Connaissez-vous le questionnaire de Proust ? Il s’agit de questions posées par l’auteur Marcel Proust, principalement connu pour sa majestueuse oeuvre À la recherche du temps perdu. Celles-ci permettent de mieux comprendre ou connaitre quelqu’un. Dans ce questionnaire, on y trouve des questions telles que La fleur que j’aime ou Mes héroïnes préférées dans la fiction. L’animateur littéraire Bernard Pivot s’est inspiré de ce questionnaire pour créer le sien, qu’il faisait passer à ses invités à son émission Bouillons de culture. C’est ainsi que m’est venue l’idée de créer un questionnaire Le fil rouge où on pourrait en apprendre davantage sur une personne, et ce, au sujet de ses habitudes de lecture, de création, d’organisations et au niveau de ses préférences littéraires.
Cette semaine, on vous présente Marika, notre collaboratrice!
1. Quel est ton premier souvenir en lien avec la lecture?
Ma mère. Sous mon œil, la littérature vu le jour sous la forme de ma mère. Le livre, c’était elle. La bibliothèque, c’était un constituant de sa personne. J’étais fascinée par ce rite qu’elle mettait en pratique chaque soir. Le silence qui l’enfermait, la concentration qu’elle y mettait et cette belle solitude qui l’enveloppait. Je fus rapidement intriguée par ce rituel. Je voulais également y participer. Je ressentais l’envie d’avoir moi aussi ma bulle de silence et de solitude.
2. Avais-tu un rituel de lecture enfant ou un livre marquant ? Et maintenant, as-tu un rituel de lecture?
Durant mon enfance, j’adorais lire à l’extérieur. J’avais cette drôle d’impression que dans la nature toutes les possibilités pouvaient s’enclencher. De cette manière, je n’étais pas restreinte à une pièce ou à un bâtiment, j’avais le monde comme terrain de jeu.
Aujourd’hui, la présence du crayon de plomb est de mise. J’adore annoter mes textes, et ce, peu importe si la lecture est scolaire ou personnelle. Je souligne beaucoup. Je prends des notes. J’y ajoute des astérisques ici et là. Finalement, je n’ai pas trop changé mon rituel: le livre est toujours mon terrain de jeu.
3. As-tu une routine d’écriture, des rituels ? Dans quel état d’esprit dois-tu être pour écrire?
Je dois avouer que je n’ai pas vraiment de routine d’écriture. Lorsque l’idée passe, je tente de la saisir au vol. En fait, il m’arrive souvent d’être dans une position inattendue lorsqu’une envie d’écriture me prend. Le métro est un de mes endroits de prédilection. C’est beaucoup en observant le genre humain que ma créativité littéraire se met en action. Mon esprit est vide. Je remarque un détail. Hop! J’en fais une nouvelle. Je suis une écrivaine sur le vif.
4. Quels sont les livres qui t’ont donné envie d’écrire ?
Les livres de Dany Laferrière m’ont définitivement donné ce désir de l’écriture. Lorsque j’ai découvert cet auteur, j’étais à l’école secondaire et mon besoin de m’exprimer se trouvait à son apogée. C’est donc dans ses grandes enjambées que j’ai tenté de suivre le pas. Je copiais son style. Je cherchais les aventures. Je voulais retrouver cette rencontre entre le masculin et le féminin.
5. Quel est le livre qui t’a le plus fait cheminer personnellement et pourquoi ?
Cette question est difficile. Selon l’époque de mon existence, plusieurs livres s’inscrivent dans cette catégorie. Après mûre réflexion, je dirais Les thanatonautes de Bernard Werber. Ma conception de la vie après la mort est constamment en changement, mais si j’avais à choisir, je choisirais sa théorie. La science-fiction n’a jamais été mon genre de prédilection en littérature, mais avec lui j’y ai cru.
Malgré ce qu’on pense de la crédibilité de ces propos, Bernard Werber présente ses théories de façon à ce qu’on y croit comme à une réalité. À travers ses personnages, j’ai vu et vécu l’acceptation de la différence, le non refoulement des fantasmes, le droit à l’abandon et la liberté de croire à l’invraisemblable. Grâce à son œuvre, je suis devenue une personne plus ouverte à l’étrange. J’ai nommé Les thanatonautes, mais il en va de plusieurs de ses romans dont Les fourmis, roman qui a particulièrement transformé mon approche au monde des insectes et à la vie sous toutes ses formes.
6. Si tu pouvais vivre dans un monde littéraire, ce serait ?
Définitivement celui d’Harry Potter. Le monde des Moldus m’est toujours apparu comme banal. Je n’y ai jamais trouvé ma place. Je serai toujours à la recherche de magie.
7. Quel livre relis-tu constamment sans même te tanner ?
La poésie de Charles Baudelaire. Il fut le premier à m’initier à l’art de la poésie et chaque fois que je retourne à sa rencontre, je fais de nouvelles découvertes. Après toutes ces années, il est encore d’actualité et c’est dans sa relecture que son œuvre se dévoile à nouveau. Il est un peu comme un puits sans fond.
8. Quel est ton mot préféré de la langue française ?
J’aime les adverbes. Ils ont un pouvoir absolu sur le contexte. Langoureusement est l’un des mots qui m’interpelle le plus, autant dans son signifiant que dans son signifié. Lorsque nous le lisons, nous avons ce goût de langueur jusque dans la gorge. Je pense que ce mot est en vie.
9. Quel livre aurais-tu aimé avoir écrit ?
La métaphysique des tubes d’Amélie Nothomb.
10. Si tu écrivais ta propre biographie, quel serait le titre ?
La fille de l’air.


