur Marcel Proust, principalement connu pour sa majestueuse oeuvre À la recherche du temps perdu. Celles-ci permettent de mieux comprendre ou connaitre quelqu’un. Dans ce questionnaire, on y trouve des questions telles que La fleur que j’aime ou Mes héroïnes préférées dans la fiction. L’animateur littéraire Bernard Pivot s’est inspiré de ce questionnaire pour créer le sien, qu’il faisait passer à ses invités à son émission Bouillons de culture. C’est ainsi que m’est venue l’idée de créer un questionnaire Le fil rouge où on pourrait en apprendre davantage sur une personne, et ce, au sujet de ses habitudes de lecture, de création, d’organisation et au niveau de ses préférences littéraires.

Pour cette édition d’Autour des livres, on vous présente Caroline Scott, libraire qui boit beaucoup et café et qui adore la poésie. Elle vient de publier son premier recueil de poésie en mai dernier, Sang d’encre – le cabaret des ombres et elle n’en revient toujours pas encore. Rencontre avec une femme de lettre passionnée et passionnante.

unnamed-11. Quel est ton premier souvenir en lien avec la lecture?
Mon premier souvenir de la lecture est étroitement lié à ma mère. La bibliothèque Ahuntsic était tout près de notre appartement et nous y allions une fois par semaine. Tous les bibliothécaires nous connaissaient : nous remplissions nos sacs à dos du plus grand nombre de livres que l’on pouvait et on retournait à la maison pour lire des après-midis durant. Les seuls sons qui habitaient la maison étaient le bruissement des pages que l’on tourne, le ronronnement de notre chat qui alternait les genoux pour dormir et un bruit d’emballage de biscuits ou de croustilles. C’était merveilleux. Je ne me rappelle pas d’une vie sans livres.

2. Avais-tu un rituel de lecture enfant ou un livre marquant ? Et maintenant, as-tu un rituel de lecture?
Je n’ai jamais eu de rituel de lecture particulier : les livres se consomment partout et en tout temps. Je traîne toujours au minimum un recueil de poésie dans mon sac et bien souvent, il y a un roman qui l’accompagne. Dans l’idéal, un livre se lit avec un café et dans l’idéal absolu, il y a quelqu’un qui lit avec moi en buvant aussi un café (ou un thé, pas de discrimination) : j’aime les séances de lecture avec mes jambes emmêlées à d’autres.

3. As-tu une routine d’écriture, des rituels ? Dans quel état d’esprit dois-tu être pour écrire?
Il n’y a pas de plus grande torture pour moi que de penser à un rituel d’écriture. J’adorerais en avoir un, j’essaie violemment d’en avoir un, mais je n’y arrive pas. J’écris parce que le besoin se fait impérieusement sentir, c’est un acte rarement prémédité. Quand je me force à écrire, je trouve mes propos insignifiants mais c’est peut-être simplement de la peur. L’écriture force à l’introspection et parce que c’est quelque fois douloureux, je rechigne à sortir mon crayon. L’écriture est le plus magnifique et pénible des exutoires pour moi et j’en suis encore à essayer de dompter la bête féroce qu’est l’inspiration. J’y arriverai un jour et alors, j’écrirai probablement davantage.

4. Quels sont les livres qui t’ont donné envie d’écrire ?
J’ai toujours aimé écrire, mais c’est la poésie de Gaston Miron qui m’a vraiment fait l’effet d’une épiphanie. Quand on m’a fait découvrir l’homme rapaillé, je me suis mise à lire de la poésie, beaucoup, à en écrire, à en rêver. La poésie est mon refuge, ma torture et l’une de mes plus grandes joies.

5. Quel est le livre qui t’a le plus fait cheminer personnellement et pourquoi ?
Un miracle en équilibre de Lucia Etxebarria. J’avais 18 ans lors de la naissance de ma fille et son roman m’a réconciliée avec l’image d’une mère imparfaite, qui est une femme avec ses démons et son passé bien avant d’être une mère. C’est un roman écrit comme une lettre, j’ai eu l’impression d’écrire chaque phrase de cette histoire. Il m’a grandement aidé à déculpabiliser pour mon début de maternité extrêmement difficile, en commençant par accepter le fait que je ne serais jamais une mère ni une femme parfaite.

6. Si tu pouvais vivre dans un monde littéraire, ce serait lequel ?
Pour la magie, Harry Potter. Mais j’aurais adoré vivre au pays des merveilles, avec Alice. Un monde de chaos et sans logique, un monde qui s’assume dans le non-sens, ça me parle bien plus que notre société qui se ment à elle-même en prétendant parler de vérité.

7. Quel livre relis-tu constamment sans même te tanner ?
L’homme rapaillé, et Alice au pays des merveilles : ce sont mes bibles. Gaston m’aide lors des moments creux, dans mes élans de romantisme, dans mes quêtes, quelles qu’elles soient. Lorsque les mots manquent à ma gorge, il porte mon cœur bien haut dans ses vers. J’ai beaucoup lu la poésie de Fernand Durepos, Hélène Monette et Martine Audet : ce sont trois poètes que j’admire énormément et dont les mots font résonner tout ce que mon inconscient cache. Quand le quotidien me lasse et que j’ai besoin de perdre pied, je prends Alice dans mes bras et je me laisse tomber tête première dans le terrier du lapin blanc. J’ai aussi lu un nombre incommensurable de fois la série de Harry Potter et celle d’Anne, la petite héroïne de la maison aux pignons verts.

8. Quel est ton mot de la langue française préféré ?
Encore. Je suis une gourmande, une dépendante, une assoiffée. Encore peut incarner une faute répétée ou une envie inassouvie, peut promettre une joie de nouveau et aussi la répétition d’un cauchemar. Dans tous les cas, il est une promesse d’apprentissage.

9. Quel livre aurais-tu aimé avoir écrit ?
J’aurais voulu écrire les deux romans de Sophie Bienvenu, Et au pire, on se mariera et Chercher Sam. J’aurais aussi voulu écrire L’homme rapaillé (mais je pense qu’on a compris le fait que j’idolâtre Miron). J’aurais aussi voulu écrire le recueil Il y a quelqu’un?, d’Hélène Monette. Bref, y en a trop.

10. Si tu écrivais ta propre biographie, quel serait le titre ? J’ai publié un recueil qui s’appelle Sang d’encre – le cabaret des ombres. Je pense que c’est exactement ce qui me convient. Je me fais un sang d’encre pour les gens que j’aime (et j’aime beaucoup les humains), je suis protectrice et maternelle, mais j’aime aussi croire que j’ai le sang noir comme de l’encre, puisque l’écriture est vitale pour moi. Le cabaret des ombres parle de mon théâtre intérieur, très sombre et lumineux à la fois, où dansent mes ombres et mes éclats de lumière, dans cette valse incessante qui caractérise la vie.

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Le fil rouge est un blogue littéraire créé par deux amies, Marjorie et Martine, toutes deux passionnées par la littérature et par les vertus thérapeutiques de celle-ci. Notre approche face aux bouquins est liée à la bibliothérapie, car nous pensons sincèrement que la lecture procure un bien-être et que les oeuvres littéraires peuvent nous aider à cheminer personnellement. Nous tenons aussi à partager notre amour pour les bouquins, l’écriture, la création et sur les impacts positifs de ceux-ci sur notre vie et notre bien-être. Notre mission première est de favoriser la découverte de livres et de partager l’amour de la lecture, car ceux-ci peuvent avoir des impacts sur nos vies et sur notre évolution personnelle. Que ce soit le dernier roman québécois qui fait parler de lui, le vieux classique, le livre de cuisine ou bien même le livre à saveur plus psycho-pop, chez Le fil rouge, on croit fermement aux effets thérapeutiques que peuvent apporter la lecture et la littérature. Voilà pourquoi les collaboratrices et les cofondatrices se feront un plaisir de vous faire découvrir des bouquins qui leur ont fait du bien, tout simplement.

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