J’ai eu la chance de rencontrer Jacques Goldstyn au Salon du livre de Montréal en 2015 pour son livre «L’arbragan». Alors que j’attendais dans la file (qui consistait en mon ami et deux jeunes garçons), j’observais justement ce que les deux garçons allaient faire dédicacer. Parce qu’ils ne tenaient pas les romans graphiques de Goldstyn, non ils avaient en leur procession des revues des «Débrouillards»! Je ne savais même pas que ça existait encore, et quel est le lien entre Goldstyn et les «Débrouillards»? Et bien, c’est que la petite BD qui se trouve à l’intérieur est faite par celui-ci.
Une fois mon tour, j’ai constaté très rapidement quel personnage sympathique est Jacques Goldstyn. Ensemble, nous avons parlé des jeunes du primaire (moi travaillant dans ce domaine et lui cherchant des gants/mitaines pour son projet dont je vous parlerai plus bas). Cette conversation nous a emmené sur notre amour pour l’arrondissement de Verdun (et de sa librairie). À savoir que Jacques Goldstyn a vécu une partie de sa vie à Verdun, il m’a d’ailleurs appris qu’avant d’y avoir le McDonald il avait une école ! Bref, je m’égare. Reste que si vous croisez son passage, allez à sa rencontre, il sera heureux de vous faire la jasette !
Jacques Goldstyn a joué très fort pour son premier roman jeunesse avec la maison d’édition «La Pastèque». Le titre est très accrocheur, ce qui permet d’intriguer les jeunes lecteurs-trices, autant que les plus vieux. L’histoire est simple. Un jeune garçon entend son père crier le fameux mot (tabarnak) alors que celui-ci se blesse avec son marteau. Voilà qu’il court l’annoncer à ses amis. Ensemble ils tenteront de percer le mystère de l’origine de ce mot interdit. Monstre, maladie, guerre sont plusieurs théories qu’ils proposent. C’est alors que le curé apparaît et détruit l’imaginaire de ces pauvres petits et vient par la suite la vraie définition.
Jacques Goldstyn sait démontrer l’innocence d’un enfant. Déjà par les traits de crayons fins et rapides, il démontre une certaine fragilité. Ses dessins sont tout simplement charmants et très représentatifs de ce qu’il dégage. Un homme attentionné et sensible à l’enfance.
Malgré son titre accrocheur, «Le petit Tabarnak» n’est pas mon préféré de l’auteur.
C’est son deuxième roman graphique qui est de loin mon préféré, «L’arbragan». L’histoire vient plus me chercher et je sens que l’histoire est plus personnelle. En fait, il faut déjà savoir que Jacques Goldstyn est un amoureux de la nature. Ne soyez pas surpris-e de le croiser au jardin botanique, étant donné qu’il y travaille !
Tout commence par la perte d’un gant. Un petit garçon court alors à la recherche de son gant dans les objets perdus, mais impossible de le retrouver. Il décide donc d’en prendre deux dépareillés. Alors qu’il marche tranquillement dans sa ville, les jeunes du quartier rient de lui à cause de ses gants. En fait, il constate rapidement qu’il se sent très différent des autres, et pas seulement à cause de sa nouvelle paire de gants. Ce petit garçon est solitaire et son seul ami est un arbre qu’il surnomme Bertolt.
Plus haut, je vous disais qu’il cherchait des mitaines et des gants cet hiver. En fait, c’était pour créer son propre arbragan (un arbre dont les feuilles sont remplacées par des mitaines ou gants). Et il a réussi son projet (http://espacepourlavie.ca/blogue/l-arbragan-au-jardin-botanique). Nous pouvons ainsi dire qu’il était encore plus impliqué dans son roman, parce qu’il a fait comme son personnage, il a fait le tour des écoles pour pouvoir réchauffer cet arbre de ces gants.
Ce petit dernier de Goldstyn est bien différent des deux premiers, déjà parce qu’il n’est pas publié avec «La Pastèque» mais avec la maison d’éditions «Bayard Canada» et parce que nous n’y trouvons aucun mot. En fait, ce petit dernier de Goldstyn est dédié au blogueur prisonnier en Arabie saoudite, Raif Badawi. Le voilà porteur pour la liberté d’expression. Il nous montre comment les mots peuvent démontrer une grande importance dans la vie des gens.
L’histoire est plus politisée que ses deux autres romans. Ce roman graphique démontre surtout que l’auteur est un être engagé (le livre est également soutenu par Amnistie Internationale). Ce qui, à mon avis, rend cet homme encore plus remarquable. Il a réussi à réunir les enfants et ses engagements sociaux dans ce seul livre et cela sans un seul mot. Dans l’histoire nous voyons Raif seul dans sa cellule avec ses gardiens qui lui empêchent d’écrire quoi que ce soit. Cependant, cela n’empêche pas l’homme de recevoir des lettres qui proviennent de partout à travers le monde.
Trois petits livres de Goldstyn tout à fait charmants et qu’il faut apprendre à connaître.
Et il a de cela quelques semaines, «La pastèque» nous apprenait la sortie de son dernier livre : «Azadah» dont voici le résumé : «Au contact d’une photographe, une petite afghane constatera que le monde est vaste et que les possibilités sont infinies…» La date de parution n’est pas encore annoncée.
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